vendredi 4 septembre 2009 par Notre Voie

Ali Ben Bongo succède comme prévu à son défunt père Omar Bongo qui a régné sur le Gabon pendant 42 ans. Selon les résultats proclamés hier dans la matinée par le ministre Jean-François Ndongou, Ali Bongo a obtenu 41,73 % des suffrages lors du vote à un seul tour de dimanche dernier. Le fils d`Omar Bongo, a selon ces résultats, nettement battu ses deux principaux adversaires, André Mba Obame (25,88 %) et Pierre Mamboundou (25,22 %). Il n'en fallait pas plus pour que des partisans de l`opposant Pierre Mamboundou attaquent la prison de Port-Gentil, la deuxième ville du Gabon et libèrent les prisonniers avant de se diriger selon l'AFP vers le centre ville où des barricades ont été dressées. Par ailleurs, ils se sont attaqués aussi aux installations du groupe pétrolier français Total et ont incendié le consulat de la France dans cette ville où vivent environ 2500 français. Interrogé par France 24h, un des porte- parole du président élu Ali Bongo a assuré qu'aucun cheveu d'un français ne sera touché. La France qui est prise à parti pour la énième fois après une élection en Afrique francophone, a appelé au calme et recommande à ses ressortissants de "rester chez eux", a déclaré à l`AFP le secrétaire d`Etat à la Coopération Alain Joyandet. De son côté le candidat élu a promis d`être le président de tous les Gabonais dans un discours prononcé peu après l`annonce de sa victoire. Dans la capitale Libreville, au moment où nous mettions sous presse, aucune manifestation n'avait encore été signalée après l'annonce du résultat définitif. Toutefois, l'armée a dispersé hier tôt le matin, les manifestants, dont des candidats à la présidentielle gabonaise, qui attendaient depuis la veille devant les locaux de la commission électorale, à Libreville, l'annonce des résultats. L'armée a chargé et lancé des grenades lacrymogènes sur les candidats et sur la foule qui attendaient pacifiquement l'annonce des résultats. Les leaders politiques, dont Pierre Mamboundou et André Mba Obame, deux des trois candidats qui revendiquent la victoire contre Ali Bongo, investi par le parti au pouvoir, ont été pris dans la bousculade, a affirmé un conseiller de M. Mamboundou dont les propos ont été rapportés par l'AFP. Cette foule avait veillé devant le siège de la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) pour conjurer selon M. Mamboundou, la rumeur selon laquelle le parti au pouvoir était en train de transformer les résultats des urnes au profit d'Ali Bongo. Cette situation était prévisible dans la mesure où depuis l'acte de vote qui a eu lieu le dimanche dernier, les trois candidats cités ci-dessus revendiquaient chacun la victoire sur la base des procès verbaux qui ont sanctionné le dépouillement dans les bureaux de vote. La bataille des Procès verbaux En effet, alors que les gabonais attendaient crispés devant leur écran la publication des résultats par le ministre de l'intérieur à la commission électorale, la première chaîne de télévision publique gabonaise a interrompu dans la nuit de mercredi à jeudi, la diffusion d'un film pour annoncer que les résultats de l`élection présidentielle ne pouvaient toujours pas être rendus publics. Pourquoi ? Une certaine difficulté à s`accorder sur la procédure de validation des résultats , répond le magistrat René Aboghé Ella, président de Cenap. En réalité, il s'agit d'une bataille épique que se livrent les représentants de l'opposition et les autres membres de la commission. Pour l'opposition, il faut que les procès-verbaux de vote soient vérifiés et validés par la plénière. D'autant plus qu'elle est convaincue de détenir des procès-verbaux qui démentent la victoire revendiquée par Ali Bongo. Dans l'esprit de l'opposition, la réunion plénière de la Cenap devait être consacrée à la confrontation de ces documents et à la validation de leur authenticité. C`est apparemment ce qu`a refusé le président de cette institution. Par contre, le président de la Cenap pense que le rôle de sa structure est de simplement centraliser et de compiler les résultats. Et qu'il appartenait à la Cour constitutionnelle chargée du contentieux électoral de valider les procès-verbaux. Mais le magistrat avait menacé : Si nous ne trouvons pas de terrain d`entente, nous ferons jouer les dispositions qui permettent au bureau de trancher la question. Il s'agit du bureau de la Cenap où le pouvoir gabonais est majoritaire. Ce qui a été finalement fait. Par ailleurs, l`opposition accuse le pouvoir d`avoir gonflé la participation dans les provinces favorables à son candidat et de l`avoir minorée ailleurs, notamment grâce à des listes électorales surdimensionnées et fantaisistes, rapporte le journal le Monde. C'est le prolongement de cette bataille juridique qui se fait voir dans les rues de Port-Gentil et de Libreville.

Coulibaly Zié Oumar

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