mercredi 1 juillet 2009 par Le Patriote

A ce jour, l'économie mondiale enregistre plus de 500 milliards d'Euros (327500 milliards de FCFA) comme manque à gagner, soit 10% du commerce mondial. Ce chiffre indique combien la contrefaçon a gagné et continue de gagner du terrain dans les pays industrialisés et principalement dans les pays africains. Selon l'Association des Industriels d'Afrique (AIA), 83% des entreprises africaines reconnaissent la contrefaçon comme étant une préoccupation majeure du fait qu'elle fait perdre à chaque entreprise 5 à 10 milliards de FCFA par an. Les entreprises subissent une perte directe sur les recettes tirées des ventes entraînant, à leur tour, une perte de recettes fiscales voire des pertes d'emplois. En Côte d'Ivoire, sur environ douze (12) entreprises de textiles que comptait l'échiquier national, il y a une dizaine d'années, il en reste moins de cinq (5) encore en activité. Aujourd'hui, la contrefaçon coûte 780 milliards de FCFA par an à l'économie nationale. Un préjudice énorme, dû à l'invasion du marché par les produits contrefaits en provenance d'Asie et principalement de la Chine. Considérée comme l'empire de la contrefaçon , la Chine représente 80% de la contrefaçon dans le monde entier, selon l'Organisation Mondiale des Douanes (OMD). Par des circuits déjoués, pour échapper au contrôle des douaniers et avoir leur confiance, les produits contrefaisants réussissent à pénétrer les marchés, même les plus imperméables. Un produit en provenance de la Chine destiné pour les Etats-Unis d'Amérique, va suivre le chemin suivant : de l'Asie, ce produit va transiter par l'Europe de l'Est, l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale pour ensuite remonter vers l'Angleterre en Europe de l'Ouest avant d'atterrir sur le sol américain.

Une perte sèche de 780 milliards
de FCFA par an

En quelques années seulement, la contrefaçon est passée du stade artisanal à l'échelle d'une véritable industrie qui pollue tous les secteurs d'activités. Aujourd'hui, la gamme de produits contrefaits ne cesse de se diversifier. De l'industrie textile à l'industrie du disque en passant par les cigarettes, les équipements électriques et électroménagers, les jouets, les parfums et cosmétiques, les boissons alcoolisées, les montres, les médicaments et même les pièces de voiture ou d'avion, tout y passe. En Côte d'Ivoire, la contrefaçon représente plus de 30 % de pertes de chiffre d'affaires pour le secteur cosmétique. En 2008, Unilever a intercepté 458 000 tubes de pâtes dentifrices contrefaits pour une valeur de 343,5 millions de Fcfa. Quant à Uniwax dans l'industrie textile, elle fait aujourd'hui moins de 10 milliards de FCFA en terme de chiffres d?affaire et la contrefaçon a contribué à la suppression d'environ 6000 emplois. Ces chiffres montrent que la Côte d'Ivoire est une destination prisée par les contrefacteurs qui y déversent toute sorte de produits. Cet état de fait entraîne inlassablement le chômage et accroît le taux de la pauvreté.
L'un des secteurs les plus touchés par la contrefaçon en Afrique, reste le secteur des médicaments. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 30 à 40% des médicaments sont contrefaits et 50% des traitements anti-paludéens sont faux. A ce niveau, les risques concrets pesant sur la sécurité et la santé des consommateurs sont de plus en plus énormes. Les médicaments contrefaits présentent des niveaux de risques différents suivant le type de contrefaçons dont il s'agit. En effet, ces médicaments peuvent ne pas guérir parce que ils sont dénudés de tout principe actif ou parce qu'ils sont totalement dangereux à cause de la présence de substances toxiques ou de l'absence de dosage exact. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'importance de ce phénomène en Afrique. A savoir la faiblesse de la législation et des contrôles, des problèmes d'accès au médicament, car généralement, la plupart de ces faux médicaments proviennent des médicaments de la rue.

L'industrie du textile sinistrée

En effet, la pauvreté, la porosité des frontières, l'inadéquation entre les textes et les réalités communautaire, le manque de pression et de mesures peu dissuasives demeurent les éléments favorisant la fraude, la piraterie et la contrefaçon. Les pays africains gagneraient à mettre en place un dispositif législatif communautaire ou régional adéquat afin de juguler la contrefaçon, et de préserver leurs industries et leurs économies très fragiles. Par ailleurs, il est important de connaître la traçabilité d'un produit pour surveiller de près la contrefaçon. En Côte d'Ivoire, le récent forum sur la lutte contre la contrefaçon, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Contrefaçon, a beaucoup insisté sur la sensibilisation collective et dynamique impliquant tous les acteurs aussi bien l'Etat, le secteur privé, les associations de consommateurs, que les leaders d'opinion etc., le renforcement du contrôle à travers l'adoption de l'Ordonnance portant protection de la propriété intellectuelle aux frontières, du suivi de la traçabilité du produit et de la mise en place d'un cadre réglementaire adéquat ; et enfin, de l'érection du délit de contrefaçon de marque en délit de douanes.
Sogona Sidibé

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