vendredi 21 août 2009 par Autre presse

Acturoutes.info - Ce n'est pas pour alarmer les Abidjanais, mais le directeur général de l'Agence de gestion des routes (AGEROUTE) se veut clair et direct. Dans l'interview exclusive qu'il a accordée à ACTUROUTES, Bouaké Fofana fait le diagnostique du réseau routier. En technicien, sans faux fuyant. Un diagnostique dont la pertinence permettra de réussir les travaux en cours ou à venir dans la capitale économique ivoirienne. Première partie.

Monsieur le Directeur Général, vous avez ouvert des travaux de réparation de la chaussée, notamment à Cocody. Sont-ils terminés ?

Ils ne sont pas encore terminés. Si vous parcourez toute la ville, vous trouverez encore quelques chantiers qui sont en cours. Il y a des travaux que nous faisons dans le cadre du Programme d'urgence des infrastructures urbaines (PUIUR) financé par la Banque Mondiale. Dans le cadre de ce programme qui comprend des travaux d'envergure, il y a la réhabilitation de la route du zoo. Nous sommes en phase de déguerpissement des riverains, de l'installation de l'entreprise. Il s'agira donc dans ce cadre de ce projet de faire la route en deux fois deux voies jusqu'au carrefour du zoo. Et à partir du zoo, ça sera une route normale jusqu'au carrefour Samanké (Abobo). Nous allons également dans le cadre de ce programme d'urgence des infrastructures urbaines financé par la Banque Mondiale faire la route qu'on appelle la route André Malraux à la Riviera. C'est la route qui est parallèle au boulevard Mitterrand qui part de la route d'Attoban vers la Palmeraie.

Avant de revenir au PUIUR, quel est le calendrier exact des réparations qui sont faites actuellement ?

Ces réparations que nous faisons arrivent à la suite de toutes les dégradations qu'on a connues en raison de la saison des pluies, sur les axes principaux, les axes les plus pratiqués. Théoriquement, notre programme devrait courir jusqu'à fin septembre. Nous avons jusqu'à cette date pour colmater les nids de poule sur les axes principaux.

Quels sont ces axes, à part le boulevard des martyrs (ex Latrille) que vous avez déjà fait ?

On a fait tout le boulevard de France en allant vers le Golf. Nous avons colmaté toutes les brèches depuis le carrefour Saint Jean jusque pratiquement devant la Villa Thérèse . Nous avons fait le boulevard des Martyrs. On a bouché tous les trous là-bas. On a aussi la Rue des Jardins (Deux Plateaux). C'est terminé. On a également fait quelques travaux sur la route de Bonoumin (Riviera). Au Plateau, nous avons pratiquement toutes les rues où il y avait des nids de poules. C'est terminé. On a fait par exemple le boulevard de la République. On a fait les environs de l'immeuble Sciam. Sur l'avenue Chardy, on a bouché quelques trous. A Treichville, sur le Giscard Estaing, en partant du pont Houphouët-Boigny, là également, tous les nids de poules ont été bouchés. Nous en avons également bouché sur le pont de Gaulle en allant vers Marcory.
Donc, c'est vraiment un programme qu'on a fait sur l'ensemble de la ville d'Abidjan, sur les axes principaux de circulation. Vous le savez, normalement si on s'en tient aux critères de répartition du réseau, nous ne sommes pas en charge des routes qui démarrent et finissent à l'intérieur d'une commune. Mais compte tenu du fait qu'aujourd'hui personne, ni nous mêmes ni les mairies n'ont suffisamment de moyens pour l'entretien de l'ensemble du réseau, nous disons qu'il faut faire quelque chose. On regarde les axes les plus pratiqués, on regarde les axes alternatifs, et on essaie de boucher les trous. Je vais vous donner un exemple : aux Deux Plateaux, nous avons fait la Rue des Jardins. Mais on se rend compte aujourd'hui qu'aux heures de pointe, toutes les rues parallèles ou presque à cette rue-là sont également fréquentées. C'est pour cela qu'on a fait la rue qui passe aux Vallons et qui est parallèle à la Rue des Jardins.

Le Boulevard du Burida ?

