mardi 22 septembre 2009 par Le Nouveau Réveil

Ainsi donc, Laurent GBAGBO vient de se rendre à New York, à l`occasion de l`ouverture de l`Assemblée Générale de l`ONU ! La nouvelle de cette escapade est à peine croyable, si l`on songe à la masse de travail à accomplir à 9 semaines seulement de l`élection présidentielle en Côte d`Ivoire. L`information surprend, en effet, parce que l`on ne voit pas quel dossier important pourrait traiter à Manhattan notre refondateur en chef, alors que les Nations Unies disposent à Abidjan de toutes les structures pour connaître et relayer, en temps réels, les affaires concernant notre pays. Après avoir boudé et parfois vilipendé les Nations Unies pour n`avoir pas su arbitrer ses humeurs et surtout pour avoir refusé d`épouser la cause de la refondation, l`ONU s`est régulièrement trouvée confrontée avec les réactions ubuesques de cet homme aux comportements imprévisibles qui, aujourd`hui, fonce, ventre à terre, en direction de Manhattan pour s`aplatir devant Barak OBAMA. Souvenons-nous qu`au mois de septembre 2006, sous Kofi ANNAN, la crispation avec l`ONU avait atteint son paroxysme. Laurent GBAGBO, ayant malencontreusement jugé les Nations Unies partisanes, avait refusé de se rendre à New York pour une concertation avec les partis d`opposition. Seuls, Henri Konan BEDIE et Alassane OUATTARA avaient effectué le voyage. A la grande déconvenue de l`ONU. Les rapports avec la nouvelle direction des Nations Unies sont actuellement mi-figue, mi-raisin et souvent traversés par des incompréhensions nées des engagements non tenus de Laurent GBAGBO. Sa propension à ruser en échafaudant mille subterfuges pour abuser ses interlocuteurs afin de reporter les échéances électorales en Côte d`Ivoire et sa duplicité ont suscité circonspection et méfiance. L`incrédulité préside donc aux relations tumultueuses avec l`homme de la refondation. Il suffit, d`ailleurs, de parcourir la longue série de résolutions du Conseil de Sécurité de l`ONU consacrées à la situation en Côte d`Ivoire pour s`en convaincre. Le ton comminatoire de la dernière en date, N° 1880 (2009) du 30 juillet 2009 est, à cet égard, édifiant. A New York, dans "La Maison de verre ", c`est une banalité de dire que les relations de l`ONU avec la Côte d`Ivoire de la refondation ne sont pas empreintes de confiance. Tout comme il est de notoriété que la diplomatie ivoirienne sous Laurent GBAGBO est, pour dire le moins, abracadabrantesque. La Côte d`Ivoire isolée est devenue " infréquentable " et personne, sauf l`ONU, dans sa grande neutralité et dans ses obligations d`ordre protocolaire, ne songe à l`inviter aux rencontres significatives de notre temps. Le discrédit est donc grand et ne sera pas lavé de sitôt tant il est profond. Laurent GBAGBO ne peut, en effet, méconnaître qu`à travers l`ONU, l`humanité a pris conscience de son unité et que toutes les exactions infligées aux Ivoiriens, les tueries au cours des neuf dernières années ont été ressenties partout ailleurs avec une résonance amplifiée. En témoignent, les innombrables résolutions du Conseil de Sécurité qui garnissent les dossiers des diplomates. Ceux-ci n`ignorent rien de la mauvaise gouvernance des refondateurs et de la tragédie infligée à la Côte d`Ivoire et aux Ivoiriens. Ils sont au c?ur de l`histoire du monde et en connaissent tous les frémissements. Surtout qu`à l`ONU, notre pays, naguère apprécié et sollicité, avait, par la compétence des envoyés issus des gouvernements PDCI-RDA, connu ses heures de gloire en y écrivant les plus belles pages de notre diplomatie. C`est donc en ces lieux où nos malheurs actuels sont méticuleusement répertoriés que Laurent GBAGBO, l`historien, pourra se délecter des sources inestimables d`information qui seront mises à sa disposition. Si le c?ur lui en dit, il pourra, par exemple, passer en revue les faits tragiques qui jalonnent son parcours sanglant à la tête de l`Etat de Côte d`Ivoire depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2000. Il pourra, également, s`enthousiasmer à la lecture des rapports des missions ordonnées par le Conseil de Sécurité sur les charniers de Yopougon, d`Abobo, de Guitrozon, Ndotré et autres lieux de douleurs et d`épouvantes. Sans omettre de s`imprégner du volumineux rapport sur les tueries des 25, 26, 27 mars 2004 qui hantent encore la mémoire collective des Ivoiriens. De plus, il lui sera loisible de prendre connaissance du résultat des enquêtes sur l`importation en Côte d`Ivoire des déchets toxiques qui ont fait tant de morts et qui continuent de tuer, dans l`indifférence coupable du pouvoir FPI. Tout cela est bien sanglé dans les dossiers à l`ONU. La commission des droits de l`homme dont c`est la mission d`assurer un suivi des violations des droits humains dans le monde, sera en mesure de lui faire un état des lieux circonstancié en précisant la nature des sanctions infligées à certains des affidés du FPI qui, dans leurs basses ?uvres, se sont montrés particulièrement zélés. Au point de ne plus être autorisés à quitter le territoire ivoirien ! Triste sort que celui de ces prisonniers de la communauté internationale marqués à l`encre indélébile des criminels internationaux. Sûrement, Laurent GBAGBO voudra profiter de son séjour pour tenter de faire lever ces sanctions en évoquant la burlesque " caravane de la paix " initiée par Blé GOUDE. Tout le monde sait que désireux de se donner une virginité, le " patriote " aux mains sales, a inventé cet artifice pour tromper en exaltant cette paix qu`il a tant contribué à compromettre dans notre pays. On le voit qui avance à pas de loup. Il ignore que même recouvert de la peau d`un agneau dans sa caravane de la paix, le loup se sent à mille lieues à la ronde ! Ce sera donc peine perdue pour Laurent GBAGBO. L`ONU est attentive à tout et ne néglige pas d`écouter tout le monde. Elle aura une oreille attentive, polie, mais ne tiendra aucun compte du plaidoyer de Laurent GBAGBO. Quel crédit est-il possible d`accorder à la plaidoirie d`un homme impliqué lui-même dans les manquements graves aux droits de l`homme et que seul l`exercice de ses fonctions actuelles de chef d`Etat met à l`abri des sanctions internationales ?
