mercredi 1 juillet 2009 par Autre presse

Le stade est champêtre, les buts sont installés entre les poteaux de rugby mais l'ambiance est digne de l'Ellis Park lors des dernières sorties des Bafana Bafana. Pourtant, nous sommes simplement sur le terrain de sport de la Jepper Boys High School, une école de Johannesburg, cadre de la Youth African Soccer Cup ce samedi 27 juin. Pour cette Coupe d'Afrique à l'échelle locale, des écoles des townships de Johannesburg défendent les couleurs de 19 pays d'Afrique. Invité de marque et ambassadeur du projet, l'Ivoirien Didier Drogba a contribué par sa présence à rendre la journée aussi bruyante qu'inoubliable. Drapeaux, cris, chants, et incontournables vuvuzuelas : tout l'attirail du parfait supporter sud-africain garnit la tribune. Pourtant ce ne sont ni Fernando Torres, ni Teko Modise, ni Kaka qui foulent la pelouse. Les acteurs ne dépassent pas le mètre 50 ni les 15 ans, mais tous ont la même motivation que leurs aînés, voire la même technique pour les plus doués ! "En plus d'une ambiance extraordinaire, il y a en plus un très bon niveau. J'aurais adoré mettre les crampons et jouer avec eux" avoue l'attaquant de Chelsea au micro de FIFA.com. "Mais l'essentiel n'était pas de jouer, mais les raisons de cette initiative". Car l'association African Diaspora Forum, à l'origine du projet, a mis en place ce tournoi pour réagir à des évènements tragiques survenus en Afrique du Sud en 2008. Des tensions entre Sud-Africains et résidents étrangers avaient fait plus de 60 victimes dans le township d'Alexandra, dans l'Est de Johannesburg. Ces évènements ont poussé l'African Diaspora Forum, un regroupement de 30 associations d'étrangers, à réagir pour lutter contre la xénophobie en Afrique. Et quel meilleur moyen pour mener ce combat que de sensibiliser les jeunes en utilisant leur activité favorite ? C'est ainsi que la Youth African Soccer Cup a vu le jour, afin de faire découvrir aux enfants de Johannesburg les autres pays africains et leur culture. Chaque équipe défendait les couleurs d'une nation africaine sur la pelouse, mais a passé des mois à s'imprégner de sa culture sur les bancs de l'école. Rien d'étonnant donc à voir des enfants sud-africains interpréter parfaitement l'hymne national tanzanien ou nigérian avant le coup d'envoi. Nelo est milieu de terrain dans l'équipe de l'école de Troyville, qui défend les couleurs de la Tanzanie. Malgré ses 11 printemps seulement, le jeune garçon a bien compris que la Youth African Soccer Cup va bien au-delà d'un simple tournoi de football. "Mes parents sont ivoiriens et sont venus en Afrique du Sud il y a 15 ans. Ils ont été très touchés par ce qui s'est passé l'an dernier", se souvient celui qui, quelques minutes plus tard, remportera la finale de sa catégorie d'âge face au Nigeria. "Aujourd'hui, je me sens ivoirien et sud-africain et j'ai découvert une troisième culture. Je me sens tanzanien et je suis très fier de représenter ce pays." Lutter par la connaissance Nelo a encore mille choses à dire mais il s'interrompt brusquement pour courir vers l'entrée de l'école. Des centaines d'autres enfants en font de même car la rumeur s'est propagée en quelques secondes : Didier Drogba vient d'arriver ! La folie gagne toute l'école, les matches sont interrompus, et une conférence de presse informelle s'organise au centre du terrain lorsque le capitaine des Eléphants pénètre sur la pelouse pour saluer les jeunes joueurs. Très engagé dans la réconciliation nationale dans son pays, l'ancien Marseillais ne manque pas d'adresser ses encouragements pour l'organisation d'évènements de ce type. "Ce que ces enfants sont en train de faire est fantastique" confie-t-il, impressionné par le sérieux avec lequel les jeunes Sud-Africains se sont investis dans cette compétition. "C'est par la connaissance et les études que ces enfants vont réussir à changer les mentalités et en finir avec la xénophobie." Attentive aux propos de son idole, la jeune Marcy, le drapeau de l'Afrique du Sud peint sur la joue gauche, celui du Cameroun sur la droite, est l'illustration parfaite de ce mélange des cultures indispensable à la lutte contre la xénophobie. "Je suis heureuse d'avoir découvert un nouveau pays et sa culture. Pour l'instant, ce n'est qu'à travers le football et ce que nous avons appris à l'école, mais j'espère qu'un jour, je pourrai aller visiter Abidjan." Pour la géographie, on repassera... C'est sans doute l'émotion de cette folle journée et la présence du plus célèbre des Ivoiriens qui a poussé l'écolière à confondre Yaoundé et la métropole ivoirienne. Mais l'essentiel du message est passé : en partant à la découverte des autres cultures, les enfants partiront également en croisade contre les discriminations.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023