mercredi 1 juillet 2009 par Notre Voie

La visite d`Etat du président Laurent Gbagbo à l`Ouest a non seulement consacré la réunification de la zone, mais, a aussi contribué à la cohésion entre les leaders politiques de tous bords et les po-pulations. Nous avons rencontré, Alphonse Douati, cadre de la région qui situe les enjeux et les retombées politiques et économiques de la visite. Interview.

Notre Voie : Au terme de la visite d`Etat du président Laurent Gbagbo, dans la région des 18 Montagnes, de Touba, du Bafing et du Denguélé, quelles leçons en tirez-vous ?
Alphonse Douati : Vous permettez que je limite mes leçons à la région des montagnes parce que pour le Bafing et le Denguélé, j`accompagnais le chef de l`Etat en tant que membre du gouvernement. A ce titre, je ne peux tirer les leçons qui lui reviennent de droit. Pour ce qui concerne l`Ouest, j`interviens en tant que cadre de la région. Effectivement, cette tournée était importante sinon indispensable. La tournée a permis au président Laurent Gbagbo de faire basculer notre région dans la République. C`est vrai qu`après l`Accord de Ouagadougou, la situation s`est améliorée et la réconciliation était en marche dans la région. Mais que le chef de l`Etat vienne, lui-même, mettre la population au travail et qu`il annonce les grandes mesures qu`il entend prendre pour cette région, je pense que cela a véritablement satisfait nos parents. L`initiative leur a donné une forme de libération psychologique et morale pour se mettre véritablement au service de la République.

N.V. : Il y avait un conflit de leadership entre certains cadres des 18 montagnes. Peut-on dire qu`après la visite du président Gbagbo, la cohésion est retrouvée dans votre région ?
A.D. : Il faudrait savoir que dans toutes les régions de Côte d`Ivoire, il existe des ambitions légitimes de positionnement. Je me suis toujours étonné que lorsqu`il s`agit de l`Ouest, on veuille voir les ambitions en terme de palabre. L`arrivée du président Laurent Gbagbo a constitué un élément fort en ce sens qu`on a observé un rassemblement, une cohésion de tous les cadres autour du président de la République. Même au-delà de l`aspect républicain de la visite du président, nous avons entendu l`essentiel des leaders politiques faire des déclarations publiques ou en privé pour dire qu'ils sont à la disposition du président de la République, SEM Laurent Gbagbo. J`en veux pour preuve, le discours du président du Conseil général de Man (Siki Blon Blaise, ndlr). A travers son discours, on se rend compte qu`il est avec le président Gbagbo et il l'a même avoué en aparté. Le président du Conseil général de Danané s`est quant à lui, rangé aux côtés du président de la République avant la visite d`Etat. Nous pouvons donc dire que tous les leaders politiques se sont accordés autour du président Gbagb à l`occasion de cette visite. Mais ils sont allés, au-delà, pour dire que désormais, ils font la politique du président Gbagbo. Je pense par conséquent que c`est un atout majeur.

La cohésion est retrouvée autour de Gbagbo à l`Ouest?

Au moins pour l`élection présidentielle, nous serons libres d`autant que la cohésion est retrouvée autour de Gbagbo à l`Ouest. Pour les élections législatives, le président Laurent Gbagbo, sachant que l`essentiel des leaders politiques est autour de lui désormais, saura prendre des dispositions pour avoir la majorité au parlement.
Quant aux élections locales relatives au conseil général, à la municipalité, la population saura qui a le meilleur profil pour assurer le développement local. Dans ces conditions, ce n`est pas un enjeu politique, c`est un enjeu local de développement. Je pense que la visite du président Gbagbo a créé la cohésion dans la région.

N.V. : Biankouman étant devenue département, concernant le développement en tant que cadre de la région, il n`y a pas de raison que vous n`ayez pas d`ambitions et que les populations ne vous sollicitent pas pour les actions de développement !
A.D. : Pourtant ailleurs dans le pays, les populations sollicitent leurs fils cadres pour des cérémonies et des actions de développement. Biankouman ne peut faire l'exception vis-à-vis de moi. Je suis membre du gouvernement, fils de Biankouman où j'ai grandi. Naturellement, les jeunes, les femmes, les hommes, des parents sont en droit de me solliciter. Je fais ce que je peux faire. Sur le plan médical, nous avons organisé des actions liées à un mal dont souffraient les populations. Nous avons mis en place un forum des jeunes qui marche bien. Les jeunes travaillent et chaque fois qu`ils ont besoin de faire des dépenses, ils demandent mon avis.
J`ai effectué des visites dans chaque canton. Et durant ces visites, nous menons des actions d`équipement d'école, de centre de santé.
Nous aidons les handicapés, etc. Nous saisissons toutes les occasions que nos parents nous offrent pour nous approcher d`eux afin de les soulager. La pauvreté qui a gagné le pays n`épargne aucune région. C`est la raison pour laquelle nous devons partager le minimum avec nos parents.

