samedi 22 août 2009 par L'expression

Le cancer de sein se situe au second rang des cancers qui touchent le plus les femmes en Côte d'Ivoire. De plus, le traitement est long, difficile et coûteux.

Frêle, la tête cachée sous un foulard de dentelle blanche et le visage marqué par une dure épreuve, O. Aminata, 48 ans, institutrice, se souvient comme hier de son cancer. J'ai commencé à avoir mal au sein droit qui s'enflait. Le sein gauche aussi me faisait mal, mais pas comme celui du côté droit. Il y avait des boules dans mes seins. J'avais très mal. Je me suis rendue dans une clinique de la place où mon médecin a diagnostiqué des kystes après des examens. Il m'a prescrit des médicaments et programmé une opération pour enlever les kystes déjà gros. J'ai été prise de panique quelques jours plus tard quand mon sein droit a commencé à saigner. Elle ajoute : J'ai fait une mammographie et plus tard pendant l'opération, le médecin a prélevé un échantillon pour des examens plus approfondis. C'est ainsi qu'il a diagnostiqué un cancer, mais il a dit que j'avais beaucoup de chance car la boule
avait un diamètre de 3 cm et que je pouvais espérer garder mon sein. Néanmoins, ça a été dur avec les traitements. J'ai été opérée une fois de plus mais il y a eu des complications car la plaie s'est infectée et il a fallu attendre pour faire la chimiothérapie que j'ai subie pendant 6 mois. Cette épreuve a été douloureuse tant au niveau financier que physique , explique-t-elle d'une voix brisée par l'émotion. Comme Aminata, c'est une femme sur 15 qui est touchée par le cancer du sein. 12.000 personnes qui décèdent par an du cancer en Côte d'Ivoire, selon le Programme national de lutte contre le cancer.

Des chiffres alarmants
Selon le professeur Adoubi Innocent, coordonnateur directeur du Programme national de lutte contre le cancer(Pnlc), spécialiste de cancérologie médicale, ce sont au moins 30 nouveaux cas de cancer du sein qui sont enregistrés par an pour 100 femmes en Côte d'Ivoire. Contre 80 à 100 nouveaux cas pour 100 femmes en Europe. Le cancer du sein est une tumeur, c'est-à-dire une néoformation qui se développe aux dépens de la glande mammaire et qui a la caractéristique d'agresser et de détruire le sein tout en gardant la possibilité de gagner la circulation sanguine et de coloniser d'autres organes tels que le foie, le cerveau, le poumon et ces colonisations secondaires sont appelés les métastases , explique-t-il. Toujours, selon le Professeur Adoubi, le cancer du sein est celui qui vient en deuxième position après le cancer du col de l'utérus en Côte d'Ivoire. Cela s'explique par le fait que les femmes africaines ont
commencé à avoir les mêmes habitudes que les femmes de l'occident. A savoir la pratique de l'allaitement mixte contre l'exclusif, la limitation du nombre de grossesses, alors même qu'il est démontré que plus la femme fait moins d'enfant, plus le risque de contracter le cancer du sein est élevé. Une alimentation riche en graisse, en viande mais pauvre en fruits et en végétaux fait également partie de ces habitudes incriminées. De même que l'alcool et le tabac.
A en croire Dr Koïta, autre spécialiste, le cancer du sein est une tumeur maligne de la glande mammaire. C'est-à-dire qu'elle naît dans les unités cellulaires dont la fonction est de sécréter le lait essentiellement chez la femme car l'homme possède lui aussi un sein atrophié. Les cellules malignes se multiplient de manière désordonnée jusqu'à créer une tumeur qui s'attaque aux tissus sains avoisinants. Cette tumeur peut propager des cellules cancéreuses dans tout l'organisme : on dit alors qu'elle métastase. Le risque augmente de façon significative avec l'âge, entre 30 et 60 ans et l'âge du cancer est entre 60 et 80 ans , expose-t-il. Mais, poursuit-il, détecté de façon précoce, il peut être traité efficacement et permet d'éviter d'avoir recours à l'ablation du sein qui est une mutilation pour les femmes. Le cancer se fait par transmission d'un gène anormal dit muté. Chez une femme, la présence d'une
seule mutation du gène expose à un risque de 80% d'avoir un cancer de sein au lieu de 10% en l'absence de mutation.
Deux gènes sont identifiés : le BRCA1 sur le chromosome 17, le BRCA2 sur le chromosome 13.
Le traitement
Les traitements sont multiples et varient souvent. Nous avons entre autres, la radiothérapie qui consiste à envoyer des rayons qui vont détruire les cellules cancéreuses. Toutes les malades opérées doivent bénéficier d'une radiothérapie. Le Chu de Treichville est obligé d'envoyer ses malades au Ghana où il collabore avec l'hôpital Kole-bou à Accra. La radiothérapie y revient à 400 000 F cfa.
La chimiothérapie est un traitement administré par perfusion ou par voie orale. Il associe plusieurs médicaments qui tuent les cellules cancéreuses de la tumeur, mais aussi celles qui auraient pu s'échapper pour aller coloniser d'autres organes. La chimiothérapie a des effets secondaires comme la chute des cheveux, qui disparaissent à la fin du traitement.
L'hormonothérapie consiste à administrer au patient des hormones de synthèse (comprimé ou injectable), qui vont bloquer les cellules et les empêcher de se multiplier et de disséminer. On peut aussi supprimer les ovaires, car ils fabriquent une hormone capable de stimuler les cellules cancéreuses, ou administrer un médicament spécifique qui va bloquer la production des ovaires.
Napargalè Marie

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