mercredi 29 juillet 2009 par Nord-Sud

Le président du groupe de la Bad a annoncé hier une importante mission de son institution à Abidjan pour prendre en compte les préoccupations du secteur privé en vue de la relance post-crise.

La Banque africaine de développement (Bad) a toujours été vue comme une institution qui finance uniquement les gouvernements. Elle veut rompre avec cette image. Hier, au cours d'une rencontre avec le secteur privé ivoirien à Abidjan, le président du groupe de Bad n'a pas caché les intentions de son institution à venir en aide à l'appareil productif national durement éprouvé par la crise sociopolitique. Les pays africains sont tous focalisés sur la politique. Le vrai défi est le défi économique. Nous allons envoyer une mission du département du secteur privé à Abidjan pour passer une semaine avec vous et vous écouter. Je souhaite que cette mission arrive très rapidement et que vous ayez un dialogue ouvert avec le secteur privé, a annoncé Donald Kaberuka aux opérateurs économiques. Selon lui, des facilités de crédit sont de plus en plus mises en place pour soutenir le financement du développement notamment l'action des banques commerciales. Cette volonté d'appui en direction du privé avec un point d'honneur au secteur financier, n'a pas pour objectif d'évincer ces organismes nationaux. Mais de leur donner une forte capacité financière en vue de faire face aux besoins des entreprises. Nous avons signé, il y a deux semaines avec la Banque mondiale et le Secrétaire général de l'Omc des facilités de crédit de plus de 250 milliards Fcfa (500 millions de Dollars US) pour financer le commerce. La Bad a aussi mobilisé plus de 250 milliards de Fcfa pour soutenir le privé. Mais, il faut évaluer les risques de façon froide et technique avant tout engagement. Nous voulons à travers cela, attirer l'attention d'autres investisseurs en Afrique, a indiqué le président de la banque. Avant de souligner que la Côte d'Ivoire doit poursuivre ses efforts en matière d'assainissement des finances publiques. D'autant que les actions menées ont permis à Abidjan de renouer avec les bailleurs de fonds et d'engager le processus d'apurement de la dette extérieure. La Bad a mobilisé 240 milliards de Fcfa sur fonds propres pour soutenir les efforts du gouvernement ivoirien. Ce n'est qu'une étape, insiste M. Kaberuka, car la mise en ?uvre des projets va de paire avec la paix et la stabilité. Le secteur privé s'est dit être en phase avec son hôte. Le vice-président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire et le président de l'Union des grandes entreprises industrielles de Côte d'Ivoire (Ugeci), Angora Tano, ont dépeint l'environnement dans lequel évolue les entreprises. Il s'agit entre autres, des problèmes liés au manque de compétitivité dû en grande partie à la dégradation avancée des infrastructures, l'environnement des affaires hostile à cause de l'absence de la bonne gouvernance. Les opérateurs économiques ont déploré le non paiement des crédits de Tva qui ne cessent de s'accumuler et avoisinent aujourd'hui plus de 100 milliards de Fcfa. Un véritable frein au réinvestissement. La question des impayés devient aigüe. Il faut qu'une solution soit trouvée, a réagi le patron de la Bad. Toujours à ce sujet, le représentant résident du Fonds monétaire internationale, Philippe Egoumé, a rappelé que son institution a fait des décaissements dans le cadre du programme Frpc (Facilité pour réduction de la pauvreté et pour la croissance). Un financement insuffisant compte tenu de ce qui a été accumulé. Il faut noter qu'avant d'être face au secteur privé, le président de la Bad a été reçu dans la matinée par le Premier ministre, Guillaume Soro. C'est en fin d'après-midi que Donald Kaberuka a été reçu en audience par le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Avec les autorités ivoiriennes, il a passé en revue l'évolution de la situation politique, économique et sociale du pays.

Cissé Cheick Ely

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