J`ai des ambitions politiques?

L`autre volet de votre question est de savoir si j`ai des ambitions. Naturellement, j`ai des ambitions. J`aspire à être le porte-parole de notre population, mais je suis dans un parti politique qui est le FPI. Si le FPI accepte que je me présente aux élections à n`importe quel poste, il n'y a pas de problème. J`ai dit à mes parents que j`ai informé mon parti de mon désir de briguer un poste politique parce que je reçois des messages, des gens viennent me parler. Nous comprenons leurs préoccupations mais respectons les règles du parti dans lequel nous sommes et auquel nous avons adhéré librement.

N.V. : Quel est votre sentiment après les décisions importantes du président Gbagbo, suite à sa visite dans les régions des Montagnes ?
A.D. : Les populations du Moyen Cavally et des 18 Montagnes ont toujours eu le désir de voir les deux régions déclarées zone sinistrée, suite à la crise politico-militaire. Toutes ces préoccupations ont amené le président Gbagbo à doter les 2 régions d`une autorité de région.
Dans ces conditions, il engage la région sur la voie de la reconstruction totale et de la rénovation. Il semble que les textes réglementaires seront vite pris, le partage des tâches et les moyens de les mettre en application. Il appartient aux cadres et fils de la région de saisir la perche que leur tend le président pour lui faire des propositions concrètes en adéquation avec les préoccupations des populations.
Le président Gbagbo est allé plus loin pour dire qu`il va créer 10 régions en Côte d`Ivoire et que Man sera la capitale de l`une de ces régions. C`est important. Toutes les régions ne peuvent pas se prévaloir capitale. Si le nombre des régions passe à 10, cela veut dire que ce sera des régions très fortes, dotées d`infrastructures fortes. Ce sont des régions qui doivent se doter d`universités, de technopôles. Il a dit aussi qu`il faut faire des investissements de très grand niveau pour l`exportation des ressources minières et naturelles de notre région. Et que Man sera un pôle économique non seulement de la Côte d`Ivoire mais aussi de la Guinée, du Liberia et pourquoi pas, de la Sierra Leone. Je me dis que l`union du fleuve Mano risque d`avoir un pan de développement vers Man. Le président Gbagbo a parlé des chemins de fer qui sont liés à l`exploitation minière qui doit alimenter San Pedro. On ne demande pas mieux. C`est à nous de nous mettre au travail.

N.V. : L`un des actes forts de la visite du président Gbagbo a été la décoration du doyen, Loua Diomandé, ex-ministre de Félix Houphouet-Boigny. Quel sentiment vous anime ?
A.D. : J`ai vécu la décoration de Loua Diomandé comme un honneur à ma personne, à notre région et au département de Biankouman. Le ministre Loua Diomandé a été au gouvernement de 1957 à 1979. Il a posé des actes importants dans le pays. Il est à l`origine de la création de la télévision moderne ivoirienne, de la restructuration de la Fonction publique et de la création de l`Ecole nationale d`Administration (ENA). Il est à l`origine de l`enseignement de la politique touristique en Côte d`Ivoire, et des relations entre le gouvernement et l`Assemblée nationale. Ce monsieur a été très honnête. Et cette honnêteté lui a donné une connotation qui n`a pas été élogieuse. Le président Gbagbo en décorant Loua Diomandé n`a fait que lui permettre de revenir à la surface. Il a réhabilité un citoyen honnête qui a travaillé des années pour l`Etat.

