jeudi 6 août 2009 par Le Repère

Tout le monde le sait, les récents resulats au bac 2009 ont été les plus catastrophiques, 20,27%. Claude Daniel Djè Konan est professeur d'Allemand, il est aussi le président de l'Ong Germaniste qui fait la promotion de la langue allemande. Dans cet entretien, il explique les raisons de cette débâcle scolaire.

Quel est votre commentaire relatif au 20,27% du taux d'échec au Bac 2009 ?

C'est assez désolant pour un pays comme la Côte d'Ivoire qui était un pays phare. Aujourd'hui, ce résultat nous interpelle tous parce que ce sont nos enfants qui doivent nous remplacer. Or, avec ce résultat, je me rends compte que la relève ne peut être pas assurée. Il y a de quoi à avoir peur. Nous sommes dans un système où les enfants n'ont aucune considération pour leur maître. Car, la politique leur a appris à renoncer à tout ce qu'il y a comme valeur. Les enfants, aujourd'hui, n'ont pas peur de prendre des machettes, des couteaux et même des pistolets contre leur maître. La deuxième raison, c'est que dans la plupart des établissements publics, il n'y a pas assez d'enseignants. Faute de poste budgétaire, l'on ne recrute pas beaucoup d'enseignants (En Allemand, Anglais, Espagnol). Et pourtant, les élèves doivent composer dans ces matières. En plus de cela, dans les zones de la rébellion, il n'y a que des enseignants bénévoles. A Séguéla, par exemple, il y a eu 5% de réussite. Est-ce que ces enseignants ont les compétences requises. A ce jour, il y a le problème de la triple correction. On impose une seule correction pour un examen aussi important que le bac, le Bepc et le Cepe.


Entre l'apprenant, l'enseignant, les parents et le politique, qui est responsable de cette débâcle scolaire ?

Chacun est responsable. Prenons l'apprenant qui, aujourd'hui, s'intéresse de moins en moins à sa formation. L'enfant est à l'image de son géniteur. On enseigne la bassesse à l'enfant. Il y a la responsabilité des parents qui ne font rien dans l'éducation de leurs enfants. Ils n'encadrent plus leurs enfants. Ils engagent des maîtres de maison qui ne sont portés que sur l'argent. On demande aux parents de se rentre dans les écoles pour établir de bons rapports avec les formateurs de leurs enfants. La responsabilité des enseignants est aussi engagée. Il y a aussi la complicité des membres du secrétariat de correction. Il y a des enseignants qui viennent corriger juste pour de l'argent. Pendant que vous êtes à 50 copies, eux, ils sont à 150 copies. Il y a la responsabilité de l'Etat. L'on ne peut pas être dans un pays où il y a plus d'établissements privés que publics. Il y a eu une grève où les enseignants du privé ont revendiqué un ministère à eux. On les a subordonnés au service autonome de la promotion de l'enseignement du privé (Sapep). Mais le Sapep ne fait rien dans ce sens. Il y a un laisser-aller total.


Le ministre de l'Education nationale a expliqué le pourcentage en soutenant que c'est parce qu'il n'y a pas de "pétrole", quel commentaire faite vous ?

Ce n'est pas une question de "pétrole". L'échec s'explique ailleurs. Il faut mettre à la disposition de l'éducation nationale les moyens. On ne peut pas, comme ils le disent, à cause de poste budgétaire tuer l'avenir de nos enfants. L'on utilise l'argent à d'autres fins. Il faut que l'Etat s'occupe des écoles. Lorsque je prends le cas de Yopougon nous avons 4 établissements publics pour près de 100 écoles privées. L'Etat doit se rabattre sur le privée, il faut que l'état sache que ceux qui animent ce privé doivent manger. Houphouët-Boigny a dit "l'homme qui a faim n'est pas un homme libre". Ce n'est pas un problème de pétrole. Ouvrons les yeux, l'état fuit ses responsabilités. L'état n'a aucun égard pour les enseignants du privé. Je suis désolé, ce n'est pas une affaire de "pétrole".

Interview réalisée par Foumséké Coulibaly.

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