Oui ! Nous l'avons également réparé parce qu'il y a beaucoup de trafic là-dessus. C'est ce qu'on essaie de faire aujourd'hui. On regarde tous les axes qui sont les plus pratiqués. Nous faisons tout cela pour relever le niveau de confort de circulation à Abidjan. Ce ne sont pas des travaux à impact très durable. On se dit qu'on sort de la saison des pluies, il y a eu beaucoup de dégâts causés sur les routes du fait des problèmes d'assainissement. Nous avons besoin d'améliorer le niveau de confort sur ces routes. C'est pour cela qu'on fait ces travaux de réparations localisées.

Vous êtes partis pour terminer fin septembre. Mais quand avez-vous commencé ?

Cela fait déjà pratiquement un mois et demi qu'on a commencé. Dès le lendemain de la saison des pluies. On ne peut pas travailler sous la pluie. Et cela, c'est frustrant pour les usagers. Mais on ne peut pas faire autrement. Parce que le bitume est une matière qui doit être appliquée à chaud. Il y a une température minimale en dessous de laquelle, le bitume ne tient pas. Donc, on est obligé de faire cela quand il ne pleut pas. C'est pour cela d'ailleurs que quelques fois vous avez vu les gens, après avoir fait la préparation du terrain, quand il pleut, on est obligé d'attendre que cela sèche avant de continuer à travailler. D'ailleurs, on travaille même de nuit pour éviter d'être sur les routes pendant que les usagers circulent. On travaille de plus en plus la nuit.

Ces travaux coûtent combien de francs CFA ?

On avait un budget d'à peu près de trois cent millions (300 000 000) pour l'ensemble de la ville d'Abidjan. On espère qu'on ne va pas arriver jusqu' à ce niveau là. Enfin, si on regarde le niveau des besoins, même trois fois ce montant, on pourrait les consommer. Mais aujourd'hui on se limite aux axes principaux en se disant qu'avec la sortie de crise, on aura des moyens pour faire des travaux plus consistants. Quand on regarde aujourd'hui la voirie urbaine d'Abidjan, tout le réseau, en dehors de quelques axes qui sont récents, a dépassé la durée de vie. Vous êtes à Abidjan, et vous voyez qu'il n'y a pas eu de nouvelles routes, sur de longues distances au cours des quinze dernières années. Or, une route, elle est conçue pour quinze ou vingt ans avant de faire des interventions lourdes. Il n'y a donc pas aujourd'hui de routes de dix, ou quinze kilomètres à Abidjan qui aient moins de quinze ou vingt ans. Donc, théoriquement, on devrait faire un renforcement de l'ensemble de la voirie urbaine. On n'a pas ces moyens là. Pour l'instant, on améliore le niveau de confort de circulation en faisant des réparations localisées. Ce que nous faisons avec la Banque Mondiale est déjà un début. On espère qu'il va avoir une suite.

Monsieur le DG, l'Ageroute conseille-t-elle des déviations aux usagers pendant le déroulement des travaux ?

Quand on est sur un axe où il y a une possibilité de déviation, on conseille ces déviations. Mais aujourd'hui, les axes sur lesquelles on travaille, il n'y a malheureusement pas de déviation possible. C'est pour cela qu'on travaille axe par axe. On ne peut pas être sur plusieurs axes en même temps. Il y a des déviations qui sont naturelles. Par exemple, quand on travaille sur la Rue des Jardins, tout le monde comprend qu'il faut passer sur la voie du Burida. Normalement, on met un panneau pour dire aux gens c'est fermé, allez à tel endroit . C'est ce qu'on fait quand c'est possible. Mais quand vous travaillez par exemple sur le pont, il n'y a pas beaucoup de déviations possibles. Dans ces zones là, qui sont très sensibles, on préfère travailler de nuit. On fait la préparation du terrain la journée, en fin d'après midi, et la nuit, les gens viennent placer le bitume de sorte que, le matin, au réveil, ils ne soient plus là pour gêner la circulation.

On sait que la vie d'une route dépend aussi de l'intensité du trafic automobile. Vu l'état de dégradation très avancée des routes, peut-on dire que les capacités des routes d'Abidjan sont totalement dépassées ?

