vendredi 10 juillet 2009 par Le Repère

Une fois de plus, Dimbokro est sur la sellette, avec ce qu`il convient d`appeler l`affaire Nzi Paul David et Gnamien Yao. Malgré leur radiation, il semble qu`ils continuent d`agir au nom du PDCI RDA. Qu`en est-il exactement à la base et comment le PDCI se réorganise à Dimbokro après la décision du Conseil de discipline ? Le député et délégué départemental du Nguessan Koffi Bernard répond à ces questions, non sans parler de l`Assemblée Nationale et de Mamadou Koulibaly, son président.


Pourquoi c`est toujours à Dimbokro que s`élèvent les voix les plus virulentes contre le Président Bédié ?

Vraiment, cette question est virulente. Je pense que ce n`est pas seulement à Dimbokro. C`est dans toute la Côte d`Ivoire. A Dimbokro, nous avons un problème. Nous avons beaucoup de cadres et chacun veut absolument qu`on parle de lui. A Dimbokro, il y a eu le problème Alassane Ouattara, de Sidia Touré. Nous sommes en plein dans le mille avec N`Zi Paul David, Gnamien Yao et, j`en passe. C`est tout à fait normal. Là où il y a beaucoup de cadres, il y a également beaucoup de problèmes.


Monsieur le délégué, n`est-ce pas un problème d`encadrement des militants?

Quand on parle de N`Zi Paul David ou de Gnamien Yao, on ne peut pas parler d`encadrement de militants. David et Gnamien étaient membres du Bureau politique. C`est plutôt eux qui doivent aider le délégué à encadrer les militants. Donc, je ne pense pas que ce soit un problème d`encadrement.


On a l`impression que N`zi Paul David et Gnamien Yao sont les piliers du PDCI à Dimbokro qui ont décidé de s`en aller.

Non, nous sommes tous des piliers, même ceux qui ne sont pas promus sont des piliers. Je pense qu`il y a un problème de personne entre N`Zi Paul David et le président. D`ailleurs, le militantisme de David laisse à désirer dans la mesure où il n`a jamais participé à une réunion du PDCI convoquée par moi. Ce n`est vraiment pas un problème d`encadrement.


Cela n`a tout de même pas empêché qu`il soit candidat du Pdci aux conseils généraux.
Oui, il y a de cela 8 ans. A cette époque-là, nous ne pensions pas que N`zi Paul David aurait cette attitude qu`il a aujourd`hui. Et le Président Bédié, de très bonne foi, a accepté comme nous tous qu`il soit le candidat du PDCI. Mais, nous ne pensions pas que le lendemain, il aurait cette attitude négative.


Quel est l`état d`esprit des militants de Dimbokro après la radiation de N`Zi Paul David et de Gnamien Yao ?

Il y a des militants qui sont d`obédience N`Zi Paul David, mais ils ne sont pas nombreux, heureusement pour nous. Ceux-là, on ne peut pas dire qu`ils ne partagent pas l`opinion de David. Les avis sont partagés. La majorité des militants est d`accord avec cette décision de radiation. D`ailleurs, certains soutenaient que le Conseil de discipline avait tardé à prendre cette décision.


Monsieur le délégué, à la base vous avez dit que les avis sont partagés, ce qui signifie qu`il y a encore une partie des militants qu`on doit rattraper ou qui risquent de partir. Est-ce que cela ne fragilise pas le PDCI-RDA ?

Non. Nous nous battons pour cela. Nous essayons d`expliquer la position du Conseil de discipline du Pdci. Nous espérons que quelques-uns nous reviendront. Personne ne fait l`unanimité. Même Dieu ne fait pas l`unanimité. C`est en cela que je dis que les avis sont partagés.


La campagne sera-t-elle facile quand on sait que c`est un élu qui a décidé de battre campagne pour l`adversaire du Président Bédié ?

Je vous donne l`exemple d`un match de football Asec-Africa. Je suis supporter de l`Africa et je souhaite que l`Asec gagne. Mieux vaut aller directement dans l`équipe adverse. La chance que nous avons, c`est qu`ils se soient dévoilés très tôt. Il ne peut pas en être autrement. Dans la mesure où nous savons, très bien où ils sont. Ils ont déclarés qu`ils sont avec le Président Gbagbo. Cela nous permet de contre attaquer cette position.


Il y a un autre problème à Dimbokro : le directeur départemental de campagne (DDC) de Gbagbo se trouve être un jeune (Jean Bonin) que l`on dit proche de vous.

Il faut l`avouer, c`est plutôt son père qui était greffier en chef à Dimbokro qui est mon ami. J`ai vu grandir Bonin. Il a choisi d`être avec le FPI, c`est son droit le plus absolu. Mais, cela ne me gêne pas, outre mesure. Il est directeur de campagne de Gbagbo, tant mieux pour lui !


L`adversité ne vous gêne pas ?

Non, pas du tout. Je suis un homme de terrain, je ne saurais en aucun cas me gêner.

