samedi 4 juillet 2009 par Le Repère

A l`instar des grandes capitales du monde, la Côte d`Ivoire s`est récemment dotée d`un système de vidéosurveillance et d`imagerie à distance. Mille caméras veillent au quotidien sur la ville d`Abidjan. M Amani Assié Gervais, Pdg du centre national de vidéosurveillance et d`imagerie, nous explique l`utilité de cet outil qui est un appui à la promotion des investissements.



Qu`est -ce que la vidéosurveillance ? Et quel est son apport en matière de sécurité et de défense ? Comment peut-elle réduire le taux de criminalité en Côte d`Ivoire ?

La vidéosurveillance est la visualisation des images à distance et l`Imagerie. Avec la télé vidéosurveillance, on a la particularité de voir tous les contours avant d`aller intervenir. Il s`agit en effet au travers du Centre National de Vidéosurveillance et d`Imagerie de Basic Security que nous venons d`installer, de mettre les Nouvelles Technologies au service de la sécurité des biens et des personnes en Côte d`Ivoire pour endiguer le grand banditisme, la délinquance et l`insécurité devenus de véritables fléaux dans notre pays. Car, malgré les efforts inlassables des gouvernements successifs, les méthodes traditionnelles de lutte contre l`insécurité ont montré jusque-là leurs limites, surtout avec la crise militaro-politique que nous vivons depuis 2002 avec la prolifération des armes. Par ailleurs, ce système sert également à la surveillance des frontières et des infrastructures dites stratégiques (les ponts, les aéroports, les ports). Notons aussi que c`est le système n°1 dans le monde actuellement pour la lutte contre l`insécurité et le terrorisme en Europe, en Amérique, en Asie où il est en voie de vulgarisation. On peut citer la France qui vient de lancer un programme de 20 000 à 60 000 caméras d`ici fin 2009, Mexico qui, au mois de mars dernier, vient de lancer un programme de 8 000 caméras et une reforme de son système sécuritaire de la ville. La ville de Londres qui a une vidéo densité très forte en Europe avec 30 000 caméras ainsi que Tel Aviv avec près 100 000 caméras


Avez-vous signé une convention avec l`Etat de Côte d`Ivoire pour la mise en place d`un tel projet ?

Oui, nous avons l`accord du Gouvernement qui est partie prenante du projet. En effet, le 07 mars 2005, s`est tenu un conseil des ministres spécial sécurité/défense au cours duquel il a été décidé d`initier un projet pilote de vidéo surveillance au service des Forces de défense et de sécurité en partenariat avec Basic Security et Arobase Telecom. Cette phase pilote ayant été très concluante, nous sommes donc passés à la phase pilote sur le terrain avec la création du Centre National de Vidéo surveillance et d`Imagerie.


Avez-vous des partenaires extérieurs?

J`ajouterais aussi que notre projet est axé sur la sécurité privée. Effectivement, nous avons des partenaires aussi bien locaux qu`extérieurs. Au plan extérieur, nous avons des groupes israéliens qui sont en appui technique du personnel hautement qualifié que nous avons, des entreprises israéliennes et des groupes européens pour certains équipements. Au niveau local, nous sommes en partenariat avec le Groupe Mtn/Arobase Telecom qui continue la construction du réseau de fibres optiques sur le territoire national, support de la transmission de nos images et le Groupe Colina SA, qui compte tenu de la fiabilité et de l`efficacité d`un tel système a décidé de réduire de 50% les primes d`assurances de toutes les structures qui souscriront à ce système. C`est un gain considérable pour les entreprises qui, non seulement seront plus en sécurité avec la vidéosurveillance, mais verront leur compétitivité accrue du fait de la baisse des primes d`assurances.


Quel est le coût des investissements de ce système et existe-t-il aussi à l`intérieur du pays ?

L`investissement actuel est de 5 milliards FCFA, mais nous envisageons, dans un avenir très proche, de construire des centres à l`intérieur du pays, notamment à San Pédro et à Yamoussoukro, notre capitale politique.



Qu'apporte la vidéosurveillance aux investisseurs et opérateurs économiques ?

