mercredi 1 juillet 2009 par Notre Voie

Depuis pratiquement un an, la Société nationale des transports terrestres (SONATT) fait l'objet d'attaques en règle de la part du syndicat des agents de la direction générale des transports terrestres et de la circulation (SYNA-DGTTC). Ce syndicat reproche à la SONATT d'exercer dans l'illégalité, d'être une entreprise budgétivore et de confisquer les attributions de la DGTTC. Pour les responsables de la SONATT, toutes ces allégations ne reposent sur aucun fondement, étant donné que la SONATT a été créée par décret 2001-337 du 27 juin 2001 qui fixe ses missions et attributions. Un décret qui est toujours en vigueur puisque n'ayant jamais été abrogé. C'est pourquoi, les responsables mis en cause disent ne pas comprendre le sens de ce conflit entre la SONATT et le DGTTC. Nos investigations nous ont permis de comprendre que ce conflit a plus des relents politiques qu'administratifs. Avec en toile de fond, laa constitution d'un trésor par le ministre Mabri Toikeusse dans la perspective des prochaines élections.

A l'origine une affaire de nomination

Pour mieux cerner le problème, il convient de remonter aux négociations politiques de Ouagadougou qui ont précédé la formation du gouvernement Soro. Une source proche du dossier indique que pendant les négociations entre le pouvoir et les Forces nouvelles, dans le cadre du dialogue direct qui a abouti à la signature de l'accord politique de Ouagadougou le 4 mars 2007, Jean Blé Guirao, 3ème secrétaire général adjoint de l'UDPCI chargé de l'organisation et de la mobilisation, actuel secrétaire général de la SONATT et ex- secrétaire général de la FESCI, aurait obtenu de Guillaume Soro Kigbafori, lui aussi ancien secrétaire de la FESCI, la ferme promesse de se voir confier le portefeuille ministériel des Transports. Le président de l'UDPCI, Mabri Toikeusse, alors ministre dans le gouvernement Banny, devait donc demeurer ministre sous réserve non énoncée que l'un des alliés au sein du RHDP consente à se dessaisir d'un poste à lui attribué. Aucune réponse satisfaisante n'a été donnée à l'UDPCI qui s'est contenté d'un seul poste de ministre. De sorte que Mabri Toikeusse devait quitter le gouvernement au profit de Blé Guirao. Dès lors les tractations commencent au sein de l'UDPCI. La classe dirigeante de ce parti étant en majorité Dan n'admet pas que Blé, d'origine Wê, soit retenu. Pour ne pas mettre à mal la cohésion du parti, Blé Guirao consent au sacrifice. Il renonce au poste de ministre au profit de Mabri Toikeusse. Mais en contrepartie, Blé Guirao devait être nommé, par Mabri, directeur général de la SONATT. Malheureusement, le deal prend du plomb dans l'aile quand Mabri Toikeusse, pour des accointances religieuses avec l'ex-DG de la SONATT, Koné Arouna, refuse de débarquer ce dernier. Surtout que certains des proches du ministre Mabri, dans le cadre des activités du parti, ont bénéficié des largesses d'Arouna. Albert Mabri Toikeusse propose alors Blé Guirao au poste de secrétaire général de la SONATT, tout en lui expliquant que le poste de directeur général l'exposerait à trop de risques qui lui seraient préjudiciables au sein du parti. Mais, selon notre source, Blé Guirao flaire tout de suite l'arnaque dans cette proposition. Alors il refuse de travailler avec Koné Arouna. Alors s'installe un froid entre Mabri et Blé Guirao. Les deux personnes, selon plusieurs sources, se regardaient en chiens de faïence. Toute situation dont les adversaires de Blé Guirao au sein du parti ont profité pour faire croire au ministre Mabri que son secrétaire général adjoint travaillait désormais contre lui.
Tout cela a eu pour conséquence, la mise à l'écart de Blé Guirao au niveau de l'insertion professionnelle ainsi que tous ceux qui étaient présentés comme ses partisans. Finalement, après plusieurs jours de rencontres et plusieurs interventions, le ministre des Transports consent à nommer Blé Guirao au poste de secrétaire général de la SONATT. Bien entendu après avoir recruté un directeur général après appel à candidature. Blé Guirao ne baisse cependant pas les bras. Il rumine sa colère et étouffe de vengeance. Il tente de récupérer ce qu'il considère comme le fruit de sa lutte. Notamment le poste de directeur général de la SONATT. Il redouble d'ardeur dans le combat aux côtés de Mabri Toikeusse pour la conquête du pouvoir d'Etat. Dans l'optique de revenir dans les grâces de son leader politique. Mabri mord à l'hameçon. Certainement parce que son collaborateur est un pion essentiel et indispensable dans son dispositif. Mais surtout parce qu'il est à la recherche de moyens financiers conséquents pour ses ambitions politiques. Dès lors un autre schéma se conçoit.

Le nouveau deal

C'est un secret de polichi-nelle. Albert Mabri Toikeusse est candidat à la prochaine élection présidentielle prévue pour le 29 novembre 2009. La loi fait obligation à Mabri Toikeusse de démissionner du gouvernement trois mois avant l'élection. Soit le 29 août au plus tard. A l'UDPCI, la guerre de succession fait déjà rage. Qui doit prendre la place de Mabri au ministère des Transports que le parti est sûr de conserver ? Trois noms circulent actuellement. Il s'agit d'Albert Flindé, directeur de Cabinet du ministre Mabri, Veh Sodet, directeur général des transports terrestres et de la circulation, et Jean Blé Guirao. Face à ce n?ud gordien, Mabri a, selon notre source, trouvé la solution qui sied aux trois ministrables. Veh Sodet devient ministre, Albert Flindé demeure à son poste et Blé Guirao prend la tête de la DGTTC. A condition, bien entendu, de parvenir à déstabiliser l'actuel directeur général, Assié Argnar Amon. L'assurance lui a été donnée de se voir propulser à la tête de la DGTTC qui aura, entre- temps, récupéré les missions et attributions dévolues à la SONATT. D'où la connexion avec Ouindé Martin, secrétaire général du SYNA-DGTTC. L'objectif étant de disposer d'une vache à lait pour la campagne de Mabri.

Se constituer un trésor de guerre

Quand le ministre Mabri Toikeusse, président de l'UDPCI, soutient, à chacune de ses sorties, qu'il a les moyens de sa campagne présidentielle, il sait sur quoi il compte. Parmi ces moyens, selon notre source, figure en bonne place, les structures du ministère des Transports. La réalité est simple. L'actuel directeur général de la SONATT échappe au contrôle de Mabri parce qu'ayant été recruté par appel à candidatures. Il ne provient pas de son sérail. Le ministre ne peut donc pas pomper l'argent de cette structure comme il l'aurait souhaité. Deux solutions s'offrent alors au président de l'UDPCI. Soit il dépouille la SONATT de toutes ses attributions au profit de la DGTTC que dirige son neveu, Veh Sodet, soit il dégage l'actuel DG et place Blé Guirao à la tête de la SONATT. Surtout que Mabri peut compter sur Guirao pour mettre à sa disposition la manne financière nécessaire pour le financement de sa campagne. Tels sont les fondements de la guerre que mènent l'UDPCI et la DGTTC à la SONATT.
Nos tentatives hier pour avoir la version de Blé Guirao sur toute cette affaire ont été vaines.

Délon's zadé: delonszade@yahoo.fr

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