mercredi 8 juillet 2009 par Autre presse

Acturoutes.info - On est tenté de dire : enfin, le pont de Jacqueville ! Diriez-vous aussi cela, Monsieur le ministre ?

Oui ! Je peux dire aussi : enfin le pont de Jacqueville ! C'est un honneur d'occuper le poste que j'occupe au moment où la première pierre de cet ouvrage va être posée.

Quels sont les obstacles majeurs qu'il aura fallu lever avant la cérémonie de ce mercredi ?

Les obstacles majeurs dans le cadre d'un tel projet, c'est d'avoir des études qui sont terminées. C'est d'avoir un financement qui est bouclé. C'est d'avoir aussi une entreprise qui va le réaliser. Ces trois conditions étant réunies, on peut considérer que l'opération est effectivement bouclée.

Beaucoup de rumeurs ont été entendues sur ce pont dont le projet ne date pas d'aujourd'hui. Y a-t-il eu vraiment une volonté politique de bloquer la réalisation du pont ?


Je ne vois pas l'intérêt de bloquer ce projet, pour un pouvoir politique quel qu'il soit. Bien au contraire, je crois que tous les pouvoirs politiques qui se sont succédés ont eu ce projet-là dans leur agenda. Maintenant, les circonstances ici et là n'ont pas toujours permis que les choses se déroulent telles qu'on l'aurait souhaité. Le processus de mobilisation des ressources pour réaliser un ouvrage d'une telle importance ne se fait pas en deux jours. Nous parlons ici d'environs 18 milliards de francs CFA. Ce projet n'a donc pas commencé avec moi. Ça commencé bien avant moi. La longueur totale au départ était d'un kilomètre. Il a fallu que dans les années 1970 le ministre Grah Kadji (ministre des Travaux publics et des Transports, NDLR) fasse une digue d'environ 600 m, qui a permis de réduire la longueur à environ 500 m. Avant moi, les autres ministres ont fait les études détaillées. Quand je suis arrivé, nous avons commencé le processus de financement. Ensuite, il a fallu signer des accords de prêts, lancer des appels d'offresC'est tout ce processus qui se poursuit aujourd'hui. Et tout au long du parcours, tous les pouvoirs politiques ont manifesté un intérêt réel. C'est vrai que les populations n'ont pas toujours le détail, et quand on dit que le financement est bouclé, on pense souvent que c'est le lendemain qu'on va commencer, alors que quelques fois, il faut maintenant lancer les appels d'offres, il faut adjugerCela peut prendre un an, et on a l'impression qu'on part de report en report. La pose de cette première pierre va donc clore le débat et ouvrir une ère nouvelle pour les populations de Jacqueville.


Vous affirmez, Monsieur ministre, qu'il n'y a jamais eu de problèmes de personnes entre les présidents Houphouët et Yacé à propos de ce pont ?


Je crois que cela et bien d'autres choses qui ont été dites sont des rumeurs qui ont alimenté et continuent d'alimenter d'ailleurs la vie politique, tous les jours. Si je vous dis que c'est dans les années 1970 qu'une digue de 600 m a été faite pour réduire la longueur du pont et donc réduire son coût, c'est que ce que vous dites là est à mettre au compte des rumeurs. Les années 1970, c'est quand-même les années d'un lien fort entre les présidents Houphouët et Yacé


Malgré la réduction de la longueur, est-ce que cet ouvrage sera le plus long pont de Côte d'Ivoire ?


On ne parlera pas du plus long, mais c'est le pont qui permet de désenclaver tout un ensemble de peuples : les peuples Aladjan, Akouri et Ahizi. Ce sont des peuples qui, à cause du creusement du canal de Vridi ont vu leur terre transformée en île, alors qu'ils étaient reliés avec leur littoral au continent par une bande de terre. Si le bac a été pendant un moment donné quelque chose de touristiquement très apprécié, il est évident qu'au file du temps, et avec l'accroissement de la population et des besoins, ce problème est devenu véritablement un frein au développement, enclavant complètement une région et la privant d'un développement qu'elle est en droit d'attendre.


