vendredi 10 juillet 2009 par Le Repère

Quelle partition pour les militants des partis politiques résidant dans d'autres pays dans la bataille électorale à venir ? Quel rôle joueront les Ivoiriens à l'étranger dans la conduite du processus de sortie de crise ? Comment les militants du PDCI-RDA s'organisent-ils au Mali pour prendre une part décisive à l'élection du candidat de leur parti ? C'est à toutes ces questions que M. Adama Kouamé, délégué général du PDCI-RDA au Mali répond dans cette interview.


Depuis quand existe votre délégation générale ?

Notre délégation existe officiellement depuis février 2009, mais avant cette date, nous étions une simple coordination regroupant des militants et sympathisants du PDCI-RDA. D'ailleurs, nous profitons de l'occasion pour remercier M. BONI, membre du bureau politique, responsable des délégations de l'étranger, qui nous a fait confiance.


Combien de militants revendiquez-vous?

Il est difficile actuellement d'avancer un nombre. Depuis le mois de Février, nous avons commencé à recenser nos militants, aussi bien au niveau du district de Bamako qu'au niveau de Sikasso, qui sont les localités où il y a une forte densité de nos compatriotes, nous n'avions pas encore terminé quand l'enrôlement a commencé. Donc nous continuons d'enregistrer des militants.


Comment encadrez-vous ces militants ?

Notre délégation est composée d'un bureau exécutif auquel sont affiliées les structures de la jeunesse (JPDCI), des femmes (UFPDCI) et la coordination de Sikasso dirigée par le très dynamique Hamed Diarrasouba. Nous sommes en train de mettre sur pied les comités de base dans les six communes du district de Bamako. A ce jour, nous avons installé quatre sections et quinze comités du côté de la rive gauche du fleuve, et nous entamerons la rive droite après la fin de l'opération d'identification.


Quelles actions avez-vous déjà posées dans le sens de la mobilisation ?

Nous venons d'organiser la grande rentrée politique de notre jeune délégation le samedi 13 Juin dernier à la maison des jeunes de Bamako. Avant cela, les 21 et 22 Février, nous avions organisé les journées du PDCI RDA au Mali, au cours desquelles nous avons sillonné les quartiers de la ville de Bamako pour rencontrer les associations des Ivoiriens au Mali et organiser un match de football doté du trophée Henri Konan BEDIE. Auparavant, en Août 2008 dans le cadre la restructuration de l'association des Ivoiriens au Mali (AIM), nous sommes allés rencontrer les militants de Sikasso, afin de mettre sur pied une coordination. Aussi n'avions-nous pas une meilleure visibilité avant la dernière réunion du CPC qui a fixé la date du premier tour de la présidentielle le 29 novembre 2009. Maintenant que les choses sont claires et que l'enrôlement s'est déroulé, nous allons nous mettre en ordre de bataille pour la campagne électorale.


Tous les militants dont vous parlez, sont-ils des électeurs ?

Pour le moment, les militants et sympathisants que nous avons rencontrés sont bien motivé. Nous faisons tout ce qui de notre possible pour leur permettre d'avoir leurs papiers, qui pour la plupart d'entre eux sont restés en Côte d'Ivoire, afin de se faire enrôler. C'est après l'opération que nous saurons qui est électeur et qui ne l'est pas.


Quelle implication de votre délégation dans l'identification et l'enrôlement ?

Comme toutes les autres formations politiques, nous sommes représentés par deux membres au niveau de la CEI locale, et occupons le poste de 1er vice-président. Ensuite, en prélude à cette opération, nous avons organisé notre grande rentrée politique pour mobiliser et sensibiliser les Ivoiriens en général et les militants du PDCI-RDA en particulier sur l'importance de l'opération, nous avons aussi fait des communiqués sur les radios de proximité à Bamako et à Sikasso.


Selon vous, quel est l'enjeu du vote des Ivoiriens du Mali ?

Il est capital. Nous pensons que les élections prochaines seront les plus discutées de l'histoire de notre jeune démocratie et donc pensons que tout vote sera important. Au PDCI-RDA, le mot d'ordre est clair, nous devons ramener le président BEDIE au pouvoir, et à ce titre, nous ne négligerons aucun vote.


On ne sent pas trop la Délégation PDCI du Mali dans les différentes manifestations du Parti alors que vous n'êtes pas si loin du pays ?

Cela est dû au fait que nous n'étions pas une délégation officielle. Nous étions une simple coordination et donc fonctionnions dans l'informel. Maintenant que nous sommes une délégation officielle, nous serons plus actifs dans toutes les actions du parti aussi bien au Mali qu'au pays.


Comment voyez-vous le processus de sortie de crise depuis le Mali ?

