mercredi 9 septembre 2009 par Le Temps

Le jardin public du plateau est en pleine déliquescence. Le manque d'entretien et le désordre qui règne en ce lieu, lui ont ôté tout prestige. Les nostalgiques abidjanais sont furieux de voir leur "jardin", se transformer en lieu de passe, la nuit tombée. Le constat est amer et les jardiniers chargés de l'entretien de leur cité sont tous unanimes à le dire. Haroun est vendeur de cassettes et Cd vidéo. Il passe le plus clair de son temps en cet endroit et n'apprécie pas du tout que le jardin public se transforme en lieu de passe pour les amoureux. Chaque matin explique-t-il, il vient constater que, la table qui lui sert de support de vente est constamment déplacée. Il trouve donc sur cette table des choses qui justifient ce qui s'est passé la nuit. " Je suis un croyant. Alors, quand je viens trouver des choses bizarres sur ma table, je me confie à Dieu et je les balaie ", confie-t-il. Le chef d'équipe trouvé sur le lieu le mercredi dernier, est formel. " Effectivement, le jardin Briand (Jardin Briand est le nom donné au jardin public du Plateau par le district d'Abidjan) se meurt", déplore-t-il. Il a du mal à nous expliquer les raisons pour lesquelles tous les rapports qu'il a eu à faire à ses chefs hiérarchiques sont restés sans suite.
Des gens défèquent la nuit dans le jardin
Je travaille ici avec six agents. Chaque matin, je fais l'effort de rendre l'endroit propre. Mais, à partir de midi, il est impossible pour moi de faire quoi que ce soit", soutient Roger Goré, le chef d'équipe d'entretien. L'amertume de Roger est grande. Lorsque son équipe arrive le matin sur les lieux, elle doit faire face à l'enlèvement des détritus. Parce que, des gens sans scrupules viennent déféquer la nuit dans le jardin. " C'est cruel et en même temps abominable ", déplore-t-il. Il nous fait comprendre que les clients du night club situé dans les environs du jardin public sont à l'origine de son malheur. " Au début, nous explique-t-il, les gardiens qui veillent, jettent un coup d'?il sur le jardin. Ils donnent en quelque sorte, un coup de main en veillant sur la propreté ". Mais, il se demande maintenant les raisons pour lesquelles ils ne font plus attention au jardin public. Il déplore aussi le fait que dès 12 heures, le jardin soit envahi par de nombreuses personnes. " A ces heures, soutient-il, le travail devient très pénible. Son équipe ne peut plus assurer convenablement la surveillance. Il y a toutes sortes de marchands et de vendeurs d'illusions, qui viennent proposer leurs services et savoir faire aux badauds ". En pleine journée fait-il remarquer, des personnes tentent de déféquer à visage découvert derrière les plantes. " C'est tout simplement criminel et inadmissible ", indique-t-il. Le second volet de la frustration concerne les urinoirs. La gérance est assurée par des volontaires qui, eux-mêmes prennent en charge l'achat des produits sanitaires. Pour se soulager, il faut payer 25 Fcfa. Le chef d'équipe explique que cette somme permet à ceux-ci de se payer et en même temps d'assurer la propreté du site. Malgré l'existence des latrines publiques, les badauds persistent à vouloir déféquer en plein air. Lorsque vous entrez dans le jardin par le côté où sont installés les joueurs de Pmu, vous voyez du côté gauche, un tas de déchets.
Un dépotoir à ciel ouvert
C'est là que les ordures des deux jardins sont entassées et incinérées. L'odeur dégagée par la brûlure de ces déchets est suffocante et très nauséabonde. Les allées de ce jardin sont jonchées de sachets d'eau et d'autres emballages. On peut aussi découvrir si l'on s'y hasarde à faire une petite promenade, des tas d'immondices voire des grappes de détritus, échelonnées çà et là. Pis, le gazon qui autrefois faisait la fierté et surtout la beauté de ce jardin Briand est en voie de disparition. Les plantes, elles aussi ont pris un coup de chaleur. Elles ont atteint leur point de flétrissement. Je suis impuissant. Regardez vous-même ce qui se passe. Je n'ai même pas de tuyau pour arroser les gazons et les fleurs. Comble de malheur, on m'a suspendu l'eau. Il n'y a donc plus rien ici pour entretenir la verdure", déplore M. Roger Goré. La clôture, vue de l'extérieur, présente un beau visage. Mais, la façade avant du côté de la grande voie commence à se détériorer. L'angle de cette clôture qui débouche sur la rue des Pmu est complètement détruit. Les jardiniers ont bouché le trou avec des palmes. L'endroit ce côté-ci présente un aspect trop quelconque et n'est pas beau à voir. A cela, s'ajoute la ronde des prédicateurs qui se relayent pour se faire valoir. Pis, un kiosque est installé au sein de ce jardin pour vendre des cassettes de Cd Vidéo. Le jardin Briand de Plateau a perdu de sa superbe. Finis les bons moments passés sous les arbres ombrageux soit, pour un rendez-vous, soit pour se reposer tout simplement en attendant la reprise du service. Aujourd'hui, le bruit a remplacé les heures de détente et de complicité pour les amoureux. Il ne fait plus bon vivre dans cet endroit. La mauvaise odeur aidant, les amoureux ont déserté les lieux. Le jardin aujourd'hui, est devenu le dortoir des badauds. " C'est le problème que j'ai avec ces gens-là. Ils viennent passer la nuit ici à la belle étoile, et ils font tout ce qu'ils veulent sur place. Ils salissent les lieux et défèquent sur place. Je n'en peux plus ", déplore Roger Goré.
Jean-Baptiste Essis
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