N.V. : Le FPI a-t-il profité de la tournée du président Gbagbo pour se positionner ?
A.D. : Le président du FPI, Affi N`Guessan, a effectué une tournée dans la région. Je pense qu`il lui appartient d`apprécier les retombées de la visite du président Gbagbo pour le FPI après sa visite au sein des différentes fédérations. Mais à l`entendre, je crois qu'Affi N`Guessan est satisfait et agréablement surpris.
Avant la visite du président, dès que l`Accord de Ouagadougou a été mis en ?uvre, les cadres, responsables et militants du FPI de la région ont régulièrement fréquenté leur région. Mon premier contact avec les populations date du 22 septembre 2004. Et depuis lors, j`ai régulièrement fréquenté la région. Il en est de même pour nos camarades de Danané avec à leur tête le colonel-major Mangly, de nos camarades de Man, Kouibly, Zouan- Hounien. Donc le FPI avant l`arrivée du président Gbagbo travaillait sur le terrain.
Vous savez, on a un fait culturel. On préfère découvrir le travail. C`est ce qui fait dire à certaines personnes que le FPI a disparu à Biankouman. Le FPI ne peut pas disparaître à Biankouman. Maintenant que le président Gbagbo a propulsé la région dans la République nous allons user des moyens légaux pour conquérir le maximum de militants, d`électeurs. Le passage du président de la République est un plus pour le FPI parce qu`il a propulsé les populations et les partis politiques dans la République.

Gbagbo a propulsé les partis politiques dans la République

Et comme le FPI est très attaché à la République, vous n`apprendrez jamais que ce parti a dévié vis-à-vis de la République. Le parti dans la région de l`Ouest prendra plus d`envergure. Depuis les Accords politiques de Ouaga, les Forces nouvelles dans notre région se sont mises en position de neutralité. Le combat que nous menions n`était pas trop handicapant pour le FPI. Aujourd`hui, puisque tout le monde est dans la légalité, nous en feront davantage.
Et puis, le président de la République est issu du FPI. Il pose des actes pour notre région, pourquoi n`allons- nous pas présenter ces bienfaits comme étant une voie pour montrer que le FPI a produit de bonnes personnes ? Et nous allons l`exporter au mieux de nos capacités et aussi dans la République.

N.V. : Le président Laurent Gbagbo a annoncé l`inhumation prochaine de feu le général Robert Guéi, ex-chef de l`Etat ivoirien, lors de sa visite à l`Ouest. Quel est votre sentiment ?
A.D. : Il faut dire que les problèmes liés aux funérailles, à la mort de façon générale, sont intimes des familles. Donc concernant le général Guéi, c`est d`abord l`affaire de sa famille. Ensuite nous autres cadres de la région, notre devoir, est de nous mettre à la disposition de cette famille. Ce que le président de la République a fait est d`accéder à la demande de la famille. Comment l'a-t-il fait ? C`est qu`elle était divisée quant au lieu de l`inhumation définitive du général.
En tant que chef de l`Etat, le président Gbagbo a joué un rôle de modérateur pour que la famille parle d`une seule voix. Pour aller dans le sens de l`apaisement, il a usé de procédures africaines, pour annoncer le décès de façon officielle selon les formes africaines. Sinon le président Gbagbo peut user des voies de la République que sont la télévision, la radio pour faire l`annonce. Il a préféré envoyer une délégation pour annoncer la nouvelle. Les parents se sont mis d`accord. C`est ainsi qu`il a dit que la République enverra le corps dans la région avec tous les honneurs.
Mon sentiment est un soulagement. Parce que pour une personnalité du rang du général Guéi, il n`était pas bon que la famille soit tiraillée. Et des personnes voulaient donner une connotation qui n`avait rien à voir avec les préoccupations de la famille.

N.V. : Il y a eu la mort subite de l`ex-ministre Denis Bra Kanon qui était en mission de facilitation à l`Ouest
A.D. : Personnellement, j`ai vécu la mort de Bra Kanon de façon difficile. Mais quand on est croyant, on ne peut que dire, c`est la volonté de Dieu qui s`est réalisée.
Bra Kanon était ministre lorsque nous commencions à travailler. Il n`a pas manqué de nous donner des conseils lorsque nous sommes devenus ministre. De mes relations avec lui, je retiens que c`est un homme de devoir. Il avait le sens de la République, le sens de l`Etat. Il est arrivé à Man, un peu fatigué. Mais étant un homme de devoir, il a voulu assumer son devoir. Je pense qu`il est mort à la tâche. Il était un homme du rassemblement. Il était dans la délégation de la mission du président Seri Gnoléba à Kabacouma. Le sens de l`unité nationale poussait Bra Kanon à se surpasser. Donc sa disparition est un grand vide. C`est un homme de devoir. On ne peut que lui rendre hommage et présenter les condoléances à la famille. Au moment venu, les cadres de l`Ouest feront ce qu`il faut faire vis-à-vis de ce frère parti dans l`Au-delà.

Interview réalisée par Guillaume Gbato et Gomond Edmond

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