Nous sommes optimistes. Comme le disait le premier ministre Konan Banny dans une de ses interviews, " Il n'y a plus de joker, c'est la dernière carte qui a été tirée ". Nous pensons que les deux acteurs majeurs de l'accord de Ouaga, à savoir les Forces nouvelles et le camp présidentiel sont conscients de l'enjeu, et des attentes du peuple ivoirien et de la communauté internationale et que cette fois-ci la parole donnée doit être respectée. Il y a la CEI avec à sa tête le président Mambé, qui est en phase de réussir un challenge, celui de permettre à nos compatriotes de 23 pays dans le monde de participer aux prochaines élections, malgré tous les blocages qu'il y a eu. Il y a aussi les préfets qui ont effectivement pris fonction à la place des comzones etc. Tout cela conforte notre optimisme.


Les refondateurs avaient accusé certains pays, dont le Mali d'être la base arrière de la rébellion. Qu'en savez-vous, vous qui vivez au Mali ?

Vous savez, de telles accusations non fondées ont fait beaucoup de mal à notre pays et à sa diplomatie. Elles ont terni l'image tant enviée de notre pays que le président Houphouêt et le PDCI RDA ont mis quarante ans à construire. Les actes et les accusations des refondateurs ont coûtés chers à la côte d'ivoire. Le Mali, comme certains pays de la sous région, ont des liens économiques historiques avec la Côte d'Ivoire, et dans cette crise l'économie du pays et partant le peuple malien a payé un lourd tribut. Aujourd'hui, tous ces pays ont diversifié leurs partenaires commerciaux et c'est à notre détriment.


Au fort de la crise, comment vous ivoiriens et militants du PDCI du Mali viviez ?

Nous vivions bien. Nous profitons de l'occasion pour remercier le peuple malien et leurs autorités qui, malgré toutes ces allégations, nous ont bien accueillis, nous nous sentons en sécurité. C'est la raison pour laquelle le nombre de nos compatriotes qui exercent dans divers secteurs d'activités au Mali ne fait que croître.


Quelle sera votre contribution pour la victoire du candidat du PDCI-RDA ?

Notre contribution est à un double niveau: d' abord sensibiliser nos militants à se faire enrôler massivement pour figurer sur la liste électorale, ensuite amener d'autres ivoiriens à nous rejoindre surtout les déçus de l'autre côté. Nous pensons que le combat est à nous les jeunes. De l'autre côté la jeunesse est martyrisé, on encourage la médiocrité, on fabrique des chômeurs, en mot, la jeunesse ivoirienne n'a aucun avenir avec la refondation. Les Ivoiriens sont encore plus matures qu'hier, ils ont compris aujourd'hui qu'ils ont été trompés et que le PDCI-RDA était un cheval qui gagnait et qu'il ne fallait pas changer. Le président BEDIE avait une vision pour ce pays et les ennemis de la nation ont retardé, ce n'est que partie remise. Le Président Bédié a observé la Côte d'Ivoire de l'extérieur pendant son exil après avoir été à l'intérieur, il n'y a que lui seul qui peut sauver notre pays et lui redonner son lustre d'antan.


On dit aussi qu'il y a quelques frictions de leadership au niveau de votre délégation. Qu'en est-il ?

[rire] Non, ce n'est au Mali. Nous sommes une jeune délégation, mais très organisée, où toutes les prises de décision font l'objet d'une large concertation au préalable de tous les membres du bureau. Soyez rassurés il n'y a pas de frictions.


Croyez vous que le vote sera transparent entre vous ici au Mali ?

Oui, nous le pensons et nous veillerons à ce qu'il en soit ainsi.


Sur quoi fondez-vous votre foi à l'aboutissement du processus ?

Sur le fait que la Côte d'Ivoire est une grande nation et que le peuple ivoirien en a assez de vivre dans la misère et donc veut faire changer les choses d'une part, et du fait que l'opération d'enrôlement et d'identification a effectivement eu lieu et tire vers la fin d'autre part.


Le FPI, nous a-t-on dit, est en pleine opération de charme auprès de certains d'entre vous.
[rire] Non, ça, c'est vous qui nous l'apprenez. Nous pensons plutôt que le FPI est en souffrance ici.


Quels sont vos rapports avec les autres partis du RHDP ?

Nous entretenons de très bons rapports. Par exemple, pour l'opération d'enrôlement et d'identification ainsi que pour la formation du bureau de la CEI locale, nous avons tout fait de concert avec les délégations du RDR, de L'UDPCI et du MFA.


Comment s'organise la campagne du Candidat du PDCI au Mali ?

Après la fin de l'opération d'enrôlement et d'identification, nous allons parachever l'installation des sections et comités au niveau du district de Bamako. Ensuite, nous mettrons le cap sur l'intérieur, d' abord à Sikasso et ses environs où nous avons enregistré une forte communauté ivoirienne. Une fois toutes ses structures installées, au plus tard fin juillet, nous mettrons sur pied le comité de campagne du candidat du PDCI RDA.

Interview réalisée par Eddy PEHE

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