vendredi 28 août 2009 par Le Repère

Pour quelle(s) raison(s), l`Union nationale des journalistes de Côte d`Ivoire (UNJCI) a décidé de pérenniser le nom de Noël X Ebony en instituant depuis 1993, un prix qui porte son nom ? Nous avons rencontré le lundi 17 août à Abidjan, Honorat De Yedagne, ex-secrétaire général, ex-président de l`UNJCI et père du prix Ebony. Il répond à l'interrogation.
Quelles sont les raisons profondes qui vous ont poussé à choisir comme titre éponyme du prix qui récompense les meilleurs journalistes ivoiriens, Noël X Ebony ?
Je voudrais avant tout situer quelque chose dans le contexte ivoirien parce que les journalistes ont l`art de ne pas reconnaître le mérite de leurs pairs. J`ai fondé ce prix parce que je me suis dit que si l`UNJCI veut devenir grande, elle doit servir le professionnalisme. Il faut de ce fait qu`il y ait un instrument qui travaille à servir ce professionnalisme. Alors que le poste de secrétaire général que j`occupais dans le bureau de Yao Noël (premier président de l`UNJCI, NDLR) ne m`y autorisait presque pas, j`ai décidé de doter l`Union d`une manifestation qui devait être une occasion de servir le professionnalisme. Nous étions à une époque où on venait juste de sortir d`un système considéré comme monocratique. Il fallait donc trouver parmi les anciens journalistes dont les noms étaient célèbres et qui ont servi sous le régime du parti unique (PDCI, NDLR), celui qui incarnait le journalisme de rupture. J`ai posé la question à un ancien : Frédéric Grah Mel. C`est ce dernier qui m`a proposé le nom de Noël X Ebony.

Quelles étaient les raisons de Frédéric Grah Mel ?
Avant de répondre à votre question, j`aimerais préciser que j`ai rencontré Noël X Ebony une seule fois. C`était chez son frère aîné Paul Kouamé, qui lui aussi est décédé. Il venait de rentrer au pays, pour des vacances ou pour des reportages, je l`ignore, et moi, j`étais de passage au domicile de son frère aîné où j`étais allé rendre visite à Yao Noël. C`est ce jour-là que pour la première fois et pour la dernière fois de ma vie, je lui ai serré la main. C`était un an avant sa mort. Ce qui veut dire que je ne le connaissais pas. Alors pour revenir à Frédéric Grah Mel, sachez qu`il m`a donné deux raisons fondamentales.

Lesquelles ?
La première est que Noël X Ebony a été, à cette époque, le seul journaliste ivoirien à avoir dit " non " à Houphouët-Boigny, ce qui a fortement déplu à ce dernier qui l`a admonesté. La seconde raison est que Noël X Ebony était un produit achevé du travail sur soi. C`était un homme qui n`avait que le niveau formel de la 4è, mais qui a su s`imposer comme un grand journaliste et un grand écrivain, un grand dramaturge et un grand poète dont les ?uvres sont étudiées dans des universités françaises. Noël X Ebony réunissait donc deux grandes qualités que je recherchais. Je ne pouvais pas trouver meilleur nom pour coller au prix que je voulais créer.
Propos recueillis par
André Silver Konan
Photo : Ask

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