lundi 13 juillet 2009 par Le Nouveau Réveil

Après sa défaite surprise lors des récentes élections du Conseil d'administration du Burida, Antoinette Aya Konan s'est confiée, hier dimanche 12 juillet 2009, à "Le Nouveau Réveil". Dans cet entretien, la reine de l'Ahoko dénonce les irrégularités qui ont émaillé l'élection du vendredi 10 juillet dernier. En outre, elle ne croit pas à la victoire de Gadji Celi St Joseph pour présider aux destinées du Burida nouveau.

Antoinette Konan, le vendredi dernier, il y a eu l'élection des membres du Conseil d'administration du Burida. Une élection à laquelle vous avez postulé. Malheureusement, vous avez été battue. C'était une grande surprise. Alors qu'est-ce qui n'a pas marché ?
Merci d'abord de vous intéresser à moi pour les seconds tours des élections pour le compte du Pca du Burida. Tout a marché chez nous. Tout a marché. C'est moi qui ai refusé de payer des pots de vin c'est pourquoi on n'a pas voté pour moi.

C'est-à-dire ?
Ceux qui ont été votés ont donné de l'argent aux artistes. Or moi, les artistes savent que j'ai mes principes concernant la question. Je n'ai pas changé de logique. Je suis sortie et c'est tant mieux. Parce qu'à l'extérieur, on travaille mieux que quand on est dedans. Donc pour moi, tout va bien, l'équipe est toujours là, ce n'est pas moi seule, je n'en parlerais pas mais mon équipe est encore là-bas. C'est le maillon, le fermoir qui est cassé. Mais on peut en trouver un autre. Donc, il n'y a pas de problème. Ça continue de marcher, on est toujours dans la course.

Vous dites que des personnes ont proposé de l'argent aux artistes. Est-ce que vous avez les preuves ?
L'argent circulait dans la salle. Nous, on en parlait. Il y avait des mallettes d'argent qui circulaient dans la salle. Donc, il y a eu des achats de conscience. Moi, je ne veux pas entrer dans ça. Je me dis que quand on est artiste, on sait où on va. Ce n'est pas de la politique que nous faisons. Donc, on n'a pas besoin de se faire acheter. J'essaie d'être indulgente comme, on parlera de piraterie. Et la piraterie a le dos large en ce moment. Les artistes ne perçoivent plus leur droit, ils sont affamés, je comprends que c'est un temps. Mais quand les gens commencent à entrer dans le chantage, dans la roublardise, dans l'arnaque, je dis que je ne marche pas dans ça.

Maintenant que vous êtes sortie, que devient Antoinette Konan ? Qu'est-ce que vous allez faire maintenant?
Je continue. Même si j'étais Pca du Burida, je continuerais. J'ai mes activités, je n'arrête pas de travailler. Je suis là, je demeure l'artiste Antoinette Konan. Je vais toujours apporter ce que je peux apporter à ceux qui veulent écouter et à ceux qui veulent voir clair.

Qu'est-ce que vous voulez apporter ?
J'ai toujours apporté ce que je pense nécessaire à ce milieu. C'est-à-dire combattre le sectarisme qui, chaque fois, intervient quand il s'agit de se présenter à une quelconque élection du Burida comme si c'est moi qui ai créé le Burida donc il faut forcement que tous ceux qui viennent, viennent de Béoumi, ça n'a pas de sens. En ce moment, on est en train de réfléchir. Mais je pense que pour que les choses changent véritablement, au Burida, il va falloir inévitablement en arriver à la création d'une autre maison concurrente. Donc, nous sommes en train de réfléchir à cela, de pouvoir penser à la création d'une autre maison de gestion de droit d'auteur des artistes ivoiriens.

Cette façon de faire ne pourrait-elle pas diviser les artistes?
Mais, il y a déjà une façon de faire qui nous divise. La corruption qui a régné le jour des élections, au nez et à la barbe de tout le monde, divise aussi. Mais là, personne ne crie garde, personne n'en parle.

Avez-vous dénoncé ?
Moi, je suis sortie. Dès que j'ai fini de voter, je suis sortie de la salle. Donc je ne sais pas ce qui se passe. Il parait que les gens qui sont allés porter des réclations au ministère, se sont fait gazer, ça aussi, ce n'est pas digne de nous. C'est pourquoi, à un moment donné, j'avais pris sur moi, depuis 30 ans que j'existe dans ce milieu, de dire attention au ministre, par la sortie que j'ai faite m'adressant au ministre. Je dis bien depuis 30 ans que j'existe, c'est la première fois que j'adresse un courrier a un ministre de la Culture. Ça voulait dire ce que ça voulait dire.

Vous avez dit quoi ?
Le courrier est là. Il faut vous référer au courrier. Le courrier se trouve dans les journaux. La lettre est dans les journaux. Je lui ai fait un certain nombre de remarques, attiré son attention sur un certain nombre de choses, je lui ai fait des reproches. Mais les gens ont fait les choses avec légèreté. Et si on n'y prend garde, le Burida va échapper aux artistes.

