vendredi 10 juillet 2009 par Le Repère

La guerre sans merci que se livrent les pontes du Front Populaire Ivoirien (FPI), dans la plupart des régions de la Côte d'Ivoire, n'a pas épargné la capitale des AKYE : ADZOPE.

Adzopé ou cité des palmiers, qui comprenait à l'époque les actuels départements d'Akoupé et de Yakassé-Attobrou, a été, dés les premières heures du retour du multipartisme en Cote d'Ivoire, la région qui a exprimé de façon claire son soutien à l'opposant Laurent Gbagbo et à son parti, le Front Populaire Ivoirien. Cette région peuplée d'Akyé, joignant l'acte à la parole, a donné, surtout dans le canton kiétun (Akoupé) à ce parti qui sortait de la clandestinité, le plus de voix lors des présidentielles et le plus d'élus locaux de la toute première élection multi partisane en 1990.Cette région était, à juste titre, considérée comme un bastion de ce parti créé, aux dires de ses membres fondateurs, pour refonder la Cote d'Ivoire. Depuis 1995, jusqu'à ce jour, la division des militants du PDCI-RDA aidant, la quasi-totalité des élus locaux sont issus de ce parti. En 1995, la ville d'Adzopé, jusque-là aux mains du parti au pouvoir de l'époque (le PDCI-RDA), tombe dans celles des refondateurs. Des palabres opposant le maire PDCI, feu Assi Kaudjhis Thomas, et le secrétaire général de son parti, feu Yapo Léonce, donnent les clés de cette cité à Léon Monnet Emmanuel, ex-militant de l'Union des Socio- démocrates (USD) du professeur Bottey Zadi Zaourou, qui entre temps, avait viré au Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo. La grande dissension entre le seul élu qui restait au parti d'Henri Konan Bédié, le député Monnet Gbocho Marcel et le professeur Amonkou Akpo Antoine, Mlle Asséké Lucie, tous deux militants du parti et candidats indépendants aux législatives en 2000, donnera sur un plateau d'or ce poste électif à un frontiste, en la personne de l'actuel député, N'guessan Brou Blaise, qui se fait appeler Mandela.


L'origine de la crise qui bat son plein

En janvier 2000, Laurent Gbagbo fait nommer le maire Léon Monnet Emmanuel, ministre de l'Enseignement technique, dans le gouvernement de transition présidé par le général Robert Guéi. Elu en 2000, président de la République, le chef des frontistes propulse Léon Monnet Emmanuel au ministère des Mines et de l'énergie, faisant ainsi de lui un homme très puissant. Il devient, du coup, le leader incontesté du pays akyé, vu son nouveau statut, le maire-ministre se comporte comme tel ! Aucune décision, aussi bien au sein de son parti qu'au niveau de la région, ne peut se prendre sans lui ! Il commence à placer ses pions et à faire le ménage. La première victime, son homme de main, son binôme, celui-là qui, selon des proches de leur parti, a apporté une contribution financière importante pendant la campagne électorale pour les municipales de 1995. " C'est lui qui a pratiquement tout financé ! ", dira notre source. Celui-là, c'est Mambo Augustin dit Touré, 1er Adjoint au maire de la première équipe municipale, conduite par Léon Monnet Emmanuel. Il sera dégommé lors du second mandat et remplacé par l'inspecteur de l'enseignement primaire à la retraite, Atsé Aguié Roger. " Il voyait en Mambo Augustin, un danger. Parce que ce dernier est un homme imposant, il fait plus maire que le ministre Monnet ! Et beaucoup de jeunes se reconnaissaient en lui, il est très proche d'eux ! D'où l'inquiétude de Monnet qui voyait en lui un adversaire interne dangereux. " Soutiendra notre source.