Je serais d'accord avec cela pour une large part. On peut constater aujourd'hui que l'évolution du réseau n'a pas suivi l'évolution du parc automobile. Et en plus, nous, en tant que maître d'ouvrage délégué du gouvernement, nous ne sommes en charge que de l'infrastructure, pas de l'exploitation. L'exploitation relève du ministère des transports.
Quand on regarde aujourd'hui le parc automobile en Côte d'Ivoire, il a cru à une cadence phénoménale, et le réseau routier n'a pas suivi. Comme je le disais tantôt, il ne s'est pas conçu de nouvelles routes à Abidjan. Depuis ces quinze, vingt dernières années. Il n'y a pas eu de nouvelles routes. Or le parc automobile n'a pas arrêté d'augmenter. Cela, c'est un premier problème que nous avons. Le second, c'est le réseau d'assainissement qui n'a pas suivi l'agrandissement du réseau routier. Pour des raisons qu'on peut comprendre. Avant, quand le gouvernement vendait les terrains pour construction, il viabilisait entièrement ces terrains, avant de les vendre. Donc tout le réseau VRD (voirie, réseaux, divers), tout le réseau d'assainissement était fait. Aujourd'hui, pour réduire les coûts des terrains, il arrive que le gouvernement ne viabilise pas du tout. Il vend le terrain naturel. Ou il fait du semi viabilisé. Ce qui fait que le réseau d'assainissement qui est un élément important dans la durée de vie d'une route n'a pas suivi l'évolution du réseau routier. Les routes que vous rencontrez à Attoban, comme à Bonoumin ou dans d'autres quartiers à Yopougon, ne sont pas totalement viabilisées. Si bien que quand on a des crues comme on en a eu pendant la saison des pluies de cette année, le réseau d'assainissement atteint vite ses limites. Il y a des remontées d'eaux, il y a des inondations. Et ça un impact sur la route. Le réseau d'assainissement existant est aujourd'hui dépassé, et il n'y a pas eu de nouveaux réseaux. Celui qui existait déjà est dépassé, il n'a pas été bien entretenu. Si bien qu'aujourd'hui, la voirie urbaine est menacée par les défaillances du réseau d'assainissement, par l'augmentation exponentielle du trafic en terme de nombre de véhicules mais aussi en terme de charges à l'essieu. Vous savez qu'on avait pris une loi à un moment donné pour dire qu'entre 9h et 17h, les poids lourds ne devraient pas circuler à Abidjan. Cette loi est tombée en désuétude. Et ces poids lourds là roulent sans aucun contrôle des charges à l'essieu. Or, ce qui tue une route, c'est cela. C'est le trafic et surtout les charges à l'essieu. Le trafic en terme de nombre de véhicules qui passe par jour. Mais aussi, le poids des charges à l'essieu. Donc, la route est agressée par tous ces éléments là en plus du fait que le réseau d'assainissement lui-même est aujourd'hui défaillant.

Combien de véhicules circulent par jour à Abidjan, aujourd'hui ?

Je n'ai pas les chiffres à Abidjan. Quand j'essaie de vérifier, personne n'a été en mesure de me le dire. Moi, j'ai vérifié au ministère des transports et personne n'a été en mesure de me dire l'étendu du parc auto. Ni pour toute la Côte d'Ivoire ni pour Abidjan. Par contre, ce que j'ai pu savoir, ce sont les immatriculations. Je me suis laisser dire qu'il y avait près deux mille véhicules par mois qui sont immatriculés en Côte d'Ivoire.

On n'a presque pas de chiffres, mais les estimations que vous avez disent que les routes sont totalement dépassées. Finalement, ces réparations localisées que vous faites ne sont-elles pas peine perdue ?

Non. Je n'ai pas dit que c'est peine perdue. Parce qu'il n'y a qu'à écouter ceux qui utilisent ces routes. On améliore le niveau de confort de ces routes. Maintenant, nous savons très bien que ce n'est pas la solution durable. C'est comme quelqu'un qui vient à un médecin et qui a une forte fièvre. Vous savez que la fièvre vient d'un mal plus profond. Est-ce que vous vous dites, comme je n'ai pas les médicaments du mal profond, je laisse le type mourir de sa fièvre ou est-ce que vous décidez de lui administrer un traitement pour faire tomber la fièvre ?

