Le voyage précipité du Président Laurent Gbagbo au Maroc commence à livrer ses secrets. Le numéro un ivoirien, à l'approche de la date du 29 novembre, fait feu de tout bois pour une fois de plus faire reporter l'échéance électorale. Il serait donc allé au Maroc, non seulement pour se faire consulter par un dentiste, mais aussi et surtout pour se faire recevoir et appuyer par des hommes écoutés par le président Nikolas Sarkozy. Notamment le souverain marocain, le Roi Mohamed VI et (top secret) l'ex-président français Jacques Chirac qui était également en vacances dans ce pays.
Le Chef de l'Etat ivoirien a passé récemment 10 jours dans le royaume chérifien. Ce qui est un peu trop pour une consultation et des soins dentaires. La réalité, selon des sources bien introduites, c'est que le numéro un ivoirien y était pour des raisons à la fois diplomatiques et politiques. Diplomatiquement, il devait trouver le meilleur intermédiaire possible pour convaincre Nicola Sarkozy de le laisser obtenir une autre prolongation quant à la présidentielle ivoirienne prévue pour le 29 novembre 2009.
Malgré les déclarations et autres professions de fois en faveur du respect de la date du 29 novembre, le camp présidentiel ivoirien n'est véritablement pas près à y aller. Mais les dernières déclarations de Sarkozy (tant au Gabon, où il a dénoncé les "promesses fallacieuses" du chef de l'Etat ivoirien qu'à New York où il a mis le Secrétaire Général de l'ONU en garde sur le fait que le champion ivoirien "n'est pas digne de confiance"), ne sont pas de nature à apaiser le camp présidentiel ivoirien. Mieux ou pis (c'est selon), après avoir organisé une levée de boucliers contre le Président français, le camp présidentiel ivoirien semble comprendre qu'il ne lui sera plus aisé de rouler adversaires et partenaires dans la farine. Du moins, tant qu'il aura à dos le Président Sarkozy. Du coup, des conseils avisés ont recommandé au Chef de l'Etat ivoirien d'entrer en contact avec Sarkozy pour le convaincre de la nécessité d'un autre report si la Communauté internationale veut un scrutin véritablement clair. L'échec cuisant de son directeur de cabinet, N'Zi Paul David à Paris aux mois de juin et de juillet dernier ne semble pas avoir émoussé l'ardeur courtisane du régime ivoirien.
C'est dans cette foulée que la nouvelle a été apprise à Abidjan que L'ex-président français, Jacques Chirac partait pour des vacances dans un cadres retiré du Maroc. Cela tombe bien, on pourra alors faire d'une pierre deux coups : le vacancier Chirac est en quelque sorte le mentor de Sarkozy qui l'écoute toujours et l'hôte marocain, le Roi est un ami de Sarkozy qui pourrait aussi l'écouter. En plus, Chirac, paternaliste, n'a pas le tempérament de Sarkozy. Un communiqué est vite pondu pour envoyer le président Ivoirien en congés lui aussi au Maroc. Objectif : rencontrer et le Roi Mohamed VI et le président Chirac et les convaincre de l'aider à plier Sarkozy à sa cause. Le coup en valait vraiment le déplacement.
Une fois sur place, il lui a été impossible de rencontrer le Roi marocain, officiellement pour des raisons de calendrier du souverain. Mais même après un échange téléphonique, il n'a pu obtenir gain de cause. Pendant près d'une semaine, il va batailler ferme pour rencontrer le président Chirac qui, après maintes hésitations, finit par lui accorder en milieu de la semaine dernière, une entrevue de seulement 10 minutes. Au menu de cette rencontre éclaire, la question de la présidentielle ivoirienne de novembre 2009. Le gaulliste, en bon père, aurait simplement invité le numéro un ivoirien à tout faire pour convaincre ses interlocuteurs extérieurs en respectant la parole donnée. Il lui aurait dit, en toute amitié que la méthode de Sarkozy pourrait être bien différente de celle de Chirac, parce que l'actuel président français a sa vision des choses qu'on ne peut lui enlever. C'est donc un autre fiasco qui a sanctionné cette rencontre de laquelle on en attendait tant. Le Président ivoirien est donc rentré bredouille. Même si sa dent va mieux, on ne peut dire que son sommeil soit des plus tranquilles. Le 29 novembre, c'est dans exactement trois mois et un jour. Comme quoi, Chirac était notre ennemi, Sarkozy vient de s'adjoindre à lui. Ils sont nos ennemis, mais nous ne pouvons nous en passer.
par Eddy PEHE