Pouvez-vous expliquer les raisons pour lesquelles vous dites que le Burida va échapper aux artistes ?
Ecoutez, vous savez que dans le conseil, il y a douze collèges. Le douxième, c'est le nôtre. Ils ne sont pas nombreux, mais ils ne sont pas dupes. Nous, on va travailler pour les autres désormais parce que, en fait, si on est le collège le plus important, parce que c'est nous qui faisons entrer les droits, c'est-à-dire l'argent dans les caisses véritablement, nous allons nous retrouver perdants puisque personne ne passera. A force de nous combattre et d'intoxiquer les uns et les autres, personne ne passera. Il y a deux qui sont tombés, il ne reste que Gadji. Ce n'est pas sûr que Gadji passe parce que ceux qui sont là aussi ne sont pas bêtes. Donc la maison risque de nous échapper.

Vous avez des regrets ?
Tout le temps, c'est moi qui bavarde. Donc je ne peux pas avoir de regret. C'est moi qui dis aux artistes ne vous laissez pas acheter, ne vendez pas votre amodiaque, n'acceptez pas les pots de vin. Je n'ai rien à regretter. Moi, je garde mes idées, ma pensée, ma façon de faire, je garde vraiment mon objectivité concernant les artistes. C'est eux qui ne veulent pas grandir donc c'est eux qui paieront les pots cassés.

Cela fait trois fois que vous perdez. Allez-vous vous présenter une autre fois ?
Ça ne sera pas sûr que je me présente. Mais je vous assure que je n'ai pas regretté de m'être présentée trois fois. Parce que, chaque fois que je me présente, j'apprends des choses, je me cultive. Ce n'est donc pas un problème.

Antoinette Konan s'arrête ?
Je ne m'arrête pas. Je continue d'être Antoinette Konan. Je continue de produire, je continue de chanter. Je suis en train de vous dire qu'on est en train de penser à la création d'une autre maison de droit d'auteur pour que les choses changent véritablement dans le milieu des artistes. Donc je continue. Mais dans le sens de l'objectivité pour que d'autres artistes comprennent le sens de notre combat. Certains de nos frères intellectuels ont compris par rapport au scrutin de la dernière fois. Ils sont montés au créneau. Ils sont allés au ministère. Mais c'est trop tard. Donc moi, je vais ?uvrer dans ce sens pour que tous les intellectuels de ce pays s'intéressent réellement à la chose culturelle. Parce que, comme ils ne voient pas ce qui est fait dans le sens de la culture, ils préfèrent rester chez eux, croiser les bras, les choses n'avanceront pas.

Ne craignez-vous d'être combattue par rapport à la création d'une deuxième maison du droit d'auteur ?
Combattue par qui ? Pourquoi ? Nous sommes dans un pays démocratique. S'il faut qu'il faille s'en tenir à cette démocratie, je pense que idéologiquement cela ne devrait pas gêner. On ne fait pas de politique. Notre combat c'est faire en sorte que les droits puissent connaître un succès. Depuis longtemps, les problèmes du Burida, celui-là vient les gérer, il part avec l'argent, les gens dilapident l'argent du Burida. Il n'y a pas de sanction. Est-ce que vous avez appris qu'ils ont mis quelqu'un en prison parce qu'il a dépensé l'argent des artistes ? Mais pourquoi est-ce que les artistes ne pourraient pas s'organiser pour dire qu'on est fatigués de se faire ridiculiser, de se faire infantiliser et que nous-mêmes on crée notre maison pour que la concurrence soit forte et qu'on se respecte. On n'a pas le droit de penser ?

Est-ce que Antoinette Konan a-t-elle peur de la suite de ces élections ?
La peur que je manifeste actuellement et que je ne cache pas, c'est les artistes eux-mêmes. Ceux qui se sont fait acheter pour 100.000f. Cet argent, tu vas le dépenser en combien de jours ? Ce n'est rien. Donc tu vas te faire acheter pour quoi, pour te faire écraser. C'est ce que cela veut dire. C'est pourquoi je dis que je ne me suis pas amusé à dire à quelqu'un viens prendre ça.

Gadji Celi et Fodjo sont les probables candidats au poste de Pca. Antoinette Konan soutient qui ?
Cela n'a pas d'importance. C'est les artistes que je veux. Le meilleur passera.

Vous irez au vote ?
Mais oui. Je suis artiste. Mais je ne vote pas parce que ceux qui vont voter sont les 18 membres du Conseil qui ont été élus.

On parle de plus en plus de l'élection de Gadji Celi, est-ce que vous voyez de la même façon que les autres ?
Il faut que Gadji se réveille. Il faut qu'il se réveille parce que ce n'est pas sûr que les autres le laissent passer. Je pense que dans notre collège, on n'est que cinq (5). C'est vrai qu'il a des personnes qui sont avec lui. Mais elles sont combien ? Peut-être sept (7) ou huit (8) maximum.

Son adversaire direct n'est pas musicien mais c'est un candidat aussi sérieux ?
Il est artiste. Et je pense qu'il est quelqu'un d'intègre.

Donc vous cochez pour lui ?
Je ne le connais pas. Mais, nous sommes tous des artistes. Pour moi, l'essentiel, est que ce soit quelqu'un qui puisse faire honneur aux artistes qui passe. Puisqu'on parle du redressement de la maison, de redorer le blason de l'artiste qui s'est terni ainsi que de la maison, peu importe. Mais si c'est quelqu'un qui a les mains propres, je donne mon mot d'ordre et les autres le votent.

Interview réalisée par Djè KM et Innocent Yao (Stg)

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