jeudi 6 août 2009 par Le Quotidien

Le 29 novembre prochain, le RDR va participer à la première élection présidentielle de son histoire.

Vaincre ou périr. C'est ainsi qu'on pourrait qualifier l'état d'esprit qui anime en ce moment le mentor du Rassemblement des républicains (RDR). En dépit de l'accès palustre qu'il traînait et des conseils avisés des uns et des autres, si Alassane Dramane Ouattara a tenu à faire le meeting de Gagnoa au risque de sa vie (il s'est écroulé en public), cela ne devrait pas étonner. Pour tout observateur avisé de la politique ivoirienne, c'est tout simplement à mettre sur le compte de l'euphorie. Quinze ans après sa création, c'est la toute première fois que le RDR va goûter aux joies de présenter un candidat au scrutin présidentiel. Les républicains qui ont toujours fait de l'exclusion de leur mentor un fonds de commerce politique ont finalement vu leur v?u de voir Ouattara candidat à une élection présidentielle exaucé à la faveur de l'accord de Pretoria en 2005. Mais avant, que de chemin parcouru et d'efforts fournis! Pour
rappel, depuis son irruption sur la scène politique ivoirienne, Alassane Ouattara a de tout temps eu maille à partir avec les différents régimes qui se sont succédé à la tête de la Côte d'Ivoire après la disparition du président Félix Houphouët-Boigny. Sous le règne de Bédié, le ''bravetchê'' qu'on soupçonnait de s'être prévalu de la nationalité burkinabé dans une vie antérieure a dû s'exiler à Paris sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Avant de revenir au lendemain de la chute de Bédié. Il se dit d'ailleurs que, Ouattara ne serait pas étranger au coup d'Etat qui a chassé l'actuel président du PDCI du pouvoir en décembre 1999. Les propos que le mentor du RDR a tenus, en son temps, à l'encontre de son rival d'alors avant le coup de force, attestent d'ailleurs cette thèse : quand je frapperai ce régime moribond, il tombera . Après le chapitre Bédié, l'autre leader avec qui Ado a dû croiser le fer,
c'est feu le général Robert Guéi. L'ex-chef de junte militaire, certainement fatigué d'être qualifié d'homme lige d'Ado qu'on dit être le vrai commanditaire du putsch a dû hausser le ton. La question de la nationalité du président du RDR a été remise au goût du jour. On se souvient d'ailleurs de la polémique qui a enflé sur la question du ''et'' et du ''ou'' à la veille du référendum de 2000. Et finalement lors des élections organisées par le général-président en octobre 2000, Ado a été exclu du scrutin pour nationalité douteuse . L'ère Gbagbo a également eu son lot de petites crises avant le coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002 qui s'est finalement mué en rébellion. On attribue également la paternité de cet autre coup de force à Ado qui avait, peu avant, prévenu lors d'un déplacement à Korhogo qu'il rendrait ce pays ingouvernable. De Bédié à Gbagbo en passant par Guéi, le président du RDR
s'est construit le mythe d'homme politique exclu pour ses origines nordistes. En réussissant à faire passer, dans l'opinion internationale, ce qu'on lui reproche comme de l'acharnement. Mais maintenant que la page de l'exclusion est tournée, le RDR est face à un autre chalenge. Celui de pouvoir confirmer la popularité d'Ado et gagner les élections. Le bravetchê qu'on a longtemps présenté comme un ''politicien de salon'' veut montrer qu'il a des tripes. Il a donc décidé de faire mentir ses adversaires en s'essayant à l'exercice du terrain. Surtout que c'est pour la première fois qu'il vit l'euphorie et le stress d'une campagne électorale. Ce n'est pas le plus facile. Surtout après la publication du récent sondage de la TNS SOFRES (un institut que Ado sait pertinemment crédible), qui présente le RDR comme le ''dernier de la classe'' à l'issue du scrutin du 29 novembre. Mais il y va de la survie même du RDR, car en cas de
défaite, les républicains n'auront certainement plus d'arguments. Ado et les siens sont donc à la croisée des chemins.

Mireille Abié

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