mercredi 29 juillet 2009 par Notre Voie

Lors de sa tournée dans le Moyen-Cavally, le ministre Amon Tanoh, membre de la direction du RDR a demandé pardon aux populations Wê au nom, a-t-il dit des hommes politiques et des partis politiques. En réalité, ce pardon était celui du RDR.

Marcel Amon Tanoh, directeur de campagne du candidat du RDR, Alassane Ouattara revient d'une tournée dans le moyen-Cavally. Au cours de la conférence de presse qu'il a animée récemment pour faire le point de ladite tournée, il a expliqué qu'il s'agissait pour lui de demander pardon aux populations Wê qui ont vécu le martyr pendant la guerre que le pays a connue. Quand on a fauté à l'endroit de quelqu'un, on lui demande pardon. Cela m'apparaît comme une évidence?, a-t-il dit.

Au nom de qui Amon Tanoh a-t-il demandé pardon et pourquoi l'a-t-il fait ? Le ministre Tanoh soutient qu'il demande pardon au nom des partis politiques et surtout des hommes politiques qui ont, selon lui, chacun une part de responsabilité dans l'éclatement de la guerre. Les informations en notre possession font état de ce qu'en dehors de son parti, le RDR, Marcel Amon Tanoh n'a reçu mandat d'aucun autre homme politique et d'aucun parti pour aller demander pardon aux populations du moyen-Cavally. Il a donc agi uniquement au nom du RDR et d'Alassane Dramane Ouattara.

En effet, au cours d'une rencontre en juin dernier avec les Forces Nouvelles à Bouaké, Alassane Ouattara a déclaré que la guerre était indispensable. Or nul n'ignore que le peuple Wê du Moyen-Cavally a particulièrement souffert de cette sale guerre. Il a été victime d'un véritable génocide perpétré par les rebelles. Des villages entiers ont aujourd'hui disparu de la carte du pays. Certains êtres humains ont été entassés dans des maisons auxquelles les rebelles ont mis feu. D'autres ont été précipités vivants dans des puits. Des femmes enceintes ont été tuées. Les plus chanceuses ont été violées. Par exemple à Toulépleu, dans presque tous les villages,l'on trouve des fosses communes où les victimes ont été ensevelies . Pour Alassane Ouattara, toutes ces atrocités qui dépassent l'entendement humain étaient indispensables. Ces propos avaient choqué l'opinion publique ivoirienne. Ce, d'autant plus qu'on se souvient que Koné Zacharia, l'un des chefs de guerre avait clairement indiqué, au cours d'un meeting tenu à Bouaké en pleine guerre, que les rebelles avaient pris les armes au nom d'Alassane Ouattara.

La déclaration du président du RDR relative à la guerre avait suscité l'indignation des Forces de Défense et de Sécurité nationales. Celles-ci avaient alors vigoureusement réagi par la voix du général de division, Philippe Mangou, chef d'état-major des armées. C'est seulement après cette réaction que M. Ouattara avait pris conscience de la gravité de sa déclaration. Il avait alors actionné son parti aux fins de présenter des excuses aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS). On peut donc placer la démarche d'Amon Tanoh, son directeur de campagne sous ce signe. Tout le reste n'est que diversion.

En effet, après la guerre, le leader du RDR a des appréhensions pour se rendre dans certaines zones du pays. Et les félicitations aux ex-rebelles pour avoir massacré, pour avoir fait cette guerre ont accru la peur du bravetchê?. La tournée du ministre Amon Tanoh répond à la volonté de Ouattara de se ressaisir et tenter d'apaiser les c?urs meurtris par son indispensable guerre, avant son arrivée dans ces zones. Le réussira-t-il ? Rien n'est moins sûr.

En tout état de cause, en se cachant derrière la formule chaque homme politique a sa part de responsabilité dans la guerre?, Alassane Ouattara montre une fois de plus qu'il manque de courage à assumer les actes qu'il pose.


Boga Sivori bogasivo@yahoo.fr

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