mardi 28 juillet 2009 par Fraternité Matin

La forte accumulation de dette publique intérieure par les Etats membres (1400 milliards au total) est devenue un facteur d'inflexion des investissements publics et surtout privés dans l'espace de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Parce qu'elle impacte négativement sur les activités économiques des pays, à travers notamment les pressions qu'elle exerce sur les entreprises publiques et privées, et partant, sur le secteur bancaire. Mais également la peur qu'elle suscite chez de nouveaux investisseurs étrangers et nationaux. Ce faisant, cette accumulation des arriérés intérieurs freine la mobilisation des investissements directs étrangers (Ide) dont l'apport dans la croissance économique nationale est indéniable. C'est conscient de ce fait que l'Uemoa, à travers ses ministres de l'Economie et des Finances, se sont réunis hier, à l'Agence principale de la Bceao d'Abidjan, en conseil extraordinaire. Pour cerner l'état de ces arriérés dans l'Union en vue de trouver des solutions susceptibles d'aider à éviter de nouvelles accumulations et donc à relancer les investissements productifs et à créer emplois et richesses. Hier, à l'ouverture du conseil extraordinaire, le ministre ivoirien de l'Economie et des Finances, Charles Koffi Diby, président du conseil des ministres de l'Uemoa, a rappelé qu'en juin dernier, réunis à Dakar, les ministres des Finances avaient instruit la Commission, l'Uemoa, la Bceao, la Boad et le Conseil régional de l'épargne et des marchés financiers sur " les travaux en cours en vue d'évaluer l'ampleur de l'accumulation des arriérés de paiement sur la dette intérieure des Etats membres et de proposer des solutions durables pour leur résorption". La réunion d'Abidjan apparaissait donc comme une occasion pour les argentiers des gouvernements des Etats de l'Union de mieux appréhender le diagnostic en vue d'adopter une thérapie qui permettrait d'être en harmonie avec le pacte de convergence de l'Uemoa. Car, "la non-accumulation des arriérés de paiement intérieurs a fait l'objet d'un critère de premier rang du pacte de convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité de l'Union", a déclaré le ministre Charles Koffi Diby. Pouvait-il en être autrement quand on sait que la problématique liée aux arriérés intérieurs a toujours préoccupé les institutions de Bretton Woods que sont le Fmi et la Banque mondiale ? Lesquelles institutions font de la non-accumulation de la dette publique intérieure, un indicateur quantitatif de la plupart des programmes économiques et financiers conclus avec les pays. Parce qu'elle plombe la bonne marche des affaires, des économies nationales. Et en guise de thérapie, les ministres des Finances de l'Uemoa, sous la houlette du président du conseil, ont décidé d'injecter 900 milliards de francs Cfa dans les huit Etats membres de l'Uemoa pour leur permettre d'apurer de façon substantielle leurs arriérés intérieurs. "Les ministres ont décidé de mettre en oeuvre des mesures urgentes en vue de trouver une solution rapide et durable à ce problème. A cet effet, ils ont identifié des ressources financières d'un montant global d'environ 900 milliards représentant les 2/3 du stock actuel des arriérés de paiement intérieurs estimé à 1 400 milliards", note-t-on dans le communiqué final de cette réunion extraordinaire du conseil des ministres des Finances de l'Union. C'est un effort considérable qui est fait, puisque, avant la rencontre d'Abidjan, il était plutôt question que la Banque centrale décaisse 200 milliards de francs Cfa pour permettre aux Etats d'apurer une partie des dus des fournisseurs. Mais soucieux de donner un signal fort aux opérateurs économiques et aux banques commerciales sur la volonté des gouvernants d'impulser une nouvelle dynamique aux activités productives, génératrices de revenus et d'emplois, l'Union a mis la main à la poche. Sans hésiter. En fait, les Etats s'engagent à apurer immédiatement environ 64,3% des arriérés de dette intérieure accumulés globalement par les pays. En outre, le conseil des ministres a terminé sa réunion extraordinaire par d'autres recommandations expresses: Car lit-on dans son communiqué final : "en complément de ces ressources, le Conseil des ministres a recommandé aux Etats, en fonction de leurs spécificités, de recourir aux instruments du marché financier régional en vue de mobiliser les financements les plus adaptés". Sans oublier de mettre en oeuvre tous les efforts susceptibles de permettre aux Etats de bénéficier de l'appui des partenaires au développement, notamment dans le cadre des mécanismes mis en place pour atténuer l'impact de la crise économique mondiale sur les pays pauvres. Comme l'a prévenu le ministre Diby, à l'ouverture de ce conseil extraordinaire auquel ont pris part Soumaïla Cissé, président de la Commission de l'Uemoa, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, gouverneur de la Bceao, et Abdoulaye Bio-Tchane, président de la Banque ouest-africaine de développement (Boad), il était important de prendre des mesures vigoureuses et urgentes contre l'accumulation des arriérés. Parce qu "elle nuit notamment à la bonne exécution du budget, à la santé financière des entreprises et donc des banques à cause du non-dénouement des crédits, à la promotion de l'emploi et au bon fonctionnement du marché financier régional".



Goore Bi Hue

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