samedi 4 juillet 2009 par Nord-Sud

Depuis Paris, le Secrétaire national aux élections du Rassemblement des républicains (Rdr), Mamadou Sanogo se prononce sur les cas de fraude que le Fpi dit avoir détectés dans l'opération d'enrôlement et apporte la réplique.


?Le Monsieur élections du Front populaire ivoirien, Sokouri Bohui, dit avoir découvert des cas de fraude dans l'enrôlement. Et que le croisement des données devrait absolument permettre de les extraire. Le Rdr se sent-il visé?

Nous n'avons pas besoin de nous sentir viser. Il s'agit d'analyser la qualité de ceux qui parlent. C'est pour cacher leurs initiatives de fraude massive que ceux du Fpi commencent déjà à accuser leurs adversaires. Le Pdci a organisé récemment une conférence de presse pour dénoncer les man?uvres du parti au pouvoir. Au Rdr, nous nous apprêtons également dans les heures qui suivent à porter devant l'opinion nationale et internationale, les preuves irréfutables qui montrent que le Fpi a organisé des fraudes massives au cours des séances de rattrapage de l'enrôlement dans des sous-préfets. Ceux-ci ont servi de relais pour signer des extraits de naissance frauduleux. Nous sommes surpris de voir gesticuler M. Sokouri.


?Bien qu'ayant affirmé dans son interview (In Notre Voie d'hier, N° 3321) que le Fpi souhaite que les élections se tiennent le 29 novembre, M. Sokouri insiste pour dire que de nombreux Ivoiriens ont été laissés en rade du fait des ratés de la Cei. Etes-vous d'accord avec lui ?

C'est la preuve de ce que j'affirme justement. Le Fpi sait que des représentants d'autres partis politiques au sein de la Cei ont saisi beaucoup de documents frauduleux fruits de ses magouilles. Ce qui l'a empêché lors des rattrapages finaux d'aller au bout de sa logique. C'est pourquoi ce parti a déjà commencé à se battre pour qu'il y ait de nouvelles prorogations. En se faisant défenseur des personnes laissées en rade, le Fpi parle en fait des détenteurs des faux documents qu'il a créés. Mais, il n'en sera jamais question. Au dernier Cpc (Cadre permanent de concertation) à Ouaga, la décision a déjà été prise de se conformer au chronogramme de la Cei. Car, si Gbagbo est toujours au pouvoir, c'est bien à cause des arrangements trouvés dans l'Accord politique de Ouagadougou. C'est conformément à cet accord que le terme de l'enrôlement a été arrêté. Il n'appartient pas à un parti politique, encore moins à un individu de décider de la continuité. Pour le Rdr, pas question de revenir sur l'enrôlement. Nous aussi avons des militants qui sont restés en rade tout comme ceux du Pdci, de l'Udpci, du Mfa


?D'autres personnes qui demandent aussi la prorogation pointent du doigt les opérations de reconstitution des registres de l'état civil.

En dehors de certaines communes d'Abidjan, la majorité des lieux d'enrôlement sur le reste du territoire national n'étaient plus fréquentés lors de ces séances de rattrapage. En Europe, hormis la France, dans tous les autres pays, les Ivoiriens arrivaient au compte-goutte. Tout le monde doit savoir que chaque rallonge de l'opération induit immédiatement une rallonge de la facture chez les opérateurs impliqués. Il faut cesser de faire dépenser inutilement l'Etat rien que pour assouvir ses desseins qui sont de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Que le Fpi arrête. Trop c'est trop. Juste après les élections, ceux qui auront les pièces d'identité auprès des tribunaux pourront continuer de se faire enrôler.


?Le Fpi annonce qu'il se servira pleinement des séances de croisement des données pour exiger que la Cei écarte les fraudeurs. N'est-ce pas là un signe annonciateur de bras de fer autour de la liste électorale ?

Il faudra que le Fpi et tous les Ivoiriens sachent que le Rdr a toujours souhaité que la liste électorale issue de ces enrôlements soit la plus transparente possible. C'est seulement ceux qui en ont le droit qui doivent figurer sur cette liste. Le Rdr n'a rien à cacher. C'est pourquoi, nous souhaitons que toutes les voies qui vont permettre cette transparence soient utilisées. Des modalités techniques doivent être arrêtées de manière consensuelle, ce qui n'est toujours pas le cas. Il faut en parler. Les fichiers qui vont faire l'objet de croisement doivent être connus d'avance de tous ainsi que les conditions pratiques. Si tout cela est fait, nous n'aurons aucun problème. D'ailleurs le Rdr va suggérer des procédés supplémentaires qui ont fait leurs preuves. Nous souhaitons par exemple que les fichiers de demandeurs d'asile politique auprès du HCR (je veux parler de tous les refugiés) soient ajoutés à la listes des noms à croiser. Nous savons tous quel est le parti politique qui a fait enrôler massivement des réfugiés comme étant des nationaux. Dans toute la zone Ouest, il y a eu des choses dans ce sens. Nous le savons. Le Fpi sera démasqué. Ce parti, en réalité, n'a pas bien préparé l'enrôlement. Sachant aujourd'hui qu'il a raté totalement son coup, il veut nous fatiguer. Allons donc aux croisements. Tous ceux qui seront épinglés pour faux s'en iront sans que personne ne lève le petit doigt. Mais, si jamais une structure technique s'amusait à user de subterfuges pour extraire injustement un seul Ivoirien, quel que soit son bord, alors l'on verra notre réaction.


?A vous écouter tous, l'on se demande bien si le consensus qui est nécessaire pour la validation définitive de la liste électorale sera un jour trouvé ?

C'est un leurre que de penser qu'un jour, les partis politiques qui ont des intérêts bien différents viendront tous s'asseoir autour d'une table pour applaudir et dire : Oui, nous sommes tous d'accords avec telle liste. Ce que nous appelons le consensus, c'est surtout le mode opératoire de la validation de la liste. Si ce mode est consensuel, personne ne trouvera à redire après son application stricte. En l'occurrence, je crois qu'il l'est déjà. La démarche arrêtée a été validée par tous. Donc on a déjà le consensus. Il faut bien lire les textes. Surtout le code électoral. La liste provisoire sera affichée dans tous les lieux d'enrôlement et tout le monde viendra vérifier et s'assurer qu'il y figure. Ceux qui veulent contester devront se présenter avec des preuves pendant le délai de 1 mois 8 jours que la loi prévoit pour le faire. Mais, si le Fpi veut accuser alors qu'il n'a aucune preuve, des dispositions juridiques sont prévues pour le poursuivre. Et ce parti trouvera le Rdr, le Pdci, l'Udpci et tous les autres partis sur son chemin. Mais, s'il y a des preuves, les personnes concernées devront être sorties et poursuivies. Il faut éviter les polémiques inutiles. Que nos militants restent sereins.

Interview réalisée au téléphone par Djama Stanislas

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