vendredi 31 juillet 2009 par Fraternité Matin

Annoncé à grand renfort de publicité, après les fortes pluies de juin qui ont fait une vingtaine de morts, son application n'est jusqu'ici pas effective.

Les populations sinistrées habitant les zones dites à risque commencent à perdre espoir. Certains tout de même attendent la résurrection annoncée par le plan d'urgence Orsec. Dont l'objectif est de leur apporter assistance et prendre des mesures appropriées pour éviter d'autres catastrophes.

Colère et désespoir doublés d'un sentiment de trahison. Tels sont les sentiments qui se dégagent, lorsque vous évoquez les mesures gouvernementales de sauvegarde des populations sinistrées avec les habitants des quartiers précaires, tels que Gobélé à Cocody, Banco et Ayakro à Yopougon.

Loin des émotions et autres tristesses des premiers jours de deuil généralisées au mois de juin, ces quartiers dits à risque ont retrouvé leur vie habituelle. Petits commerces dans les couloirs, cabarets de boissons frelatées pour la plupart, ont retrouvé leur effervescence habituelle, soutenue par des airs de musique locale.

Derrière ce décor qui laisse transparaître une sérénité apparente, quelques décombres de maisons qui ont fait des victimes sous les eaux de pluies sont encore visibles. Ce qui cache mal la crainte des populations de se retrouver encore une fois au centre d'une catastrophe susceptible d'entraîner des pertes en vie humaine. Cette crainte est d'autant vivace, que lorsque vous évoquez la question des mesures de sécurité promises par le gouvernement dans le cadre du plan d'urgence Orsec, ces populations égrènent aussitôt leurs griefs et inquiétudes relativement aux prochaines pluies. Les gens nous ont promis monts et merveilles. Mais jusqu'à présent, rien n'est fait. Nous nous demandons si nous comptons toujours parmi les habitants de ce pays, s'indigne Djaha Koffi. Et d'ajouter que malgré leurs maigres moyens, ils se sont vus obligés d'accueillir les rescapés des récentes catastrophes, sans qu'aucune aide leur ait été allouée.



Si pour ce dernier, ce constat de non assistance parait nouveau, ce n'est pas le cas de Gueï Lambert, qui dit avoir été témoin de plusieurs catastrophes, pour avoir habité Gobélé depuis plusieurs années. Comme toujours, nous attendons les autorités lors des prochaines pluies, pour regarder les corps de ceux qui vont encore périr, dénonce le septuagénaire, qui dit ne pas croire un seul mot de toutes ces belles promesses du plan Orsec.



A côté des populations du quartier précaire Banco qui se considèrent comme des laissés-pour-compte, les fanico , eux, ont été emportés par le vent du plan d'urgence. Obligés ainsi de quitter leur site habituel du Banco, pour se disputer un cour d'eau à quelques encablures de là aux laveuses de sachets de récupération.



Face à toutes ces récriminations des populations sinistrées qui ne voient rien venir, le préfet de région des Lagunes, préfet d'Abidjan, Sam Etiassé, par ailleurs coordonnateur du plan Orsec, demande aux habitants des zones à risque de garder espoir. Nous sommes en train de chercher la meilleure formule pour sauver ces populations des futures catastrophes, révèle le préfet de région. Qui, parlant du plan Orsec, explique que sa mise en ?uvre effective est pour bientôt.



Toutefois, l'administrateur confie que son équipe à ce jour, a fini d'identifier toutes les zones à risque de la ville d'Abidjan. En mettant un accent particulier sur les communes d'Abobo, d'Adjamé, d'Attécoubé, de Cocody et de Yopougon. Dans lesquelles existent un nombre plus important de bassins d'orage et de maisons à risques.



Dans l'immédiat, poursuit le préfet d'Abidjan, 5000 personnes sont concernées par le déplacement. Mais à très court terme, nous allons déplacer 631 personnes venant du quartier Lem à Yopougon, du Banco et d'Abobo

A la question de savoir quand exactement et vers où ces populations seront déplacées, le préfet Sam Etiassé reste prudent Je veux laisser la primeur au ministre de l'Intérieur de l'annoncer .Toutefois, le coordonnateur du plan Orsec explique que l'option première de recaser les populations concernées au Palais des sports et ensuite dans des écoles est désormais caduque. Car dira-t-il, après la visite du Palais des sports, il s'est avéré que cet endroit n'était pas approprié, parce qu'il fallait tenir compte des droits et de l'intimité des familles. Quant aux établissements scolaires, cette option a été écartée parce que la période a coïncidé avec les examens de fin d'année. Or, ces établissements étaient pour la plupart des centres d'examen. Même si on avait utilisé ces écoles, on aurait eu juste deux mois, puisque la rentrée pointe du nez. En plus, il aurait fallu de l'argent pour les réhabiliter . Résultat : les populations concernées attendent toujours et le plan Orsec continue de réfléchir pour trouver la meilleure formule pour enfin leur redonner le goût de vivre. Pourvu que cette réflexion ne se ne poursuive pas jusqu'aux prochaines pluies, pour grossir à la longue le nombre de sinistrés.

Marc Yevou

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