jeudi 10 septembre 2009 par Le Temps

Le président de l'Organisation des journalistes professionnels de Côte d'Ivoire, Pascal Brou Aka, dans cet entretien, parle de ses grands chantiers, de ses relations avec l'Unjci, de sa vision du meilleur journaliste etc.

Pourquoi l'Ojpci quand on sait que l'Unjci existe déjà ?
Avoir deux ou trois associations n'est pas seulement propre au milieu journalistique. Quand vous regardez dans le champ politique, il existe plusieurs partis. Il en de même au niveau des syndicats. C'est vous dire que l'Organisation des journalistes professionnels de Côte d'Ivoire (Ojpc), n'est pas de trop. Elle vise un but primordial, celui de mettre l'accent sur la formation, sur la solidarité entre les journalistes et également, d'apporter un vent nouveau dans la célébration des meilleurs de notre corporation. C'est cela notre vision. Depuis la création de l'Unjci, nous avons constaté que cette vision n'est pas privilégiée. C'est pourquoi, l'Ojpc a vu le jour.

D'aucuns disent que c'est parce que vous êtes un groupe de frustrés, qui n'êtes pas dans les bonnes grâces du Bureau de l'Unjci, que vous avez initié l'Ojpci. Qu'en dites-vous ?
La création de l'Ojpci n'est la résultante d'aucune frustration. Dans la vie d'une association, il est bon de s'arrêter, de temps en temps, pour faire un bilan pour évaluer ce qui a été fait et entrevoir ce qui reste à faire. Si ce que je viens de vous dire avait été pris en compte, nous n'aurions pas créé l'Ojpci.

Quels sont les grands traits de votre programme ?
Comme je l'ai brossé sommairement il y a peu, notre programme s'articule autour de la formation. Les journalistes veulent, aujourd'hui, plus de formation et de solidarité. Ce sont deux points importants. C'est d'ailleurs ce pourquoi lors de notre Congrès constitutif, tous les messages y ont mis l'accent. Le 26 septembre prochain, nous irons en ateliers à Grand-Bassam pour définir les grandes orientations de notre politique. Et dans ces orientations, la formation et le volet social occuperont une place importante.

Mais il n'y a pas que la formation
Vous savez qu'à la faveur de ce qu'on a appelé le printemps de la presse, beaucoup sont les jeunes qui s'y sont engagés sans la moindre formation. Il y a aussi le fait que ceux qui sont en activité sont dépassés. D'où le réel besoin d'information. Les jeunes veulent être formés et nous allons leur donner cette possibilité-là. Les anciens ont besoin d'être recyclés. Il y a aussi une forte demande au niveau du social. Aujourd'hui, il y a des journalistes qui n'arrivent pas à se loger décemment et à se soigner, il y en a qui sont à la retraiteD'où la nécessité de la création d'une mutuelle digne de ce nom pour soulager les journalistes à ces niveaux-là. Nous avons également lancé l'opération " un journaliste, un toit ". Nous savons que ça ne sera pas de tout repos. Mais avec la volonté des uns et des autres, nous y parviendrons au bout de deux ou trois ans.

Les journalistes, dans leur majorité, ne sont pas bien rémunérés dans leurs rédactions respectives, ne sont pas payés selon la convention collective. Qu'entendez-vous faire pour y remédier?
C'est une grande préoccupation. Moi, je suis dans le métier depuis 30 ans ; j'en sais quelque chose. Néanmoins, nous ne disons pas qu'avec notre arrivée, les salaires des journalistes seront multipliés par deux ou par trois. Il y a déjà des organisations qui sont en place, qui se battent aux côtés des patrons de presse pour cela. Nous allons nous joindre à elles pour, ensemble, nous battre pour que les choses changent.

Pourquoi est-ce que c'est à Grand-Bassam que vous allez former votre Bureau ?
L'Ojpci était en gestation depuis plusieurs années. Nous avions tenu notre congrès le 29 août. Et si nous attendons à peu près un mois, c'est-à-dire le 26 septembre pour former le bureau, je pense que ce n'est pas une éternité. Nous avons déjà une idée de ce que nous voulons. Mais à Bassam, avec les camarades, nous allons nous rencontrer pour tracer les sillons de nos chantiers. Nous savons où nous allons et nous allons y arriver.

Quelle serait votre réaction si l'Unjci vous tendait la main pour une fusion ?
De toutes les façons, la main est déjà tendue. Criwa Zéli, et même Amos Béonaho et moi, nous nous entendons bien. Nous sommes tous journalistes. Nous nous côtoyons bien. Criwa et moi avions échangé au téléphone, il y a quelques jours. La création de l'Ojpc ne signifie pas la rupture des liens d'amitié et de fraternité. Nous sommes ensemble et nous nous battons pour la même cause. Il n'y a aucune animosité entre nous.

Doit-on s'attendre à un Ebony bis ?
Non, je ne parlerai pas d'Ebony bis. Mais il y aura une soirée dédiée à l'excellence. Ce sera une soirée qui permettra de récompenser les meilleurs d'entre nous sur des critères complètement différents de ceux à quoi nous avons eu droit jusqu'à présent. C'est vous dire qu'il n'y aura pas un Ebony bis, mais plutôt une soirée de l'excellence.

Vous parlez de critères complètement différents. Qu'en sera-t-il exactement ?
La première grande différence par rapport à ce qui existe, c'est qu'il y aura un jury permanent. Qui sera composé de journalistes chevronnés qui va observer tous les journalistes sur une longue période. Deuxièmement, aucun journaliste ne fera acte de candidature en se présentant avec un dossier. Tous les grands genres, à savoir le reportage, l'interview, l'enquête, le portrait seront pris en compte. Les journalistes en question y veilleront pendant une longue période. C'est à la fin de cette longue période qui peut atteindre un an que le jury désignera les meilleurs.

Quel appel lancez-vous à l'endroit de toute la presse ivoirienne ?
Je voudrais dire aux journalistes que l'Ojpci est désormais une réalité. Elle est sur le terrain. Elle n'est pas venue pour balayer tout d'un revers de la main. Il y a des choses qui ont été faites mais nous estimons qu'il y a des priorités qui n'ont pas été prises en compte. C'est pour cela que nous sommes venus. Nous sommes là pour tous les journalistes. Nous allons travailler avec tous les journalistes et non pas seulement pour les membres de l'Ojpci. Nous ne réclamerons pas seulement la carte de l'Ojpci, mais la carte de journaliste professionnel.
Nous demandons à tous les journalistes d'adhérer à l'Ojpci parce que nous avons beaucoup de défis à relever pour le bien-être de notre corporation.

Cela voudrait-il dire que vous prendrez en compte les membres de l'Unjci ?
Nous sommes tous des journalistes. Nous n'allons pas fermer les portes de l'Ojpci aux autres . S'il y a une action qui va dans le sens de l'amélioration de nos conditions de vie et qu'un journaliste d'une autre association veut venir, nous n'allons pas l'empêcher.

Interview réalisée par
Eugène Djabia
djabia05664285@yahoo.fr

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