Mais, à l`analyse, la logique de Laurent GBAGBO est bien éloignée du sort de Blé GOUDE. En réalité, il n`en a cure. D`ailleurs, celui-ci apprendra vite, si ce n`est déjà fait, que les " patriotes " de son acabit peuplent les cimetières, oubliés par leurs commanditaires égocentriques et pervers.
En effet, Laurent GBAGBO ne va pas à l`ONU pour Blé GOUDE, mais pour faire la photo avec Barak OBAMA ! Tel est l`objet de cette équipée à New York et sa motivation essentielle. Fraternité-Matin l`annonce déjà, sur cinq colonnes à la une : Laurent GBAGBO et Barak OBAMA vont déjeuner ensemble, sans préciser le type de déjeuner. Mais l`effet d`annonce suffit pour exalter la fierté des refondateurs en panne de notoriété. Il suffit pour nous de savoir qu`à l`ouverture de l`Assemblée Générale, le Secrétaire Général de l`ONU sacrifie à une tradition en offrant, chaque année, un déjeuner à tous les chefs d`Etat présents, sans distinction aucune. Faire croire aux Ivoiriens que Laurent GBAGBO va déjeuner avec Barak OBAMA est donc une présomption. Ce ne sera sûrement pas à la même table. Véritable star mondiale, le Président américain est d`ailleurs venu récemment en Afrique sans daigner faire le moindre clin d`?il à une Côte d`Ivoire, naguère enviée, souvent courtisée mais aujourd`hui, mise au ban des nations. Que l`on se souvienne que nul n`aurait ignoré le pays de Félix HOUPHOUET-BOIGNY et d`Henri Konan BEDIE dans une tournée en Afrique de portée politique. Mais qu`à cela ne tienne : puisque Barak OBAMA n`a pas daigné venir en Côte d`Ivoire pour saluer le refondateur en chef, c`est à l`ONU, en zone extraterritoriale, qu`il faudra aller pour le rencontrer. L`ouverture, cette semaine, de l`Assemblée Générale en donne l`occasion. Et Laurent GBAGBO jouera des coudes pour faire la photo tant convoitée avec l`hôte de la Maison Blanche. Cela s`appelle faire de l`entrisme, forcer les portes, s`infiltrer là où on n`est pas attendu. C`est l`apanage des importuns et autres adeptes des mondanités internationales. Sachons qu`habituellement, les Chefs d`Etat qui se rendent à l`ouverture de l`Assemblée Générale de l`ONU sont accueillis dans une salle particulière et échangent quelques instants entre eux avant le premier discours qui, traditionnellement, est délivré par le Président des Etats Unis. Cette année, ce sera la première Assemblée Générale de Barak OBAMA. Laurent GBAGBO ne pouvait manquer une telle occasion de rencontre.
Il attendra ces instants privilégiés pour serrer la main précieuse de l`icône américaine. Les photos tant désirées seront faites pour immortaliser l`évènement, puis seront relayées par la RTI, Fraternité-Matin, Notre Voie et autres médias " refondés " sous un déluge de commentaires louangeurs déversés en boucle pour exalter l`exploit. Alors les trompettes de Jéricho pourront sonner !
Je ne vois pas quelle fierté, nous les Ivoiriens pouvons tirer de la posture d`un chef d`Etat en délicatesse avec ses homologues, partout dans le monde et qui, isolé, est réduit à faire de l`entrisme pour une photographie. Nous n`avons pas encore oublié la cour éperdue de Laurent GBAGBO pour rencontrer Nicolas SARKOZY. Celui-ci jouant à cache-cache, avait fait savoir avec insistance qu`il n`était pas disposé à discuter avec lui tant que les élections en Côte d`Ivoire n`auraient pas lieu. Mais c`était mal connaître le roué. Au détour d`une conférence, tel un amoureux éconduit, Laurent GBAGBO avait coincé le chef de l`Etat français pour lui voler une photo. Notre Voie et Fraternité-Matin en avaient fait des gorges chaudes.
Pendant combien de temps encore durera cette comédie ? Pendant combien de temps encore nous faudra-t-il supporter de telles humiliations ?
En attendant, c`est l`argent des contribuables ivoiriens qui va être englouti dans cette opération-photo à Manhattan, des centaines de milliers, sinon des millions de dollars pour satisfaire le caprice d`un pouvoir éperdu, isolé et rejeté à l`intérieur comme à l`extérieur et si éloigné des problèmes des Ivoiriens dont plus de 50% vivent dans la pauvreté extrême et qui ne parviennent pas à faire plus d`un repas par jour.
Sacrés refondateurs !
Abidjan, le 21 septembre 2009
Magloire Y. NGUESSAN
PHD en Droit des Affaires et des Relations Internationales.

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