Je pense que l`avantage d`un tel système est indéniable dans le cadre d`une relance post-crise. Les investisseurs sont très préoccupés par les problèmes d`insécurité dans notre pays. Il faut reconnaître que c`est devenu un véritable frein à l`investissement. Vous avez vu qu`avec le Cepici, avec qui on a signé un partenariat, nous avons tenté de trouver des solutions pour dire aux investisseurs que dorénavant, la Côte d`Ivoire s`est dotée d`un système de vidéosurveillance à distance qui permet de véritablement sécuriser les biens et les personnes. Il faut reconnaître que c`est devenu un véritable frein à l`investissement.


Ce système aura-t-il un impact sur l`économie ivoirienne ?

Ce système a un gros impact sur l`économie ivoirienne, car en fin de compte, les investisseurs se sentant un peu rassurés vont investir un peu plus. Parce que si vous devez construire et faire des projets d`investissements et que vous sentez des menaces, vous ne pouvez pas investir. Je pense que le climat de sécurité qui est consécutif à la mise en place d`un tel système va nécessairement mettre les gens en confiance. Cela va donc booster l`économie car, aucune économie ne peut prospérer s`il n`y a pas de sécurité. Si le sentiment d`insécurité perdure, l`économie ne bougera pas parce que beaucoup auront comme une sensation, un frein à l`investissement, ils vont se sentir un peu bloqués par cela.


Mais, la mise en place de ce système ne viole-t-elle pas l`intimité des personnes ?

Non ! Cela ne viole pas du tout l`intimité parce que, d`une part, ce dont nous parlons est la sécurisation des endroits publics donc, vous avez les rues, les endroits publics tels que le palais de la culture, les ministères, d`autre part, au niveau des entreprises privées, nous ne rentrons pas dans les entreprises. Mais nous sécurisons l`entreprise privée dans ses enceintes extérieures, dans ses parties sensibles où les gens peuvent faire des intrusions à l`extérieur. Dans les maisons, nous surveillons votre bâtiment à partir de l`extérieur, c`est-à-dire où le danger peut arriver au niveau technique. Au niveau juridique, les images que nous avons sont des images propriétaires, vous pouvez avoir seulement accès à nos images et non celui d`autrui. Tant que vous n`avez pas de réquisition de justice, il est impossible de visualiser les images des autres. L`objectif est purement sécuritaire. La confidentialité est sauvegardée, la vie privée est sauvegardée, l`aspect juridique est sécurisé également.


Lors du lancement de vos activités, le ministre des NTIC, M. Hamed Bakayoko, avait fait état de l`installation prochaine de 1000 caméras à Abidjan. Où en êtes-vous ?

Dans un premier temps, ce projet s`articulera en trois phases. Il intègre le vaste projet de e-gouvernement conduit par le ministre des NTIC qui est, en effet, très avancé. Nous avons certaines rues à titre expérimental qui sont déjà équipées en caméras et nous sommes au stade d`identification des rues et des édifices importants qui peuvent être pris en compte dans ce projet. Il est nécessaire de préciser que 1000 caméras, c`est un nombre important certes, mais cela demeure encore largement insuffisant pour couvrir toutes les rues d`Abidjan et tous les bâtiments de l`Etat. Nous pensons que c`est un pas appréciable. Néanmoins, nous mettons l`accent sur les rues à haut risque et les édifices publics de grande affluence.


Nous avons constaté que tout brûle à Abidjan et même il y a eu des incidents qui ont entraîné des morts d`hommes. Quelles solutions la vidéosurveillance peut-elle apporter ?

C`est triste et à la fois intrigant ce à quoi nous assistons ces derniers temps ; Des marchés, des bâtiments, certaines institutions, pour ne citer que cela, partent en fumée. Au delà de la vétusté de certains bâtiments, certains incendies peuvent être d`origine criminelle et c`est la vidéosurveillance qui peut permettre de répondre véritablement à ces questions, en ce sens qu`elle peut surveiller à distance tous ces bâtiments.

Mais il peut également donner l`alerte à temps pour une réponse rapide d`une part et d`autre part, il peut retracer seconde après seconde ce qui s`est réellement passé avant le sinistre. Par exemple, récemment au stade FHB, nous avons vécu un drame qui nous a tous endeuillés, mais s`il y avait des caméras au stade et aux alentours, on aurait pu non seulement prévenir le drame ou tout au moins retracer avec exactitude ce qui s`est réellement passé, car tous les grands stades du monde sont dotés de ces systèmes. Au delà de ce cas, tous les lieux publics qui accueillent de la foule doivent être dotés de tels dispositifs.

Interview réalisée par
Emiline P. Amangoua et Cinthia R. Aka (Stagiaires)

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