Oui, mais en faisant tomber la fièvre, le patient continue de faire du footing qui est déconseillé

Au moins je prolonge sa vie en espérant que j'aurai les moyens de soigner le mal profond. Sinon, si je suis votre raisonnement, on ne fait rienOn laisse les trous partout et personne ne circule.

Est-ce que vous faites quelque chose pour réduire ou du moins stabiliser le trafic automobile ? Faites-vous aussi quelque chose pour contrôler le poids des chargements qui circulent ?

Les moyens que nous avons sont des moyens institutionnels et structurels. Par exemple, avec l'UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), nous sommes en train de voir avec le port d'Abidjan, et avec l'office ivoirien des chargeurs (OIC), comment on peut contrôler les charges au départ pour des camions qui vont sur nos routes. C'est cela. Deuxièmement, avec l'UEMOA et le ministère des infrastructures économiques, nous sommes en train de construire des postes de péages et de pesages. Parce que les postes de péages que vous voyez, qui sont en projet, permettront de diminuer les charges à l'essieu. Voyez-vous, il faut qu'en Côte d'Ivoire, on apprenne à respecter les lois qui existent. D'abord à les faire appliquer et à les respecter. On peut mettre des postes de pesage mais pas en pleine en ville. Quand quelqu'un charge au port pour aller décharger à Abobo, il n'y a pas de pesage. Quand il charge au port pour aller à Treichville, il n'y a pas de pesage. Donc, il faut que tout le monde respecte la loi. Les lois sont connues. Les charges sont connues, c'est treize tonnes maximum à l'essieu. C'est une loi internationale. Une réglementation internationale. Donc tout chargeur et tout transporteur connaît ces lois là et doit les appliquer. Pas plus tard qu'hier (dimanche 16 août, NDLR), j'ai vu sur le pont Houphouët-Boigny, les gros camions prendre le trafic en sens inverse parce qu'on n'a pas envie de faire le tour en bas. Quand vous regardez même les échangeurs, chaque jour que Dieu fait, des camions vont se coincer alors que c'est une norme internationale. C'est 4 mètres et demi. Quand vous chargez un camion, vous ne pouvez pas aller au-delà de ces 4 mètres et demi ? Est-ce qu'on va mettre un policier derrière chaque usager de la route pour faire respecter ce minimum de réglementation. C'est comme les feux. Même pendant la journée, personne ne respecte les feux à Abidjan. Vous voyez des gens qui voient un feu rouge à 300 mètres mais ils passent quand même.

Vous êtes en train de dire qu'on n'a pas les moyens de faire respecter les lois ?

D'abord, ce n'est pas notre rôle à nous de faire respecter ces lois. Même si c'était le notre, je dis qu'on a un problème de sensibilisation à régler. Pas seulement en ce qui nous concerne, c'est-à-dire à l'Ageroute, mais dans l'ensemble du pays. Pour certains véhicules qui circulent en Côte d'Ivoire, on n'a pas besoin d'être un mécanicien ou un génie pour savoir que ces véhicules ne peuvent pas techniquement avoir une visite technique. Quand vous voyez le véhicule dans son état tel qu'il est, ce n'est pas possible qu'il ait une visite technique. Mon approche est de dire, si j'étais un policier, si on veut vraiment appliquer la loi, même si cette personne avait une carte de visite technique, cette carte là n'aurait pas été obtenue normalement. Un véhicule où la porte ne tient pas circule quand même ici. On dit que nul n'est sensé ignorer la loi. Il faut que nous, Ivoiriens, apprenions à respecter les lois qui existent et que ceux qui sont en charge de faire appliquer ces lois prennent les sanctions.



Route du zoo : "la durée des travaux prévue est de 12 mois "

Dans ce second et dernier volet de notre entretien, le DG de l'AGEROUTE évoque le délai des travaux de la route internationale du zoo. Il précise que cette voie sera fermée, et conseille des déviations aux Abidjanais. Cela va venir engorger un peu le Latrille , prévient Bouaké Fofana. Tout en présentant les autres projets qui vont être lancés le même jour, le mardi 25 août, par le président Laurent Gbagbo.

() Vous allez reprendre presque totalement la route du zoo. Combien de véhicules cette route pourra-t-elle supporter ?

