jeudi 3 septembre 2009 par L'expression

Ancien député de Sandégué, Ouattara Sita dirige depuis 2005 l'Ong Botougoni qui s'est fixé pour objectif de relever le taux de scolarisation dans la région du Zanzan. Elle explique dans cette interview les difficultés rencontrées sur le terrain.

Quels sont les domaines d'activités de votre Ong ?

Nous sensibilisons nos parents à mettre à l'école les enfants et à les y maintenir. Il ne s'agit pas seulement de mettre à l'école son enfant, il faut aussi veiller à le maintenir. Nous faisons des tournées dans les villages et dans les écoles pour expliquer aux parents la nécessité de l'école. Nous discutons avec les populations pour comprendre leurs difficultés. Voir dans quelle mesure nous pouvons apporter notre soutien.

Pourquoi le taux de scolarisation reste faible à Sandégué ?

Dans certaines écoles du département, il n'y a pas d'enseignants. D'autres villages n'ont pas d'écoles. Les enfants les plus courageux marchent plusieurs kilomètres pour se rendre à l'école du village voisin. Dans ces endroits, il est important de créer une école. A Sandégué, les structures familiales ne favorisent pas l'épanouissement des enfants. Les conjoints d'un même foyer n'habitent pas ensemble. Les enfants sont donc partagés entre le domicile du père et celui de la mère. Au final, tout se repose sur la mère toute seule. Le père qui habite ailleurs n'arrive pas à suivre son enfant et s'implique très peu dans son éducation. Tout cela est intensifié par l'absence de personnalités de référence pouvant servir de modèle aux parents qui hésitent encore à mettre à l'école leurs enfants.

Qu'est-ce que votre Ong a fait pour remédier à cette situation ?

En 2006, j'ai offert 100 tables bancs au collège municipal de Sandégué et des fournitures scolaires à l'inspection primaire. En 2008, avec l'Unicef, nous avons mené plusieurs tournées de sensibilisation en faveur de la scolarisation des tout petits. C'est ainsi que nous avons sauvé les études d'un élève affecté au Lycée moderne d'Abobo menacé d'expulsion pour la simple raison que ses parents n'avaient pas les moyens d'assurer sa scolarité. Nous avons pu aider cet élève avec le soutien du sous-préfet. Dans un autre village, une brillante écolière a été retirée de l'école par son père parce qu'il s'agit d'une fille. Nous sommes intervenues pour permettre à cette jeune fille d'aller à l'école. Pour encourager les parents d'élèves, nous avons institué un prix pour les mères des quatre écolières les plus brillantes du collège. Chacune des mères a reçu un complet de pagnes.

Sandégué est pourvoyeuse de fille de ménage. Comment peut-on réduire ce phénomène ?

A Sandégué, nous sommes en majorité musulmans. Les pesanteurs coutumières continuent de peser sur nous. Dans notre tradition, la fille est juste bonne pour le mariage. Du moins, c'est l'avis de nos parents. Les populations ne sont toujours pas favorables à la scolarisation des jeunes filles. Ces dernières choisissent de se rendre à Abidjan pour exercer le métier de bonne pour préparer leur mariage. Elles se servent de leurs salaires pour s'acheter des ustensiles de cuisine et des pagnes. Il ne suffit pas de dire à ces jeunes filles de ne pas se rendre à Abidjan ou dans une autre métropole du pays pour exercer le métier de bonne. Il faut leur trouver quelque chose à faire. C'est pour cela que nous voulons initier le projet champ école pour la culture de produits vivriers. Ce qui leur permettra de se prendre en charge.

Parlez-nous du prix du ministère de l'Education nationale que vous venez de recevoir ?

J'ai été élevée au grade de chancelier de l'ordre du mérite du ministère de l'Education nationale pour mes efforts en faveur de la scolarisation de la jeune fille dans le Zanzan.

Jacques Anderson

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