Man?uvres et intrigues de positionnement

Le fédéral Latto N'guia, premier responsable du parti présidé par Affi N'guessan dans la région, dont la gestion ne plaisait sûrement pas au tout puissant maire-ministre, sera lui aussi dans le collimateur de celui-ci. Et, la grande dissension paraitra au grand jour, pendant le choix du candidat, tête de liste, de leur parti à l'élection des conseils généraux. Le choix du fédéral et de la base se porte sur la personne de Yapo Aman Pierre, ex-maire de la commune de Yakassé-Attobrou, membre du Conseil économique et social. Mais, comme il fallait s'y attendre, le maire-ministre des Mines et de l'énergie s'opposera catégoriquement à cette décision de la base et présentera une autre liste dont il sera lui-même à la tête. Yapo Aman et son équipe, frustrés par le comportement antidémocratique du ministre Monnet, présenteront leur liste sous l'étiquette indépendante. Le vendredi 30 mai 2004, lors d'une réunion convoquée par le ministre Monnet, Yapo Aman et ses hommes seront traités de voyous, de vandales et de bandits de grand chemin par Yapo Atsé Benjamin, maire d'Akoupé, nommé, entre-temps (par Monnet), directeur général de la GESTOCI. Le ministre Monnet, présentera, quant à lui, son adversaire comme un ingrat et un voleur. " Je lui ai donné, pour sa campagne lors des municipales, la somme de 500.000 frs. Il a perdu les élections parce qu'il a volé l'argent de ses administrés ", dira-t-il, entre autres insanités. Le fédéral Latto se ralliera au groupe du ministre qui lui aurait promis le poste de 1er vice-président du conseil général au cas où sa liste gagnait les élections. Du coup, le fédéral lâche son poulain Yapo Aman Pierre. Les partisans de celui-ci se disant trahis par le fédéral Latto qui a encouragé, soutenu et suscité la candidature de Yapo Aman Pierre, avant de retourner sa veste pour Monnet qu'il a vilipendé des mois durant, lui réserveront une surprise qu'il n'oubliera pas de si tôt. En effet, le 19 septembre 2004, le fédéral Latto N'guia sera tabassé à Yakassé-Attobrou, fief de Yapo Aman Pierre, par ses propres militants, en présence de Aka Casimir, membre du bureau fédéral et Koba Koman Benoît, représentant du secrétaire des fédérations de l'Agnéby. Il a eu la vie sauve, ce jour-là, grâce à l'agilité de ses jambes. Le fédéral s'en sortira néanmoins avec diverses contusions et une plaie profonde au bas de l'?il qui a nécessité des points de suture. "C'était une entreprise criminelle contre ma personne, orchestrée par Yapo Aman Pierre, ex-maire de Yakassé Attobrou, candidat malheureux aux élections des conseils généraux et Adopo Yapo François, ex-1er adjoint au maire de la même cité", a accusé à l'époque le fédéral, qui dépose une plainte contre le jeune Adopo Rodrigue, fils du 1er adjoint au maire suscité. Depuis lors, s'est installé un climat d'acrimonie entre les frontistes. Deux clans se créent. D'un coté, les pro-Monnet, considérés comme des suiveurs qui mangent à sa soupe et, de l'autre, des anti-Monnet, exacerbés par le comportement dictatorial de celui-ci. Ces derniers le traitent de méchant, d'avare " Aujourd'hui, il est devenu très riche, il ignore notre existence. Dire qu'à l'époque, on mangeait ensemble le riz couché et le garba ! Il avait à cette époque, une vielle Renault 12 break, aujourd'hui propriété du fédéral Latto. " Confiera un des militants proches du camp anti-Monnet. " A cause de sa méchanceté, sa trop grande suffisance et ses nombreuses promesses non tenues, le ministre est en rupture de ban avec les jeunes. Pire, la jeunesse communale depuis deux ans est privée de subvention. Odette sauyet, lors d'une séance de travail ici à Adzopé, a été témoin du mécontentement des jeunes !" ajoutera Assi G., jeune de la commune et militant du Front populaire ivoirien.

Monnet seul contre tous ?

Le fait qui divise encore plus les refondateurs d'Adzopé et qui conforte dans leur position ceux qui traitent le ministre Monnet de dictateur, est la récente succession de l'ex-1er Adjoint au maire, Atsé Aguié Roger, décédé en mission au Brésil en Septembre 2005. Faisant fi des textes régissant la municipalité, le maire-ministre ne pourvoira à ce poste que sous la pression de certains de ses militants. " Il s'opposait à l'élection en vue du remplacement du maire défunt, de peur de voir un militant de son parti occupé ce poste et lui faire ombrage demain", soutiendra un de ses frères ennemis. Finalement, il porte son choix, de façon cavalière, sur un militant du PDCI-RDA, Yapi Atsé Gilbert, son adversaire à la dernière élection municipale. Il impose une candidature unique, celle de son ancien adversaire.

Avec l'érection d'Akoupé et de Yakassé-Attobrou, en chefs-lieux de département, certains cadres du FPI, dont Yapo Atsé Benjamin (fils d'Akoupé), président intérimaire du conseil général, propulsé directeur général de la Gestoci par Léon Monnet Emannuel et le professeur Assi Bénié (de Yakassé Attobrou), devenu directeur général de l'ANARE, par la grâce du même Léon Monnet, selon leurs proches, se sentent libérés politiquement, n'ayant plus de compte à rendre " au maitre ". Même si chacun d'eux sait qu'il aura affaire, dans son département, à des militants anti-Monnet, qui les attendent de pieds fermes !

Malgré les cérémonies de réconciliation organisées ça et là, la division est toujours là, visible. La population constate, depuis quelques années, que Mambo Augustin, Yapo Aman Pierre et bien d'autres militants de première heure du Front populaire ivoirien d'Adzopé, ne participent plus à la vie, de façon effective, du parti qu'ils ont implanté, aux heures chaudes dans le pays akyé ! Ils sont abonnés absents aux différentes manifestations du FPI dans la région. Tous reprochent au ministre Léon Monnet de vouloir " marcher " sur tout le monde !

Adjanin

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