Face à vous, lors des élections de 2000, il y avait d`autres cadres du PDCI. Pensez-vous que la radiation de N`Zi Paul David et autres peut ramener la cohésion au PDCI ?
Mon souhait serait que la cohésion revienne. Mais, vous savez, depuis que nous sommes élus, nous sommes toujours en campagne. Mais, la situation, que le FPI a créée, a posé beaucoup de problèmes. Parce que c`est une question de moyens. Tous ceux qui étaient avec nous et qui voulaient nous aider, certains ont baissé les bras. Jusqu`à ce qu`on annonce la date du 29 novembre, nous ne savions vraiment pas où nous allions. Maintenant que la date est fixée, nous allons essayer de les ramener avec nous. D`ailleurs, ils ne sont pas partis, mais ils ont baissé un peu les bras parce qu`ils étaient découragés. Et nous pensons que cela ne causera pas de gros problèmes.


Il y a également le problème du choix des candidats aux élections locales. A Dimbokro on assiste souvent à des empoignades. A quoi doit-on s`attendre cette année ?

Les élections antérieures nous ont posé pas mal de petits problèmes. Cette année, avec l`attitude de certains de nos frères du PDCI, nous ferons en sorte qu`il y ait l`unanimité autour d`un candidat pour rafler toutes les élections locales.


Le Conseil de discipline a déclaré que les radiés ne devraient plus parler au nom du PDCI-RDA. S`il arrivait que les radiés de Dimbokro parlaient au nom du PDCI, quelle sera votre réaction ?

Ils continuent de parler puisqu`ils disent qu`ils sont PDCI, mais ils ne sont pas Henri Konan Bédié. Donc, les uns et les autres savent d`ailleurs, et je n`ai même pas besoin de le leur expliquer. Ce sont eux qui m`interpellent en disant, mais qu`est-ce que c`est que cette histoire ? On dit qu`on est PDCI et on ne veut pas de son candidat ? On n`aime pas le Président Bédié et on dit qu`on est PDCI ?!. Il faudrait qu`on tire cette situation au clair.


Et qu`est-ce que vous faites ?

Je leur réponds tout simplement que ce qu`ils disent n`engagent qu`eux. Mais ils sont radiés. Ils ne sont plus du PDCI.


Cela n`empêche pas certains de vos militants d`aller les écouter.

Vous savez, lorsqu`il y a des manifestations publiques, il y a des badauds qui viennent écouter. Mais, cela ne veut pas forcément dire qu`on est d`accord avec celui qui est en face. Je pense qu`en les écoutant, ils ont également des réponses à donner et corriger leur attitude. Animer des émissions, on crée même des plages pour certains, mais cela ne nous gêne pas du tout. Parce que, mine de rien, les militants sont aguerris et matures. Ils savent faire la distinction entre le vrai et le faux. Pour l`heure, je n`ai aucune inquiétude à ce niveau.


Le Pr. Kabran Brou Jérôme était celui qui avait parlé au nom des populations de Dimbokro au général Guéi en janvier 2000. Depuis un temps, on ne le voit plus aux manifestations du PDCI à Dimbokro. Que se passe-t-il ?

Il faudrait poser la question au professeur Kabran Brou. Il est de la région mais il n`est pas de Dimbokro. Et moi-même, depuis longtemps je n`ai pas de ses nouvelles. Je ne peux donc pas parler au nom d`un cadre, qui plus est, est militant du PDCI.


On aborde la dernière ligne droite pour la campagne présidentielle pour novembre 2009. Au niveau de Dimbokro, qu`est-ce qu`on doit retenir?

Le président a déjà désigné ses directeurs de campagne. En ma qualité de délégué départemental, je suis le directeur local de campagne. Je vais m`adjoindre quelques élus, et cadres, de façon à ce que chacun de nous apporte son expertise. Je pense que le moment est venu. Nous allons bientôt tenir une réunion pour dire aux uns et aux autres les rôles qu`ils ont à jouer auprès de moi.


Au niveau de Dimbokro, il y a un lobbying du parti au pouvoir. Que faites-vous pour contre carrer cela ? Car, il y a véritablement un assaut qui est jeté sur Dimbokro.

Ce n`est pas seulement sur Dimbokro. C`est tout le Centre. Le FPI veut le Centre. C`est tout à fait normal et c`est de bonne guerre. Mais nous aussi, nous sommes-là. Dimbokro est Dimbokro et vous savez que Dimbokro est le bastion du PDCI et que Dimbokro ne se laisse pas berner par les oiseaux de mauvais augure. Ça je peux vous le dire, le FPI n`aura jamais le centre.



On parle beaucoup de fraudes, de faux extraits d`acte de naissance, alors que l`identification est terminée. A Dimbokro que faites-vous pour que les listes ne soient pas truffées de ces faux extraits après ?

Nous avons suivi l`opération d`identification et de recensement électoral. En faisant les statistiques, nous avons obtenu près de 70% de la population à Dimbokro. Lorsque la liste va sortir, nous allons la contrôler. Nous nous connaissons entre nous. Ceux qui d`une autre nationalité, qui par tricherie, se sont infiltrés parmi les Ivoiriens, nous allons les déceler. Pendant les opérations, nous avons eu à démasquer certains individus qui se sont glissés dans nos rangs. D`autres ont même été condamnés. Cela a freiné un peu la fraude. Une fois que la liste sortira, nous verrons ce que nous pourrons faire. Je ne voudrais pas dévoiler ici une stratégie, mais ce qui est sûr, on suivra.



