mardi 28 juillet 2009 par L'intelligent d'Abidjan

Lors d'un récent voyage sur la ville de Man, informés que notre convoi était occupé en grande partie par des journalistes, plusieurs éléments des forces de l'ordre chargés surtout de la répression nous ont approchés afin d'interpeller l'opinion sur leurs conditions de travail. Il faut dire que c'est un véritable SOS qui a été lancé vers les autorités compétentes pour qu'on leur octroie quelques moyens , comme ils l'ont souligné. Ces agents nous ont affirmé qu'ils travaillent encore comme à l'âge de la pierre. Cela revient pour eux à fouiller corporellement chaque passager et à faire descendre chaque bagage pour une inspection minutieuse. Cela prend du temps et soulève la colère des passagers et des convoyeurs. Et puis, c'est une perte de gain pour notre économie , a reconnu un des agents. Mais il a affirmé qu'en l'état actuel des choses, leur département n'avait pas d'autres alternatives que ce travail assidu, et souvent vain. Il ne faut pas être devin pour savoir que cette méthode est inefficace et improductive. Comme nous l'a expliqué un commandant, si ce n'est pas sur un coup de pot, une information extrêmement précise ou le comportement suspect d'une personne, il n'y a généralement pas de prise car on ne peut pas fouiller des centaines de milliers de voyageurs par jour et des millions de tonnes de bagages . Quelle serait donc la solution pour un pays en crise économique comme la Côte d'Ivoire ? Le commandant N.P est conscient qu'il serait difficile qu'on leur procure un appareillage de haute technologie, peut-être à de rares corridors mais là encore ce n'est pas sûr. Cependant, une méthode avait bien marché dans le passé et elle reste la mieux adaptée pour les villes et zones de l'intérieur du pays. Il s'agit de reconduire l'utilisation des chiens-renifleurs. Les canidés ont l'ouie, la vue et surtout l'odorat beaucoup plus développés que l'homme. Un chien-renifleur peut sentir la trace infime d'une substance illicite dans un car ou parmi une masse importante d'affaires , a précisé notre interlocuteur. Cela va redoubler leur efficacité et réduire la perte de temps. Seulement, si cette méthode revient moins chère que l'utilisation de la haute technologie (scanner, camera infra rouges,), elle a aussi un coût qu'il faudra supporter pour l'Etat. Entre l'achat de chiens, car ceux commis à cette tâche sont des chiens de race (berger allemand) et l'entraînement spécifique sur une période plus ou moins longue qu'ils reçoivent, il faut faire certains investissements. A l'époque, deux chiens-renifleurs ont eu le grade d'adjudant. Ils sont morts depuis, et l'expertise accumulée s'est peu à peu malheureusement perdue. Pourtant, les nouvelles ne sont pas bonnes concernant la lutte contre le trafic de drogue et de stupéfiants sous nos contrées. Les rapports du département d'Etat (ministère des Affaires Etrangères) des USA et ceux de plusieurs chancelleries européennes soulignent que l'Afrique de l'Ouest est devenue une plaque tournante du trafic de l'héroïne, de la cocaïne et d'amphétamines. Pire, les analystes affirment qu'une partie importante de ce trafic va alimenter les fonds de structures terroristes. En développant des activités mafieuses (trafic d'armes et de drogue) dans nos pays, les terroristes en profitent pour les déstabiliser. Le Mali et le Niger, pays voisins à la Côte d'Ivoire combattent déjà sur leur territoire des réseaux mafieux islamistes. Notre pays en se dotant de structures adaptées participera assurément à cette lutte globale contre le terrorisme. Mais pour cela, il faut dès maintenant prendre les dispositions idoines. Et cela ne pourra se faire sans l'aide des partenaires au développement qui ont l'expertise et les moyens nécessaires de booster le combat contre les stupéfiants et autres drogues qui gangrènent la jeunesse et déstabilisent nos Etats.

Olivier Guédé

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