Pour ceux qui ne le sauraient pas, la Banque africaine pour le développement (Bad) ne finance pas que les Etats. Elle apporte aussi bien son appui au secteur privé. Au deuxième jour de sa visite en Côte d'Ivoire, le président de l'institution, Donald Kaberuka, a insisté là-dessus, lors de la rencontre qu'il a eue avec les opérateurs économiques du pays, à la Chambre de commerce et d'industrie. D'ailleurs, une enveloppe d'un milliard de dollars (environ 500 milliards de francs CFA) a été dégagée pour financer le commerce. La moitié de cette somme est co-gérée avec la Société financière internationale (Sfi), l'organisme de la Banque mondiale chargé du financement du secteur privé. Le président de la Bad a annoncé, hier, cette bonne nouvelle qui s'adresse principalement aux banques. En ce qui concerne les conditions à remplir pour bénéficier d'un prêt au titre de ce fonds, le président Kaberuka a annoncé la venue très prochaine d'une délégation de la Bad à Abidjan pour fournir toutes les explications. Déjà, il prévient que bien qu'étant prêts à travailler avec le secteur privé, il reste que nous sommes une banque. Et donc nous allons évaluer froidement nos risques pour mieux vous aider. Aussi, voudrait-il qu'on ne se méprenne donc pas quant aux procédures utilisées. Ce que vous appelez lourdeurs sont des étapes qu'on ne peut pas sauter. Elles sont capitales 30 jours, ce n'est pas une lourdeur. Pour achever de convaincre les uns et les autres que la banque ne finance pas seulement les Etats, mais qu'elle est aussi engagée auprès du secteur privé, il a rappelé certaines actions déjà menées. Il s'agit, en Côte d'Ivoire, de l'appui apporté lors de la construction de la centrale électrique d'Azito. Ailleurs, elle a participé au financement d'une autoroute à péage au Sénégal, d'un hôtel 5 étoiles au Ghana, etc. Le président Kaberuka pense que l'heure est venue pour la Côte d'Ivoire de faire en sorte de bénéficier davantage des appuis. D'où la mission qui viendra très prochainement, à Abidjan, à la rencontre des acteurs du secteur privé. M. Kaberuka veut surtout que les Ivoiriens comprennent que le vrai défi pour la Côte d'Ivoire est celui de l'économie . C'est d'ailleurs pour cela que la Bad a fait ce qu'elle pouvait pour aider à la normalisation de ses rapports avec la communauté financière internationale. Faut-il le noter, la banque a décaissé au total 240 milliards de francs Cfa dans l'opération. Les acteurs du secteur privé, par la voix du vice-président de la Confédération générale des entreprises de Côte d'Ivoire, Angora Tano, avec un franc-parler, ont invité la Bad à être parmi les partenaires au développement qui viendraient sauver le secteur privé ivoirien de ses nombreux problèmes. Il cite, entre autres, la défaillance des infrastructures qui porte atteinte à la compétitivité des entreprises, l'environnement difficile des affaires du fait de la longueur de la crise politique et surtout le problème du non-recouvrement des créances dues par l'Etat. Notamment, en ce qui concerne le remboursement de la TVA. Ce sont, au total, près de 100 milliards de francs que l'Etat reste devoir aux entreprises. Le comble, dit-il, c'est que cette dette devient structurelle dans la mesure où elle s'accumule d'année en année.
En ce qui concerne la disposition de la Bad à financer le secteur privé, les opérateurs économiques perçoivent cela comme une bouée de sauvetage. Puisque, comme le fait savoir M. Angora Tano, ils ne bénéficient plus de garanties de l'Etat, alors que des secteurs comme celui de l'agro-industrie ont besoin de gros financements, à long terme.
Le président de la Bad a été reçu en audience par le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo en fin d'après-midi. Dans la matinée, il a eu des échanges avec le Premier ministre Soro Guillaume. Il a expliqué aux deux autorités le but de sa mission en Côte d'Ivoire. A savoir, s'informer sur la situation politique et économique et les préparatifs des assemblées annuelles de la Bad en Côte d'Ivoire en 2010 Il est venu surtout les encourager à aller vite.
Alakagni Hala