lundi 31 août 2009 par Autre presse

Environnement malsain, insalubrité urbaine galopante, constructions anarchiques de logement, pollutions à grande échelle, gaspillage des ressources, le développement durable est encore du chinois en Côte d'Ivoire. Difficile à comprendre pour les Ivoiriens. Point sur une situation critique.


DUR DUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE

Sommet de Johannesburg en 2002, Protocole de Kyoto en 2005 sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Rapport Brundtland, partout dans le monde, la prise de conscience écologique est spectaculaire. Tous les secteurs sont touchés (immobilier, automobile, agro alimentation, etc.) et tous les pays parlent à l'unisson de développement durable. Sauf, et comme d'habitude, les pays africains. Comme un effet de mode, à la limite de la démagogie, les dirigeants africains reprennent les concepts à coups de discours, sans jamais les faire suivre d'actions concrètes. Conséquemment, dans la vie des Africains, en général et dans celle des Ivoiriens en particulier, il n'y aucun comportement qui transpire le développement durable. Le développement durable est une notion qui engage pourtant l'avenir de toute l'Humanité. C'est une notion qui porte en elle l'intérêt public, qui infère un mode de développement appliqué à la croissance et reconsidéré à l'échelle mondiale, afin de prendre en compte les aspects écologiques et culturels généraux de la planète.

Mais, que c'est bien compliqué tout cela pour la Côte d'Ivoire ! Bien compliqué de penser un développement qui réponde, à la fois, aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. En Occident, en Orient, d'un point de vue spatio-temporel, les peuples se donnent le droit d'utiliser les ressources de la Terre, mais le devoir d'en assurer la pérennité pour les générations à venir. En Afrique, comme d'habitude tout cela est encorebien trop compliqué.


TOUS CONTRE LE DEVELOPPEMENT DURABLEMALHEUREUSEMENT

Jamais, dans le comportement des Ivoiriens, on n'a vu autant de mépris pour le développement durable. Qu'est-ce qu'il faut aux populations ivoiriennes pour prendre conscience de l'urgence de préserver l'environnement, de mener ses activités sans nuire à la vie des autres, de construire des maisons décentes qui ne mettent pas les vies humaines en danger ?

Il suffit pourtant d'avoir un simple esprit civique et républicain, d'avoir de gestes simples de chaque citoyen pour modifier son comportement, etc.

Hier encore, et comme toujours au demeurant, des voitures ont été vues dans la capitale ivoirienne, Abidjan, roulant en émettant des fumées noires avec leurs wôrô wôrô , France au revoir et autres ? Et dire qu'elles ont passé avec succès la visite technique ! Aujourd'hui, les entreprises industrielles dont les fumées serpentent dans le ciel abidjanais continuent de polluer la population impunément. Dans la presse du jour, les dirigeants promettent de débarrasser les populations des ordures ménagères. Habituée à des promesses abstraites, et vu l'état de d'insalubrité avancée des villes ivoiriennes, et les mêmes choses sans cesse ressassées, les Ivoiriens s'autorisent à douter fortement. En attendant, ils font comme St Thomas.

A Vridi, des jeunes gens ont été aperçus en train de ramasser des poissons morts que les résidus de produits chimiques avaient tués dans la lagune Ebrié pour les revendre sur les trottoirs des quartiers dits huppés, ou pour les acheminer vers les étales des marchés.
L'ordre des architectes, dirigé par Guillaume Koffi, a maintes fois affirmé que le développement durable, c'est aussi une affaire de constructions durables, c'est-à-dire avec schéma directeur, avec validation des normes techniques. Les dernières pluies qui se sont abattues sur Abidjan, ne font que renforcer cette assertion des architectes. Rien n'a été fait. Résultats ? Plan Orsec (organisation de secours), par-ci, réquisition des services publics et privés pour prêter aide par-là ? Et pendant ce temps, des programmes immobiliers sans réelles études techniques valides, sans plan d'aménagement foncier et urbain se poursuivent. Bonnement

Au plan du développement durable, c'est clair, le tableau ivoirien est bien noir. Et une fois le tour d'horizon des problèmes qui minent la société ivoirienne fait, après une bonne randonnée pédestre, il vient à l'Ivoirien l'envie de passer un coup de serviette rafraîchissante au visage. Sans surprise. Le mouchoir noircit de carbone, de poussière et de sueur. Ils en perdent un peu de leur mélanine !