On fait les études de trafic, naturellement. Les études qui ont été faites permettent de savoir à peu près combien de véhicules par jour circulent sur cette route et la chaussée sera faite en conséquence. Mais encore une fois, les routes que nous faisons ont une durée de vie comprise entre quinze et vingt ans. On peut faire des routes qui peuvent durer cinquante ans, cent ans, mais cela coûte beaucoup plus chère. Je discutais avec certains de vos confrères et je leur disais par exemple qu'aujourd'hui, vous pouvez vous renseigner avec BNETD qui intervient en Guinée Equatoriale. Ils font des routes départementales, des routes normales, c'est-à-dire 6 mètres de largeur qui coûtent presque un milliard de franc CFA le kilomètre. Mais ce sont des routes increvables. En tout cas pendant cinquante ans, vous êtes tranquilles. Mais cela coûte ce prix là. Techniquement tout est possible. On peut faire toute une route en béton armé. Cela coûtera beaucoup plus chère. Mais est-ce que nous avons les moyens de faire cela ? La Côte d'Ivoire a fait des choix en disant, nous n'avons pas beaucoup de moyens, nous faisons des routes qui vont durer 15- 20 ans. Cela veut dire que sur ces routes de 15-20 ans, en moyenne tous les 5-6 ans, vous revenez pour refaire une intervention lourde, des entretiens périodiques. La route du zoo sera faite selon ce standard là. Maintenant, comme aujourd'hui, tout échappe à tout contrôle en Côte d'Ivoire, même quand on va faire ce comptage de trafic, on prévoit également le trafic détourné. C'est-à-dire que demain, si la route est bonne, des gens qui passaient par d'autres voies vont passer par là. Tout cela est prévu et on fait la chaussée en conséquence.

Tout cela pris en compte, quelles sont les estimations du trafic ?

Nous sommes aujourd'hui, sur la route du zoo, à environ trois milles véhicules par jour qui passent par là. Maintenant, si demain le trafic détourné qui passe par là est plus important la route va se dégrader bien avant sa durée de vie normale. Parce qu'on ne contrôle pas les charges. Si on a plusieurs poids lourds qui vont vers Alépé en passant par là et qui dépassent leur charge autorisée, la route ne tiendra pas longtemps.

Selon le ministre des infrastructures économiques, le démarrage des travaux aura lieu le 25 août. Vous, techniciens, êtes-vous prêts pour cette date?

Tout dépend de ce qu'on appelle démarrage des travaux. C'est la même question qui revient toujours. Vous savez, le 8 juillet, nous avons posé la première pierre du pont de Jacqueville. Pour nous, le chantier a démarré. Parce que techniquement, un chantier qui a démarré veut dire qu'une entreprise est désignée. Elle a eu un ordre de service. Elle a commencé ses études des plans d'exécution et qu'elle a commencé à installer son chantier. Mais pour le commun des mortels, c'est le jour où les machines sont sur place en train de remuer la terre. Si on parle de machines qui vont sur place pour remuer la terre, je pense que le 25 août, on peut effectivement avoir quelques engins mais on ne sera pas encore en plein régime d'un chantier. Puisque, encore une fois, nous sommes en Côte d'Ivoire, tout le monde sait qu'on va faire cette route, tout le monde a été informé. Les collectivités, les mairies, le district... Il y a aussi les riverains avec qui on discute. Cela fait aussi partie de l'environnement.

Dans une interview récente, vous avez parlé d'indemnisation. Jusqu'à quelle hauteur allez-vous indemniser ?

On indemnise tous ceux qui sont touchés par le projet. C'est des lois qui nous obligent à le faire. C'est-à-dire que même si quelqu'un est installé illégalement, à partir du moment où on l'a laissé, on doit l'indemniser. Quand nous avons fait la Corniche, on a payé 300 millions dans les indemnisations. Pour une zone qui est sensée être non habitée

Et pour cette route du zoo, la facture s'élève à combien ?

L'appel d'offre est fini à environ 2,5 milliards. Je n'ai pas les chiffres exacts C'était un appel d'offres, donc le moins disant était qualifié techniquement.

Dans cette enveloppe, combien revient à la partie indemnisation?

Nous n'avons pas les chiffres. Le BNETD est en train de faire les études. Cela change tous les jours. Il y a des gens qui ont une installation permanente comme les stations service, comme certains menuisiers. Mais dès qu'on dit qu'il y a un projet, il y a des gens qui courent s'installer

On parle d'une fermeture totale de cette voie. Pour combien de temps et quels sont les itinéraires que vous conseillez aux usagers ?

