jeudi 2 juillet 2009 par Le Patriote

Le Patriote : Pourquoi votre choix s'est-il porté sur Alpha Omar Konaré et non sur d'autres personnalités?
Légré Kipré : Tout simplement parce que le président Alpha Omar Konaré a posé un acte de haute portée démocratique dans son pays en refusant de modifier la Constitution de son pays pour un 3eme mandat. A travers cet acte, il a respecté la lettre et l'esprit de la Constitution de son pays. Il n'a pas voulu confisquer le pouvoir que le peuple lui a délégué en 1992. Au-delà d'Alpha Oumar Konaré, nous rendons également hommage à un grand homme de principe et de conviction qui est ATT. Les deux personnalités constituent des symboles et des modèles de démocratie en Afrique. Elles méritent d'être saluées.

LP : Récemment, lors du cinquantenaire du barreau de Côte d'Ivoire, deux personnalités, en l'occurrence Jerry Rawlings et Abdou Diouf ont été présentées comme des modèles d'homme de démocratie. Partagez-vous cet avis?
L.K : Le barreau a reçu des personnalités qui ont favorisé la stabilité dans leur pays respectif. Il était normal que le barreau leur rende un hommage mérité. Cependant, pour ce qui est des modèles, le modèle malien est le plus parfait et le plus achevé de la démocratie. Nous avons regretté l'absence du président Alpha Oumar Konaré dont la présence aurait donné un éclat particulier à ce cinquantenaire. Pour le cas d'Abdou Diouf, s'il est vrai qu'en tant que Premier ministre de 1974 à 1981, il a favorisé la création des partis politiques comme celui d'Abdoulaye Wade, il est tout de même resté pendant 26 ans au sein du parti unique. Quant à Rawlings, nous considérons que c'est un militaire repenti et reconverti à la démocratie.

LP : Mais Rawlings est connu pour avoir cédé le pouvoir à John Kuffuor et Abdou Diouf à Wade.
L.K : Nous reconnaissons le rôle joué par ces deux personnalités dans la stabilité politique et économique de leur pays. Mais en tant que modèle, nous nous interrogeons comme je l'ai dit tantôt.

LP : A vous entendre, le salut de l'Afrique viendra de la culture démocratique
L. K : La démocratique est une nécessité pour l'Afrique. Nous avons connu en Afrique des régimes autoritaires, monarchiques qui n'ont rien apporté à l'Afrique. L'Afrique a besoin de cette démocratie pour son développement plus que les autres parties du monde. L'Afrique a besoin d'éducation, de routes, de ponts. Sans stabilité, il sera très difficile de réaliser ces objectifs. Aujourd'hui, ce que nous voyons en Iran démontre que le peuple a besoin de liberté et non de pain. Nous invitons les chefs d'Etat africain à mettre en ?uvre, les pratiques démocratiques pour donner plus de liberté à leurs concitoyens. Dans la Grèce antique, au temps de Périclès, nous avons observé le développement des arts, de la culture, des sciences, de la philosophie par des hommes comme Socrate, Thucydide, Phidias qui ont marqué et continuent toujours de marquer l'histoire du monde. Parce que la démocratie venait d'être instituée par Périclès après plusieurs années entre les cités Etats.

Le Patriote : Que pensez-vous de l'attitude du président Mamadou Tandja qui veut à tout prix organiser un referendum pour changer la Constitution ?
L.K : L'entêtement du Président Tandja s'analyse comme le refus de la démocratie. Comme le rejet pur et simple des principes démocratiques pour asseoir un pouvoir autocratique et dictatorial. Ce que l'on peut retenir est que cette crise de 2009 au Niger est plus grave que les précédentes, c'est-à-dire celles de 1991 et 1995.Cette fois ?ci toutes les institutions de la République ne fonctionnement plus .C'est le signe fort de la dictature, de l'asservissement du peuple. L'Assemblée Nationale ainsi que le conseil constitutionnel ont été dissouts ; huit ministres ont rendu leur démission. Nous avons bien peur pour le peuple nigérien qui a déjà souffert des affres de l'armée en 1974 et en 1996 suivi de la fusillade d'un président en la personne de Baré Maïnassara. Cette armée là a une culture interventionniste. C'est regrettable pour l'Afrique, le Niger avait bien renoué avec la démocratie en organisant des élections transparentes, justes et équitables saluées par la CEDEAO et la communauté internationale. Nous invitons le président Tandja à penser à son peuple qu'aux intérêts de la Métroplole.

LP : Notre pays traverse depuis neuf ans, des moments difficiles. En tant que défenseur et promoteur de la démocratie, quel regard jetez-vous sur le processus de sortie de crise?
L.K : Nous sommes dans un processus de sortie de crise et nous voyons les efforts qui sont fournis par les uns et les autres pour sortir le pays de cette crise. L'application effective de l'Accord politique de Ouagadougou doit amener à prendre conscience des dangers qui guettent à nouveau notre pays. Nous souhaitons que le processus d'identification et d'enrôlement aille à son terme et qu'aucun Ivoirien ne soit laissé sur le rivage. Car chacun à son niveau doit participer à l'édification de l'Etat de droit dans notre pays. Nous encourageons le chef de l'Etat Laurent Gbagbo et tous les acteurs clé de la scène politique ivoirienne à conduire véritablement notre pays vers la démocratie pour le bonheur et le bien-être des Ivoiriens et pour tous ceux qui ont décidé de choisir ce pays pour s'établir définitivement.

L.P : Comment jugez-vous la manière dont est conduit le processus de paix en Côte d'Ivoire? Pensez-vous que les dirigeants ivoiriens font suffisamment d'efforts pour la démocratie en Côte d'Ivoire?
L.K : Ce que nous souhaitons est que notre pays, la Côte d'Ivoire rentre véritablement dans le club des pays démocratiques en organisant des élections justes, transparentes, équitables sans contestation aucune. Nous devons tout mettre en ?uvre pour éviter de saper les fondements légaux et légitimes de l'Etat. Nous ne devons avoir recours à aucune stratégie ou man?uvre pour saborder le processus démocratique.
Réalisée par Jean-Claude Coulibaly

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