Comment qualifier le comportement de toutes ces personnes qui se rendent coupables ou complices de pollution, de constructions ou occupations anarchiques ? Irresponsables ? Inconscientes ? Suicidaires ? Mal informés ? Peut-être, mal informés. Faisons la concession de la dernière hypothèse.

Est-il normal de laisser des voitures gazeuses circuler dans la capitale ? N'y a-t-il aucune législation pour faire payer ou punir les pollueurs ? Est-il aussi difficile de trouver un modèle de développement qui permette de concilier progrès technique, productivité, et respect de l'environnement ?

Selon les spécialistes, l'activité humaine et la production d'énergie tous azimuts provoquent l'émission de millions de tonnes d'équivalent en carbone, source d'émissions de CO2 et de plusieurs autres gaz à effet de serre, cause du réchauffement climatique.

On entend souvent dire que le soleil est fait du bien au Noir. Mais, combien sommes-nous à ne plus pouvoir supporter l'implacable soleil de plomb qui transperce le ciel ivoirien depuis peu ? Il n'y a qu'à voir les visages renfrognés aux arrêts de bus découverts, aux gares de wôrô, etc. sous le soleil cuisant. Eh oui, qu'est-ce qu'on croyait ?

On pollue et on s'étonne du réchauffement, chaque jour un peu plus, du climat, de l'air, etc.


PRENDRE CONSCIENCETOUS PRENDRE CONSCIENCE PAR LA CRITIQUE DURABLE

Visiblement, les Ivoiriens ont malheureusement encore beaucoup de chemin à parcourir à ce niveau. Pourquoi ? Parce que les vieilles voitures vont toujours émettre des fumées noires impunément. Les France au revoir vont continuer à sortir du Guichet unique après cent ans de vie ailleurs. Les industries vont continuer à émettre des gaz polluants. Nos dirigeants vont rivaliser en termes de dépôts de déchets toxiques et ordures ménagères. Ils construiront des rues sans caniveaux, et une fois les villes embourbées, on tendra les mains à l'Occident pour nous aider à devenir propre par le financement de nos programmes immobiliers, etc.

Et nous populations dans tout cela ? On ne prendra toujours pas conscience des dangers que nous courons au quotidien en méprisant le développement durable. Ainsi, nous continuerons à faire pipi dans la rue ou à jeter une peau de banane par-ci, une bouteille vide de bière par-là ; nous continuerons à laisser les robinets ouverts ou les climatiseurs allumés dans les cités de l'Etat, sans nous soucier que l'eau est une ressource rare et que l'électricité coûte chère, etc.
Une fois tout cela accumulé, on s'habitue à croire que tout ce qui va mal est de la responsabilité des autres. C'est tellement plus confortable de penser de cette manière. Mais apparemment, les autres, qui pensent la même chose que nous, ne sont pas décidés à changer, puisque, ce n'est pas de leur faute. Chacun attend que l'autre change pour que ça aille mieux. On est loin d'être sortir de l'ornière. Pauvre Côte d'Ivoire ! Personne pour dire : Et si c'était aussi un peu de ma responsabilité ?, Et si, à mon niveau je décidais de changer un peu ?

Aussi longtemps que le développement durable, qui se construit comme une réponse aux préoccupations de la société civile relatives aux impacts environnementaux et sociaux de l'activité des principaux agents économiques, ne sera pas compris, le magazine Sweet Home continuera, sans discontinuer, à critiquer ces comportements indignes des pollueurs.
Une façon pour la Rédaction de faire cohabiter développement et critique durables. Le chaud soleil ne nous parle pas. Qui sait, nous changerons un jour à coup de critiques !

Par Jespère

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023