La durée des travaux prévue est de 12 mois à peu près. C'est-à-dire du début à la fin. Mais la route ne sera pas fermée pendant 12 mois. Je pense que la période de fermeture complète devra être autour de 6 mois. Tout dépendra des discussions qu'on a avec les riverains et avec toutes les parties concernées pour savoir où on va commencer. Si nous ne commençons pas du côté de Williamsville, il évident que les gens pourront toujours emprunter le tronçon jusqu'au carrefour du zoo, et peut-être, passer par le boulevard Latrille (bd des martyrs). Cela va venir engorger un peu le Latrille. En tout, ce qu'on conseille aux gens, c'est de passer par la voie express pour ceux qui vont à Abobo. Maintenant, en attendant, ceux qui sont à Cocody, pourront toujours passer par le Latrille, les II Plateaux et enfin Angré et par le Mahou. Ou si commence par Williamsville, ils peuvent toujours utiliser le tronçon Samanké jusqu'au carrefour du zoo et entrer aux II Plateaux. Sinon, ça sera par la voie express.

La route du zoo sera refaite en même temps que deux autres projets que vous allez lancer. Il s'agit du pont piéton de Williamsville et de l'échangeur d'Attoban. Qu'allez-vous faire exactement dans ces deux autres projets ?

Nous allons faire un pont pour relier la 8ème et la 7ème tranche de sorte que les gens puissent aller tout droit. Aujourd'hui, on ne peut pas le faire, parce qu'il n y a pas de pont. Du côté du quartier Bracodi (Adjamé), les gens traversent à pied. Il y a toujours des accidents là. Il y a une passerelle qui est à environ 1 kilomètre de là. Mais les gens ne veulent pas marcher 1 kilomètre pour y aller. Donc on va faire une passerelle piétonne là. Et on va faire un échangeur à la Riviera II, au niveau du carrefour où il y a la station Total pour que les gens qui viennent tout droit et qui vont dans le sens Bingerville n'aient plus à rencontrer du trafic. Ceux qui vont aller à Attoban pourront sortir par l'échangeur.

Cet échangeur sera-t-il sur le site actuel du grand carrefour de la Riviera II ?

Oui, ça sera sur le site actuel. Là où il y a actuellement le rond point.

Vous avez ouvert un chantier d'assainissement dans la même zone de la Riviera, sur la Rue des Jardins, qui relie l'école de police à la Riviera II

Ah oui, sur l'ancienne route de Bingerville, vers la petite mosquée.

Il se trouve que cette voie devait être livrée depuis le 10 août. Mais jusqu'à présent, elle est encore fermée

Oui. Elle est encore fermée parce qu'on a eu quelques difficultés techniques sur le chantier. Quand il y a eu les inondations, cela amassé beaucoup d'eaux. Après, c'est devenu un lac. Et cela n'est pas bon. Parce que si on laisse ce lac là, si les eaux ne circulent pas pour aller vers la lagune, cela va toucher même au remblai de la route. On risquait de perdre toute la route. Ce qu'on a voulu faire, c'était de couper la route et installer des buses plus grandes. Parce qu'il y avait déjà des buses qui étaient là mais qui ont été bouchées par tous les déchets. On a fait des buses de diamètres plus grands. Et là encore, on rencontre l'un des problèmes de la Côte d'Ivoire. Les buses qui étaient là sont bien dimensionnées. Mais comme ce n'était pas seulement les eaux qui passaient par là, on a fait des buses de diamètres plus grands pour que même un pneu puisse passer.
C'est cela le travail qui étaient prévu. Quand on a creusé pour mettre les buses, on s'est rendu compte qu'il y avait des débuts de glissements. On a donc voulu attendre que le LBTP (laboratoire du bâtiment et travaux publics), viennent faire le sondage plus avancé pour nous dire s'il y a un risque imminent de glissement de terre. C'est pour cela que le chantier a été retardé.

Quel est le nouveau délai de livraison ?