Quel est le plan de campagne pour faire gagner le Président Bédié d`ici là ?

Actuellement, je suis en tournée. Par le passé, c`était par village-centre que je regroupais les villages. Cette fois-ci, je fais village par village et depuis plus d`un mois, je suis dans cette logique. Donc, dans chaque village, j`ai la même stratégie. C`est d`expliquer que le meilleur candidat, c`est Henri Konan Bédié. Et je demande donc, aux uns et aux autres de noter Henri Konan Bédié. Mais avant même que je ne parle de cette question, ce sont les militants qui le disent : "Et notre candidat, se porte-t-il bien ?" Donc, ils sont prêts à voter massivement Henri Konan Bédié.


Un autre problème national est celui qui consiste à empêcher les ressortissants du Centre qui sont dans les régions forestières de voter. Alors que conseillez-vous à vos parents qui y sont ?

Je suis déjà allé dans ces zones-là avec le député Yves Fofana et d`autres personnes. Nous sommes allés entretenir nos parents. Nous leur avons dit, qu`ils soient à Gagnoa, à Soubré ou à San-Pedro, c`est une partie de la Côte d`Ivoire, donc ils peuvent exercer leur droit de vote. Par tous les moyens, il faut qu`ils résistent et que de toutes les façons, le moment venu, la sécurité sera totale. Il ne faudrait donc pas qu`ils aient peur. En tout cas, le message est passé 5/5. Notre inquiétude est que lors de notre premier passage, il y avait des campements et des gros villages qui n`étaient pas encore visités par l`opération d`identification. Mais à notre dernier passage, tous les villages ont été visités et nous pensons que tout le monde va voter à l`ouest, il n`y aurait vraiment pas de problème.


Nous avons appris également que des émissaires du Chef de l`Etat et du FPI vous auraient approché. C`est vrai ou c`est faux ?

Ils ne m`ont pas approché personnellement. Ils savent qui est N`Guessan Bernard. Ils savent très bien qu`en venant vers moi, c`est l`échec total. Mais je ne peux pas certifier qu`ils n`ont pas approché des éléments de mon entourage. Mais tous ceux qui sont réellement PDCI ne se laissent pas tromper.


Depuis l`Accord politique de Ouagadougou, on constate que nos députés sont payés à ne rien faire. Partagez-vous cet avis ? Si oui, qu`est-ce que vous estimez que l`Assemblée Nationale devrait faire dans le contexte actuel ?

La première remarque que je voudrais faire, c`est que depuis la signature de l`accord de Ouagadougou, le budget ne passe plus devant les députés à l`Assemblée nationale. C`est par ordonnance présidentielle qu`il est arrêté et exécuté. Sommes-nous payés à ne rien faire ? En partie, oui, mais je pense honnêtement que si le Chef de l`Etat nous maintient à l`Assemblée Nationale, c`est que selon les textes, il ne peut pas dissoudre le parlement, tout comme les députés ne peuvent pas non plus démettre le président de la République. Nous sommes donc là, à nous regarder, à nous épier.


Est-ce que vous avez réclamé la loi des finances et auprès de qui l`avez-vous fait ? Avez-vous compétence pour réclamer le budget ?

Nous l`avons réclamé à cor et à cri. Nous avons un président de l`Assemblée Nationale. C`est à lui que nous nous sommes adressés, mais il n`ya pas eu de réponse. D`ailleurs, lui-même ne vient plus à l`Assemblée Nationale depuis belle lurette.


Pourquoi ne vient-il plus ?

C`est à lui qu`il faut poser la question !

Sur les absences répétées du président de l`Assemblée Nationale, que disent les textes et quelle est la position des députés que vous êtes ?
Les textes sont clairs : Si un député s`absente sans justification pendant un temps donné, il est frappé de sanction. Mais vous savez que nous sommes dans une situation hybride et la Côte-d`Ivoire n`est plus ce qu`elle était. Et comme ce sont eux qui sont au pouvoir, ils font ce qu`ils veulent.


Le Président de l`Assemblée Nationale est-il soumis à cette loi ?

Tous les députés sont soumis à cette loi. Avant d`être président de l`Assemblée Nationale, il est d`abord député ! Parmi nous, il y a également des députés qui ne viennent pas, mais personne ne songe à appliquer cette loi.


Question, vraiment indiscrète. Personnellement qu`est-ce que vous pensez de Koulibaly Mamadou ?

C`est mon président, mais c`est mon collègue aussi, parce qu`il est député. Un jour, le Président Gbagbo a dit, prenez-le tel qu`il est. Prenez-le comme-ça. Nous le prenons comme-ça.

Merci monsieur le délégué.
C`est moi qui nous remercie.

Interview réalisée par Eddy Péhé
André Siver Konan
Coll : Serge Amany

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