mardi 1 septembre 2009 par Le Temps

Les convulsions qui se sont emparées de l`opposition suite au sondage de Sofres ont de quoi inquiéter tous ceux qui ont misé sur les élections comme la panacée pour le retour définitif de la paix dans notre pays.

Les commentaires des représentants de certaines organisations politiques augurent des lendemains terrifiants des rues rougies de sang et des poètes des décomptes macabres. De sinistres signaux révèlent la détermination de certains candidats à instaurer le chaos si jamais leur rêve fou de jouir des délices du pouvoir n`est pas assouvi. Le patron de la rue Lépic, par une sombre ironie, a affirmé que les résultats du sondage de Sofres étaient amusants. Gnamien Konan, le très compétent et inimitable ex-Dg de la douane, a déclaré que ce sondage n`était ni plus ni moins qu`une abjecte injure faite au peuple ivoirien. Hkb, quant à lui, par un raccourci arithmétique, a conclu que la somme des scores attribués au Rdr et au Pdci présage le triomphe indubitable du Rhdp. Il ressort de ces différentes réflexions, que les partis de l`opposition ne sont aucunement disposés à s`accommoder d`une éventuelle défaite de leurs candidats, encore moins de la victoire de leur " ennemi " commun. L`opposition politique ivoirienne, en somme, ne s`attend à aucun autre résultat à l`issue de l`élection présidentielle que d`être victorieuse. Malheureusement, cet optimisme est fondé sur le sempiternel refrain désespérant : le Rhdp a la majorité sociologique (qu`elle identifie maladroitement à la majorité ethnique). Le candidat du Pdci mise sur " les Akan, qui à eux seuls font 40% de la population " selon les observations de l`un des leurs. Le candidat du Rdr parie sur la population nordiste et musulmane qui ferait plus du tiers de la population ivoirienne. Finalement, avec la part des autres partis tels que le Mfa, l`Udpci, le Pit et autres petits partis, il ne resterait au Fpi qu`une pitoyable estimation qui n`atteindrait même pas 15%. C`est d`ailleurs ce qui se dégage d`une carte d`une pseudo-configuration politique publiée par les " journaux verts " et distribuées dans les états-majors de l`opposition. Hé oui, l`opposition, même dans ses cauchemars les plus invraisemblables, ne prévoie pas une quelconque victoire du parti au pouvoir. C`est dire que nous avons des raisons de nous faire du mauvais sang. Les germes d`un conflit sanglant sont, de ce fait, insidieusement jetés dans les esprits dans l`intention de les fanatiser. Il est quand même pathétique que des raisonnements d`hommes politiques de notre époque, ignorant le sens réel de "la majorité sociologique", continuent de s`appuyer sur des arguments ethniques ou religieux. Comment peut-on continuer de croire qu`il existe encore dans ce pays, des citoyens de certaines régions fatalement attachés à des pieux et condamnés à assumer un abject destin de bétail électoral ? Mais... Obama n`avait pas la majorité raciale et pourtant il a remporté l`élection présidentielle aux Usa. Le monde évolue et la Côte d'Ivoire avec Le flot des prophéties de l`opposition vise simplement à intoxiquer leurs militants et surtout la communauté internationale pour préparer les esprits à d`éventuelles contestations post-électorales. Elle (l`opposition) n`hésitera pas à semer le chaos que de voir le candidat du Fpi garder le très convoité fauteuil présidentiel. Il est pourtant plus aisé d`envisager la victoire de Laurent Gbagbo que celle de l`opposition. Des raisons objectives montrent clairement les chances du candidat du Fpi de sortir vainqueur de l`élection présidentielle. Un pays comme le nôtre qui sort d`une guerre pour des raisons que tout le monde sait, a besoin d`être dirigé par un homme qui réunit des atouts comme l`intelligence, le courage et le patriotisme. Face à une France insatiable et sangsue, ces atouts sont le minimum que notre futur président doit réunir. Alors question : quel est le candidat qui répond objectivement à ce profil ? La réponse saute aux yeux pour tous ! Nous n`avons pas le droit de confier notre pays à des poltrons, à des politiciens déficients et surtout à des hommes qui manifestent peu d`attachement à notre nation. Nous connaissons le passé de chacun de ces candidats. Nous ne pouvons pas, malgré notre penchant naturel à tout pardonner, oublier le rôle que chacun d`eux a joué dans cette crise. Toute position prise, tout acte posé, toute parole proférée par nos politiciens, lors de cette crise, suffisent pour deviner ce que chacun d`eux fera de notre pays si