vendredi 4 septembre 2009 par Notre Voie

A moins de trois mois de la présidentielle, Alassane Ouattara semble avoir opté pour les attitudes provocatrices. En témoignent, ses déclarations au sujet de la nomination du président du Conseil constitutionnel. A peine est-il rentré qu'il engage déjà une polémique inutile. Alassane Dramane Ouattara, président du Rassemblement des républicains (RDR), de retour de France le mercredi dernier, a regretté que le président Gbagbo ne l'ait pas consulté avant de nommer le professeur Paul Yao N'Dré à la présidence du Conseil constitutionnel. Je pense qu'il aurait pu nous consulter, au moins les principaux acteurs dans un sens de consensus, au moins avant de nommer Paul Yao N'Dré. Ceci n'a pas été le cas, je trouve que c'est dommage. La démarche aurait été bonne si le président Bédié, le Premier ministre Soro et moi-même avions été contactés par le président, tout simplement par courtoisie, à titre d'information, rapporte Fraternité Matin d'hier, citant Alassane Ouattara. Pourquoi le président du RDR estime-t-il que seuls lui et quelques personnes auraient dû être consultés et pas le peuple dans son ensemble ? Pourquoi ne cite-t-il pas Francis Wodié, Albert Mabri Toikeusse, Innocent Anaky Kobena, Mel Eg Théodore et bien d'autres ? Pourquoi ne demanderait-il pas au président Gbagbo d'engager des consultations à l'échelle nationale afin de recueillir l'avis de ses concitoyens sur la nomination de Paul Yao N'Dré ? Au fond, la déclaration du président du RDR traduit ce qui a toujours été son état d'esprit. A savoir qu'il n'arrive pas à se faire à l'idée que le président de la Côte d'Ivoire s'appelle bel et bien Laurent Gbagbo. Et qu'à ce titre, Laurent Gbagbo jouit des prérogatives constitutionnelles qui ne l'obligent pas à consulter qui que ce soit avant de nommer les membres du Conseil constitutionnel et plus particulièrement son président. Alassane Dramane Ouattara vit dans l'illusion que la Côte d'Ivoire est dirigée par un quatuor constitué par Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et lui. Evidemment, la situation de guerre que vit la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002 et les différents accords ont pu faire croire à certains que la Côte d'Ivoire n'avait pas de dirigeants. Et pourtant, en sept ans de dénigrements de toutes sortes, Alassane D. Ouattara aurait dû comprendre que le pouvoir en Côte d'Ivoire n'est pas dans la rue. L'autorité légale est bel et bien incarnée par Laurent Gbagbo qui délègue une partie de ses prérogatives à son Premier ministre Guillaume Soro. La Constitution précise les domaines où le président de la République doit nécessairement consulter certaines institutions avant d'agir. En plus, aucune disposition constitutionnelle n'oblige le président à requérir l'avis de ses opposants. Mais comme Alassane Ouattara parle de courtoisie, il sait bien que ce n'est pas à Laurent Gbagbo qu'il devrait faire la leçon. Ouattara lui-même n'a-t-il pas récemment avoué, après sa chute au stade de Gagnoa, que le président Gbagbo lui a conseillé, la veille, de se reposer parce qu'il le sentait faible ? Le même Gbagbo ne l'a-t-il pas appelé pour le soutenir après sa chute ? Alors que lui-même n'avait pas éprouvé le besoin d'aller le saluer quand il l'avait trouvé à Gagnoa. Finalement, il apparaît clairement que M. Ouattara que tous les sondages donnent perdant au premier tour de la présidentielle du 29 novembre a décidé de reprendre le flambeau de la rébellion contre l'autorité de l'Etat. Il compte ainsi remobiliser autour de lui, les ultras de son camp qui lui reprochent de ne pas être suffisamment dur avec Laurent Gbagbo. Mais cela suffira-t-il à lui faire remonter la pente ? A moins de trois mois du scrutin, Ouattara semble avoir engagé une course contre la montre.

Augustin Kouyo

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