Dernièrement, la télévision ivoirienne (les deux chaînes confondues) a montré des jours durant des hommes et femmes, vieux et moins vieux, manifestant leur colère de ne pas avoir été enrôlés. Eux, ce sont les retardataires, qui n'ont pu se faire enrôler depuis le mois de septembre 2008. Faut-il les comprendre ? Un peu, mais pas trop. Parmi eux, il ya des nouveaux majeurs qui ont eu leurs 18 ans, il n'y a pas longtemps. Ceux -là, on ne peut leur en vouloir de ne pas se faire enrôler depuis 2008. Mais pour les autres, on peut se demander ce qu'ils attendaient. Le plus curieux dans tout cela, c'est que ce sont ceux qui disent à longueur de journées qu'il faut tenir le délai du 29 novembre qui encouragent les uns et les autres à être des retardataires pour qui il faut encore et toujours proroger le délai de l'enrôlement. Quand le Premier ministre, chargé de conduire le processus, se fait enrôler dans la phase des retardataires, quelle leçon veut-il que les Ivoiriens et observateurs retiennent de lui ?
La Télévision ivoirienne (les deux chaînes confondues) était donc en première ligne des medias (inféodés) déchaînés pour brandir au monde entier que tous les Ivoiriens sont loin d'être enrôlés.
A quel dessein ? On le devine aisément quand on sait aux mains de qui la RTI est. Seulement voilà. Le jeu a du mal à être caché. La télévision ne fait pas autant de tapage quand les opérations se déroulent. Elle n'a jamais fait autant de bruit pour encourager les gens à se faire enrôler à temps afin que le délai soit respecté. Mais c'est toujours dans les derniers jours de l'opération qu'elle entre en scène pour montrer et démontrer qu'il y a de nombreux Ivoiriens qui n'ont pas été enrôlés. A sa suite, la presse proche du camp présidentiel parle d'exclusion des Ivoiriens, les hommes politiques proches du camp présidentiel brandissent cela comme un obstacle pour aller aux élections. Pour eux, tant que tous les Ivoiriens ne sont pas enrôlés, pas question d'aller aux élections. Alors questions ?
Qui sont donc ces retardataires pour qui seul un parti politique (le FPI) rue dans les brancards ? Les dernières découvertes de fraudes massives sur les extraits ont fini de donner la réponse à cette question. Les faux extraits destinés à des individus, non ayant-droits, qui sont ensuite présentés comme des retardataires et pour qui on demande la prorogation du délai. Une fois cette prorogation obtenue, ces individus sont enrôlés au bénéfice de ce seul parti qui leur aura trouvé des faux extraits et un temps de rattrapage. Si ces curieux retardataires ne sont pas pris en compte, ils risquent demain d'être le fer de lance de la contestation des résultats des élections, surtout que le parti qui les a "armés" pourra dire aisément que c'est parce que tous les Ivoiriens n'ont pas été enrôlés.
Pourtant, chacun sait pertinemment que jamais, aucune opération n'enrôlera tout le monde à la fois. Ce, pour diverses raisons. D'abord, l'acte d'enrôlement est individuel et volontaire. On ne peut donc obliger un individu qui ne veut pas sortir de chez lui à aller se faire enrôler dans le temps. Ensuite, chaque jour que Dieu fait, voit un garçon ou une fille atteindre 18 ans, l'âge de la majorité. On peut donc repousser le délai à l'infini, il y aura toujours des gens à enrôler. Le jour même du scrutin, des gens auront 18 ans. Ils ne seront pas enrôlés le même jour pour prendre part au vote. Est-ce pour autant qu'ils sont exclus ? Est-ce pour autant que le vote doit s'arrêter ?
D'où cette pertinente remarque de Sékongo Félicien, conseiller du Premier Ministre Soro Guillaume : " Le 30 juin passé consacre la fin de l'enrôlement des Ivoiriens. Mais cela ne signifie pas que c'est la fin de l'enrôlement des Ivoiriens. L'administration est une continuité et les mineurs aujourd'hui qui seront majeurs demain, se feront enrôler On ne peut plus lier la sortie de crise à l'enrôlement " En d'autres termes, seuls ceux qui ont peur d'aller aux élections demandent qu'on fasse enrôler tout le monde avant d'y aller.
par Eddy PEHE