On n'a pas encore les études du LBTP. Les études sont en cours. Parce qu'ils doivent faire les sondages et nous dire: vous pouvez y aller, les risques de glissements sont plutôt éloignés ou ils sont plus proches. Ce n'est pas nécessaire de faire maintenant ce travail là. Il faut trouver une solution plus pérenne .

Monsieur le Directeur Général, le gouvernement a entrepris des travaux pour renforcer le transport multimodal à Abidjan avec notamment la venue d'un train urbain, prévu dans 5 ans. Quelle est la place de l'Ageroute dans ce projet dont les études ont été confiées à une entreprise tunisienne ?

Nous n'avons pas de place dans ce projet sauf que c'est nous qui avons passé le marché avec l'entreprise tunisienne pour les études. Parce que nous sommes conscients, aujourd'hui, qu'une grande ville comme Abidjan, va arriver très vite au bout des limites de ce que l'on peut offrir en terme de transport terrestre par les moyens classiques : véhicules et consort. Il est donc important aujourd'hui, de faire appel à d'autres modes de transport, notamment le train urbain qui s'impose aujourd'hui. Lui, a l'avantage d'avoir des sites dédiés. On n'aura donc pas les embouteillages qu'on a sur les routes. Nous sommes tout à fait partisan de ce projet. Nous le soutenons. Pour l'instant, comme le ministère n'a pas de structure pour s'en charger, c'est nous qui gérons le marché d'étude avec l'entreprise. Il revient donc au ministère, le moment venu, quand on va passer à la phase active, soit il nous le confie en tant que maître d'ouvrage délégué, soit il le confie à une autre structure.

On constate que beaucoup de travaux vont avoir lieu ou ont cours actuellement à Abidjan. Cela prend évidemment beaucoup de moyens. N'y a-t-il pas risque de réduction de vos efforts sur les routes interurbaines, à l'intérieur du pays, quand on sait que les ressources s'amenuisent de jour en jour ?

Oui et non. Il est évident que c'est la même cagnotte. Plus on fait pour Abidjan, moins on aura pour les autres. Mais en fait, on fait également des travaux à l'intérieur du pays. Ils sont moins visibles parce que tout le monde n'est pas là-bas. Sinon, les mêmes travaux de réparations localisées qu'on fait ici, on les fait également sur les routes interurbaines. Régulièrement on fait des travaux à partir de l'autoroute jusqu'à Yamoussoukro. On en en fait entre Yamoussoukro et Bouaké. On en fait à partir de Yamoussoukro en allant à Daloa. En ce moment, on va en faire sur les routes d'Issia et de Sinfra. Il y a des travaux en cours, sur le réseau interurbain.
Mais le problème est toujours le même. La plupart des routes ont atteint leur durée de vie. Il faut aujourd'hui entreprendre des programmes de renforcement qui demandent de gros moyens. Je rentrais, il y a une dizaine de jours d'Abengourou, j'ai vu qu'un grumier est allé complètement défoncer la voie. Ce chantier peut donc aller normalement jusqu'à Abengourou. Ceux qui empruntent cette route ont vu qu'on a quand même aussi fait des réparations localisées jusqu'à Abengourou. Actuellement, on est entre Abengourou et Agnibilékro. On néglige pas l'intérieur du pays. Il y a également des travaux. Ils sont moins visibles parce que seuls ceux qui circulent sur ces routes là, ceux qui utilisent ces routes là, savent qu'on a des travaux en cours. Par contre, à Abidjan, c'est très visible, parce que, il y a quand même 40% de la population ivoirienne qui y résident.

Confirmez-vous que les moyens sont de plus en plus réduits ?

Absolument ! Les moyens sont réduits parce que, encore une fois, quand on se place au niveau de l'Etat de Côte d'Ivoire, c'est la même cagnotte. La cagnotte qui sert à faire les routes, c'est là-bas qu'on puise pour faire les hôpitaux, pour la santé, l'éducation, la sortie de crise. Quand on l'utilise pour un secteur, moins il en aura pour les autres secteurs. Les moyens aujourd'hui sont limités en raison de la crise. En terme absolu, il y a moins de moyens. Deuxièmement, en terme d'allocation de ces moyens là, il y en a de moins en moins pour chaque secteur pris individuellement.

Interview réalisée par
Barthélemy KOUAME
barthelek@acturoutes.info
Mathias KOUAME
m.kouame@acturoutes.info

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