mardi 14 juillet 2009 par Le Patriote

Le Patriote : Comment est venue l'idée d'un festival aussi atypique ?
Yacouba Sangaré: Le festival Ciné Droit Libre, à l'origine, a vu le jour à Ouagadougou au Burkina Faso en 2003. Il a été créé par l'association Semfilms à la suite d'une frustration née de la censure, par les autorités du Burkina Faso, de Boribana , un documentaire que les responsables de cette association, Luc Damiba, Abdoulaye Diallo et Gideon Vink, ont réalisé sur l'assassinat du journaliste Norbert Zongo. Séduite par cette initiative, l'Association Ciné Connexion que je dirige, avec mes confrères Fortuné Bationo et Roger Soumahoro, a décidé en partenariat avec Semfilms de perpétuer cette expérience ici à Abidjan. C'est ainsi qu'en juillet 2008, nous avons, avec le soutien du Goethe Institut Côte d'Ivoire, dont je remercie au passage la directrice Mme Verena Passig-Oulaï, initié le festival Ciné Droit Libre Abidjan. Notre objectif : offrir une tribune d'expression aux films qui abordent les questions des droits de l'homme et la liberté d'expression et surtout sensibiliser le public au respect des libertés fondamentales.

L.P. : A vous entendre, on a l'impression que vous voulez faire d'Abidjan la plate-forme des films engagés pour la défense des Droits de l'homme?
S.Y : Vous savez, la question des droits de l'Homme se pose avec acquitté dans un pays qui sort de sept années de crise militaro-politique. Je ne vous apprends rien, durant les heures chaudes du conflit, on a connu beaucoup de violations des droits humains et des atteintes graves à la liberté d'expression. Pour nous, l'essentiel n'est pas de ressasser ce qui s'est passé, mais plutôt de faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Et ce festival vient donc pour sensibiliser l'opinion nationale sur la question des droits de l'Homme. Au moment où nous sortons de la crise, il est important de susciter une réelle prise de conscience quant au respect des droits humains et de la liberté d'expression. Mais, au-delà de la sensibilisation, nous voulons surtout inciter à l'action, avoir des défenseurs de Droits de l'homme dans tous les foyers de la Côte d'Ivoire, prompts à réagir lorsqu'ils sont en face d'une violation des droits humains. Car, les droits de l'homme nous concernent tous.

L.P. : La deuxième édition de Ciné Droit Libre vient de s'achever. En tant qu'organisateurs, quelles sont les satisfactions ?
S.Y : Notre première satisfaction est la tenue de ce festival, en dépit du manque de moyens financiers. La deuxième, c'est la pertinence et la qualité des débats qui ont suivi les projections de films. Le public, dont une bonne partie d'étudiants, a participé aux débats avec engagement. Et les débats étaient vraiment intenses. Nous sommes d'autant plus satisfaits qu'à la sortie de cette deuxième édition, certains participants nous suggéraient de projeter ces films-là dans les lieux publics. Quand d'autres nous félicitaient et surtout nous encourageaient à persévérer dans cette voie. Nous sommes aujourd'hui persuadés qu'il y a en Côte d'Ivoire, un public pour les films qui dénoncent les violations des Droits de l'Homme et la liberté d'expression. Cela est réconfortant, même si nous n'avons pas eu l'affluence que nous espérions. Je voudrais profiter de vos colonnes pour remercier tous ceux et toutes celles qui ont effectué le déplacement au Goethe Institut et à la Cité Rouge pour suivre ce festival. Nous les félicitons pour leur engagement en faveur de la défense et de la promotion des droits humains et de la liberté d'expression. Nous leur donnons rendez-vous l'année prochaine pour la 3ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan.
Par M.K

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