Combien de temps les populations doivent-elles attendre encore pour réceptionner effectivement le pont ?


La durée de la construction du pont est de 24 mois. Il faudra deux ans, entre la date de la pose de la première pierre et la date de l'inauguration.


Cela veut dire qu'en principe, on a le pont en 2011


En principe et en réalité.


Quel est le montage financier présent dans la réalisation du pont de Jacqueville ?


Nous avons trois bailleurs qui sont la BOAD (Banque ouest africaine pour le développement), la BADEA (Banque arabe de développement), et le fonds de l'Opep dont le siège est à Vienne en Autriche. Et puis, nous avons l'Etat qui est toujours présent, apportant la part contributive de la Côte d'Ivoire. Le coût global du projet est de 18 milliards de francs CFA.


Que gagnent les bailleurs de fonds ?


Il s'agit de banques de développement. Il s'agit de banques dont les fonds sont alimentés par des multilatéraux, par des pays et qui ont pour objet de financer le développement dans les pays. Ici, nous avons un véritable projet de développement. Il va faire de Jacqueville, à l'instar de Grand-Bassam, un autre pôle touristique et économique, à environ 60 km d'Abidjan. Quand on regarde la pression foncière et l'engorgement sur Abidjan, c'est quelque chose qui est à saluer.


A Béoumi aussi, on attend un désenclavement par le pont sur le Bandama. Est-ce que les populations peuvent s'attendre à la pose prochaine de la première pierre de ce pont, avec ce que nous allons vivre à Jacqueville, surtout quand on sait que les deux projets étaient régulièrement portés ensemble ?


Le pont de Béoumi, qui a été dynamité lors de la construction d'un barrage, est à l'ordre du jour. Mais ce n'est pas le seul grand pont stratégique à faire. Récemment, dans la tournée du Chef de l'Etat, on a parlé du pont de Guintéguéla. Il y a le pont de Sifié, entre Touba et Séguela. Il y a le pont de Sémien, entre Man et Séguéla. Vous avez aussi le pont de Bouaflé qui ne peut prendre qu'un seul véhicule, dans son état actuel. On a donc au programme un certain nombre de ponts dont celui de Béoumi pour lequel les études sont terminées. Ce sont des ponts stratégiques dont les dossiers sont aujourd'hui sur la table des bailleurs de fonds, à la phase de recherche de financement.


Et le 3e pont d'Abidjan, Monsieur le ministre ? Alors que vous avez annoncé à plusieurs reprises le démarrage des travaux, une délégation de la Banque islamique pour le développement (BID) affirme être à Abidjan en ce moment pour une mission d'évaluation. Qu'est-ce qui reste à faire pour rassurer les bailleurs de fonds ?


Quand on parle de début des travaux, on le fait par rapport à un calendrier qui comprend un certain nombre d'états. Les études détaillées, les missions d'évaluation des bailleurs de fonds, les soumissions pour un accord de prêt, l'appel d'offres, le dépouillement, l'adjudication, le paiement d'avant démarrage, le démarrage effectif des travaux. A un moment où à un autre, il peut arriver qu'une étape soit un peu plus longue que prévue, ou rencontre des difficultés qui n'étaient pas attendues. Vous pouvez faire une étude détaillée, mais les bailleurs de fonds peuvent juger que cette étude requiert des complémentsça rajoute des mois, et des fois ça peut aller jusqu'à un an. Et quand vous arriver à la recherche de financement, il y a que le temps entre la fin des études et celui de l'accord des bailleurs de fonds est tel qu'il peut arriver qu'avec l'inflation le coût initial de la fin d'études n'est pas le prix réel. Ça d'ailleurs été le cas pour le pont de Jacqueville. Au moment où on a fini les études, le pont était à 6 milliards, au moment où les bailleurs de fonds sont venus faire le bouclage, il était à 9 milliards. Il fallait donc trouver 3 milliards. On a été obligé d'arrêter pour aller chercher le fonds de l'Opep. Toutes les dates sont prévues par rapport à un calendrier théorique. C'est le cas du 3e pont d'Abidjan.

Interview réalisée par Barthélemy KOUAMĖ
barthelek@acturoutes.info

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