mercredi 15 juillet 2009 par Le Nouveau Réveil

Le lundi dernier, le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, a évité de rencontrer au corridor de Saïoua, son aîné, le ministre d'Etat, ministre du Plan et du développement, Paul Antoine Bouabré. En effet, aux environs de 11h, les autorités administratives et coutumières de Saïoua étaient toutes réunies au corridor pour accueillir le ministre d'Etat, Bouhoun Bouabré, qui arrivait d'Abidjan la capitale économique. Comme s'ils s'étaient donné rendez-vous à ce lieu, ces deux cadres de Saïoua sont arrivés pratiquement au même moment au corridor. Ainsi, Tagro qui était depuis le samedi dans la ville est tombé à pic sur la réception de Bouhoun Bouabré. Et contre toute attente, il n'a pas jugé utile de descendre (ne serait-ce que quelques minutes) pour souhaiter la bienvenue à son aîné. Dans un cortège impressionnant, son véhicule a freiné, donnant l'impression qu'il allait descendre pour s'associer à la réception de son ancien ennemi mais Désiré Tagro a tout simplement choisi de continuer son chemin. Tout cela, à la surprise générale de toutes les personnalités présentes qui, après avoir observé les civilités, ont raccompagné le ministre Bohoun Bouabré à sa résidence de Saïoua. Cet acte n'aurait rien dit à personne si ces deux ministres, natifs du canton Yocolo, n'avaient procédé le samedi 13 juin dernier, devant Dieu et les hommes, à une réconciliation. La logique aurait voulu qu'après cette ''reconstitution'', Tagro Désiré, dans une telle situation, marque un arrêt pour saluer le seul ministre d'Etat du gouvernement, Bouhoun Bouabré, qui plus est, est son aîné. Faut-il comprendre là que la réconciliation qui nous a été donnée de voir est une véritable comédie ? Tout cela laisse entrevoir aisément que leur réconciliation n'aura certainement duré que le temps d'un feu de paille. Mais, est-ce parce que Tagro savait que Bohoun arrivait ce lundi qu'il est parti ce jour ? Ou n'est-ce pas parce que Bohoun Bouabré savait que Tagro était à Saïoua le samedi qu'il a décidé d'attendre le lundi pour s'y rendre ? Dans tous les cas, Tagro qui retournait à Abidjan et Bohoun Bouabré qui rentrait à Saïoua se sont croisés au corridor sans se parler. Pour mémoire, les deux ministres sont à couteaux tirés pour une question de leadership dans leur région natale. Bohoun Bouabré, après avoir raté son parachutage à la tête de la Bceao à Dakar, n'a pas vu d'un bon ?il que Désiré Tagro se soit totalement accaparé la fédération Fpi qui regroupe les départements d'Issia et de Saioua. Tagro, en effet, n'a pas fait dans la dentelle quand son aîné Bohoun qui espérait s'envoler pour Dakar lui a confié la fédération Fpi. Tagro qui n'espérait pas mieux avec les grands moyens dont il dispose a attiré à lui de nombreux cadres au point de créer son cercle d'action stratégique (CAS). Un véritable putsh qui ne dit pas son nom. La suite, on l'a connait. Bohoun Bouabré et ses partisans entrent en transe et au cours d'un meeting, le ministre d'Etat, ministre du Plan et du développement, charge violemment Désiré Tagro. La réaction de ce dernier ne se fait pas attendre. Au cours d'un meeting à Gbalam, le ministre de l'Intérieur attaque à son tour. Dans un proverbe, il déclare : " si tu es en lutte avec quelqu'un qu'il insulte ta maman (ta mère c), c'est qu'il a eu un coup violent. Si Bohoun parle beaucoup, c'est qu'il a eu un coup violent". Ces propos considérés par le ministre Bohoun comme injurieux à l'égard de sa génitrice n'ont fait que jeter de l'huile sur le feu dans les palabres qui opposaient les deux personnalités. Désiré Tagro n'a d'ailleurs pas démenti ses propos lors du dernier conclave en vue de la réconciliation. "Ta mère, je ne l'ai pas encore insultée, mais je vais l'insulter. Quand toi, tu disais que moi, Tagro, j'envoie les planteurs de cacao sans diplôme à la police, tu ne pensais pas que je pouvais insulter ta maman ?... " a-t-il chargé Bohoun Bouabré. Trois tentatives de réconciliation menées en effet par la chefferie de Saioua et le député Fpi Mady Bouabré n'ont pas réussi à amener les deux hommes à fumer le calumet de la paix. La quatrième, sous l'égide de Mme Odette Lorougnon et le Pr Dédi Séry, envoyés du président Laurent Gbagbo, était ainsi la quatrième tentative de réconciliation à laquelle beaucoup de personnes ne croyaient pas vraiment. La réunion en aparté tenue par chaque camp au domicile de chacun des leaders le dimanche 13 juin (lendemain de la cérémonie de réconciliation qui a eu lieu à l'Eglise de Saioua) avant de quitter la ville, la promesse de fête de la réconciliation de Désiré Tagro qui n'a jamais eu lieu, les positions radicales affichées par leurs partisans, annonçaient l'échec de la quatrième réconciliation. Bohoun Bouabré et Désiré Tagro viennent de le démontrer. Lundi dernier, ils ont montré à leurs parents qu'ils ne se sont vraiment pas réconciliés. Et peut-être qu'ils ne se réconcilieront plus jamais.

François Bécanthy
Envoyé spécial

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