mercredi 26 août 2009 par Autre presse

Malikounda - Chaque matin à son lot de nouvelles et tôt hier matin, c'est celle de la mort de Mandé Sidibé qui nous a attristé. A défaut de lui avoir dit au revoir, j'aimerai ici rendre hommage à cet homme que je rencontrai pour la première fois en 1995 lors d'une de ses visites aux Etats-Unis. Je le verrai, par la suite quelques fois au Mali avant sa nomination comme Premier ministre. Et j'appréciais d'être avec lui car il était resté jeune dans sa tête et il aimait le débat d'idées. Je le fréquenterai plusieurs fois après son départ de la primature. Il suffisait qu'il fût à Bamako et qu'on convienne d'un moment.
Et c'était parti pour des heures de discussion. Nous nous sommes également vus quelquefois quand il passa Premier ministre et que j'étais éditorialiste. Il n'a pas toujours aimé mes articles. Nous en avons discuté certains, ligne par ligne. Il n'a jamais haussé le ton ou montré de l'agacement. Mais il n'hésitait pas à dire à signifier son désaccord avec telle ou telle partie et il prenait le temps de donner ses arguments. Bien sûr, il lui est arrivé plusieurs fois de trouver que mes critiques étaient fondées.
En fait, il éduquait et ce tribut que je lui rends est d'autant plus sincère qu'il est prodigieusement rare d'avoir comme Mandé une aussi bonne contenance devant la critique. Pour ce qui est du bilan du Premier ministre, des voix autorisées ne manqueront pas de s'exprimer. Je sais seulement qu'Alpha Oumar Konaré m'a, à plusieurs reprises, dit que celui que nous pleurons aujourd'hui fut pour lui un excellent Premier ministre, rigoureux, connaissant ses dossiers et sachant faire travailler son équipe.
De la part d'un historien qui mesure généralement le poids de chaque mot, c'est peut-être la meilleure oraison funèbre qui puisse être dite sur son ancien collaborateur. Ce qui est sûr, c'est que l' homme fut humble jusqu'à l'effacement. Le sourire ne le quittait pas même quand on le taquinait. Et c'était mon plus grand plaisir que de le taquiner.

Feu Demba Diallo nous avait, en son temps, marqué avec la formule de Solon : nul ne doit être salué du nom de grand tant qu'il n'est pas mort . Comme Dieu est seul à connaître son logiciel qui nous a sa merci, Mandé Sidibé nous quitte aujourd'hui sur la pointe des pieds. Dans tous les critères de Solon, il était un Grand. Salut donc, bourreau du travail et puisse ce mois béni t'apporter le repos que tu t'es toujours refusé !

Adam Thiam





Mandé Sidibé n'est plus !

Mandé Sidibé, 69 ans, est décédé hier matin des suites d'un malaise cardiaque pour lequel il a été évacué il y a deux semaines à l'hôpital américain de Paris. Le Premier ministre Modibo Sidibé s'est rendu hier soir dans la capitale française afin de ramener à Bamako la dépouille de son frère aîné d'ici à la fin de la semaine. Né en 1940, Mandé Sidibé est titulaire de la licence es sciences économiques de l'Université de Paris (1965) et d'un master en Business Administration de l'Université Georges Washington (1974).

Il commence sa carrière avec la Banque de la République du Mali (1965 à 1967) avant d'être recruté, pour plusieurs postes de responsabilité au Fonds Monétaire International jusqu'en 1985 où il rejoindra la BECEAO en tant que Secrétaire Général chargé des Politiques monétaires puis Conseiller Spécial du Gouverneur avant de prendre sa retraite comme Représentant de la Beceao au Mali.

En 1996, il devint Conseiller spécial du Président Alpha Oumar Konaré et son Premier ministre en avril 2000, dans un contexte économique et social tendu. Il démissionnera de ce poste en mars 2002 pour être candidat à l'élection présidentielle de cette année.

Probablement plus pour prendre date que pour la gagner -puisque son score sera très bas-, pour peu que l'on invoque ''l'Essor'' du 22 avril 2002, à propos de la vision du candidat : '' Pour Mandé Sidibé, la nation malienne ne sera ni forte, ni juste, ni solidaire sans la pratique généralisée des valeurs constitutives des fondements de la société malienne, à savoir l'honnêteté, la vérité, le sens de l'honneur, l'amour du travail, le sens de la solidarité, le respect du prochain''. Depuis, Mandé Sidibé présidait aux destinées du Groupe Ecobank, le plus grand groupe bancaire de la sous-région Ouest Africaine, comprenant 13 pays.

Ses collaborateurs au gouvernement gardent de lui le souvenir d'un patron organisé, efficace et d'une grande capacité d'écoute et de décision. C'est le même jugement que portait sur lui, Alpha Oumar Konaré, son ancien patron.

Dans un message, le Président de la République, Amadou Touré a salué les grandes qualités de travailleurs, l'esprit patriotique élevé du défunt.

Mandé Sidibé a été membre du parti clandestin PMT et de l'ASMF.

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