jamais il arrive au pouvoir. En deuxième lieu, notre jeunesse actuelle se reconnait pleinement en Laurent Gbagbo. Et ce, pour la simple raison qu`ils l`ont vu se battre contre des hordes d`envahisseurs. Ils l`ont vu faire front face aux man?uvres déstabilisatrices de la France. De tels actes de bravoure marquent toujours l`esprit de ceux qui ont l`âge de la fougue et des fugues. La preuve de leur attachement à sa personne est qu`ils ont toujours répondu présents à tous ses appels. Monsieur Bédié, avant de prendre le chemin de l`exil en 1999, a lancé un pitoyable appel à la résistance. Tout le monde se rappelle que le peuple ivoirien ne l`a pas suivi, bien au contraire. Notre très cher Anaky Kobenan, influencé par l`exemple malgache, a, en direct de la télévision nationale, lancé un surprenant appel à l`insurrection en vue d`éjecter le président de la république. Combien d`Ivoiriens l`ont-ils suivi ? Personne ! Au Pdci, on aime souvent ressusciter la figure d` Houphouët-Boigny pour émouvoir et ouvrir les c?urs des Ivoiriens. Malheureusement, son candidat actuel est, en tout point de vue, aux antipodes du fondateur du Pdci-Rda. Ce réflexe indique clairement que " le produit " politique N`zuéba n`est pas attrayant. Il évoque dans l`esprit de nombreux jeunes la jouissance paresseuse, le manque de personnalité, les fêtes interminables, le clanisme, la confiscation du bien commun. Le cas du Rdr est encore plus pathétique. Comment peut-on avoir le candidat que ce parti exhibe actuellement et espérer gagner l`élection présidentielle dans ce pays ? Ce candidat traîne comme un furoncle indomptable un passé lointain et récent dégoulinant de toutes sortes de contre-valeurs. En outre, que le Pdci et le Rdr ne s`illusionnent pas. Cette foule qui vient à leur meeting est la foule du Rhdp dans son entièreté. Elle appartient aussi bien au Pdci, au Rdr, au Mfa qu`à l`Udpci. Elle répond au devoir de solidarité que les quatre partis alliés se doivent manifester mutuellement. Alors, on se trompe quand on pense qu`Ado a sa foule et Bédié sa foule ; et que la somme des deux foules est un rouleau compresseur irrésistible. C`est la même foule qui vient au meeting du Pdci, qui vient au meeting du Rdr au nom de leur alliance. Mais pour les élections à venir, chaque parti aura son électorat opposé non seulement à celui du FPI mais aussi à celui de tous les autres partis, même alliés. C`est une lecture que n`importe quel parti, même le moins expérimenté, devrait pouvoir faire. Enfin, pendant qu`ils se contentent de lui coller des étiquettes crasseuses ou de faire miroiter des milliards aux Ivoiriens meurtris par une sale guerre, Laurent Gbagbo, méticuleusement et patiemment, tisse sa toile ; en homme politique avisé, il prépare, dans le silence de la réflexion féconde, des stratégies efficaces pour remporter la victoire. Le Nord, considéré comme une zone hostile au candidat du Fpi, au terme d`une guerre qui ne lui a apporté que misère et pénurie va, et nous en sommes certain, déjouer les pronostics en défaveur de celui qui croit en avoir fait son fief imprenable. A l`ouest, Mabri Toikeusse perd tour à tour les figures les plus essentielles de son parti en faveur du camp présidentiel : Bleu Lainé, Akoto Yao, Franck Guéi, Noutoua Youdé, Blon Blaise et que sais-je encore ? Il est connu de tous qu`un certain nombre de partis (Rpp, l`Udcy, l`Urd etc.) se sont déjà exprimés sur leur engagement à soutenir le candidat Laurent Gbagbo. Et d`ailleurs, d`où viennent les électeurs des derniers candidats déclarés tels que Zémogo Fofana, Gnamien Konan, Akoto Félix, etc. si ce n`est du Rhdp ? Avec tous ces facteurs, refuser de prévoir une probable victoire de Laurent Gbagbo c`est fermer les yeux sur l`évidence. Au nom de la paix, à laquelle tous les Ivoiriens aspirent, chaque parti doit accepter de s`engager dans la course électorale avec un esprit d`ouverture. Toutes les organisations politiques, sans exception, doivent, malgré leur rêve légitime d`accéder au pouvoir d`Etat, prévoir l`éventualité de la défaite. Certes, on ne va pas à des élections en victime résignée, mais le bon sens recommande qu`on se prépare psychologiquement à un éventuel revers. C`est à cette condition que l`élection va nous réconcilier avec la paix, condition de la stabilité et du développement. L`amour du pays dont tout le monde parle n`est rien d`autre que la primauté accordée à l`intérêt national.

Etty Macaire
Professeur de lettres
01430490/ 07001689

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