mardi 30 juin 2009 par Nord-Sud

Au fil de ses tournées à l'intérieur du pays, la stratégie du candidat du Rassemblement des Républicains s'affiche de plus en plus clairement.

Alassane Dramane Ouattara a tenu le samedi 27 juin, son dernier meeting comptant pour sa tournée dans la région de la Vallée du Bandama. Devant un stade archicomble de militants et de sympathisants, le mentor des Républicains a livré, une fois de plus, sa vision de la Côte d'Ivoire de l'après 29 novembre. Dans cette adresse, comme dans toutes les précédentes, depuis la Convention du parti le 04 octobre 2008 à Yamoussoukro jusqu'à cette tournée dans le «V Baoulé», un constat s'impose. Ouattara ne porte plus la livrée partisane. Il s'est débarrassé des oripeaux qui auraient pu pousser à voir en lui l'homme d'un clan, d'un groupe, d'une ethnie, d'une région, d'une religion. Et ce sont ses militants qui le notent en premier : «ADO a cessé d'être le candidat du RDR seul. C'est le candidat de tous ceux qui sont déçus de la Refondation et qui veulent sortir de la misère ». A preuve, à ses meetings on n'entend plus les anciens cris de ralliement : « ADO pissanci » ou « ADO, brave-tchê ». Ce sont de nouveaux slogans qui apparaissent : « ADO, ma solution ». Ce sont de nouveaux leaders qui émergent dans son entourage. Tel Richmond Zadi, le patron des « ADO Boys » et des « ADO Girls ». Tel également Mamadou Touré de Suisse, venu pour mettre en synergie les mouvements et clubs de soutien.
Ainsi, le 9 mai à la place Ficgayo de Yopougon, plutôt que de mettre sa jeunesse, le Rjr, en mission pour vendre son image, il a confié cette tâche aux «ADO girls» et «ADO boys».
Ce n'est plus le Rjr et le Rfr qui sont mis en avant. Ces structures existent certes, mais participent d'une dynamique plus englobante. Cette stratégie de rupture avec la vision étriquée que lui reprochaient ses adversaires - qui présentaient le Rdr comme un club de soutien - Ouattara l'avait déjà affichée lors de la Convention qui l'a investi candidat à la présidentielle. En appelant à un rassemblement de tous les Ivoiriens autour de son programme de gouvernement. Mieux, le samedi 16 mai dernier à Korhogo, son directeur national de campagne (DNC) Amadou Gon-Coulibaly, avait déclaré devant les centaines de jeunes du mouvement « Je Vote ADO » : « Ce programme d'avenir (celui d'ADO, ndlr) mérite donc d'être soutenu par tous les jeunes. Quand je dis tous les jeunes, ce sont tous les jeunes quelque soit leur bord politique.

Un marketing politique efficace

Oui, certainement en premier, les jeunes du Rassemblement des Républicains qui, depuis de nombreuses années, se battent et ont décidé de soutenir Alassane Dramane Ouattara. Mais, aujourd'hui, la candidature d'Alassane Dramane Ouattara dépasse largement le Rassemblement des Républicains. Ado est pour la Côte d'Ivoire et c'est toute la Côte d'Ivoire qui, dans ses différentes composantes doit se réunir pour Alassane Dramane Ouattara pour permettre à ce pays d'avoir une colonne vertébrale. » Fruit d'un marketing politique pensé par l'agence de communication « Contribution 2000 », une filiale du groupe Voodoo Communication, le discours de M. Ouattara véhicule les valeurs d'ouverture, de progrès, d'universalité et d'intégration. Ce sont les stratèges de «Contribution 2000» qui ont imposé, contre la nomenklatura interne, la mise en avant-poste des « ADO boys and girls ». On remarquera que le choix de l'anglais, langue du progrès et de l'innovation, n'est pas fortuit. Ce sont les mêmes qui sont également à la base du choix de la couleur orange, au détriment du vert, comme couleur de la campagne. Cela permet de se démarquer du Pdci-Rda et cela évoque une certaine révolution orange en Ukraine, en 2004.
Ils ont également pesé dans la tonalité du discours, tout entier orienté vers le progrès, dénué de toute critique et de toute acrimonie. Dans un pays traumatisé par 15 ans de violence politique de toutes natures, ils et elles veillent à un discours constructif et non corrosif.
Bien sûr, Ouattara est conscient qu'aucun parti politique en Côte d'Ivoire ne totalise (carte de membre à l'appui) un million de militants. Il en faut pourtant plusieurs millions pour espérer être élu à la charge suprême. Il a donc choisi, en toute logique, tout en gardant les pieds solidement ancrés au Rdr, d'élargir sa base de campagne à tous les Ivoiriens.
Aux jeunes, il a promis 600 milliards par an, pendant cinq ans, au titre de la création d'emplois. Deux cent mille emplois par an, pour être précis. Vous l'avez certainement compris : dans un pays de 20 millions d'habitants, comptant près de 70 % de jeunes, dont au moins 50% des actifs sont au chômage, la cible immédiate, ce sont les jeunes sans-emplois et la jeunesse scolaire en situation imminente de demande d'emploi. Bref, tout ce monde avec ou sans coloration politique qui rêve de soins sanitaires plus accessibles, d'un plan de logement social, et d'un panier de la ménagère plus fourni. Pour les séduire, l'ancien banquier quitte le style cosy pour arborer tee-shirt, polo et casquette. On l'a vu ainsi vu à Yopougon, vêtu d'un jacket en jeans, porté sur un tee-shirt orange à col relevé, la casquette portée à l'envers. Il n'hésite pas non plus, comme il l'a fait dans le Bas-Sassandra, à se présenter : la serviette de l'ouvrier au cou, s'épongeant quelques fois le visage en sueur. Dans le stade de la paix à Bouaké, le candidat des républicains ne s'est-il pas offert un trot de plus de 400 mètres, un tour d'honneur pour galvaniser ses troupes et montrer qu'il est jeune de corps et d'esprit ? Autant de gestes, de symboles et d'efforts pour sortir du carcan traditionnel- celui de l'éminent expert financier, plus habitué à la mollesse des moquettes et aux bureaux feutrés- pour être désormais plus proche de la masse. Le nouvel ADO vise plus loin. Et plus large.



Djama Stanislas

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