vendredi 26 juin 2009 par Le Nouveau Réveil

Le cinquantenaire du barreau ivoirien a été célébré, hier jeudi 25 juin 2009, à la Fondation Félix Houphouët Boigny. Au cours de cette cérémonie solennelle, le président Laurent Gbagbo, à bâtons rompus, a tenté de faire un cours de démocratie aux avocats.

Comme annoncé, les présidents Abdou Diouf du Sénégal et Jerry Rawlings du Ghana ont honoré de leur présence la cérémonie marquant les cinquante ans du barreau ivoirien. A cette occasion, le bâtonnier Claude Mentenon, après s'être interrogé sur l'âge de la maturité de ladite union des hommes de droit, a rendu un vibrant hommage au père de la nation ivoirienne avant d'appeler à une prise de conscience collective " () Comment rendre compte de ce à quoi on n'a pas contribué depuis l'origine dont on est témoins privilégiés. Je ne saurais en invoquant la mémoire de nos illustres devanciers, ne pas saisir la symbolique de notre présence à Yamoussoukro. Je ne saurais parler de Yamoussoukro sans évoquer la mémoire de Félix Houphouët-Boigny. Nous sommes à Yamoussoukro aux pieds de la Basilique et nous sommes sous son regard et son ombre bienveillants de bâtisseur de la Côte d'Ivoire. C'est lui qui a créé la Côte d'Ivoire et rien d'autre. Nous avons une profession plus vieille que la Côte d'Ivoire. Nous avons cinquante ans et la Côte d'Ivoire ne l'a pas. Nous devons nous souvenir de Houphouët-Boigny car c'est lui qui nous permet d'être dans une nation et de fêter les cinquante ans de notre justice. Monsieur le président, je disais tout à l'heure que nous avions une profession plus vieille que la Côte d'Ivoire, nous sommes plus âgés que la Côte d'Ivoire. Et donc nous avons une responsabilité de grand frère vis-à-vis de la Côte d'Ivoire qui est notre petit frère. Tel est le sens de notre présence ici pour vous parler de la Côte d'Ivoire, pour vous parler de l'Etat de droit, pour vous parler de notre rôle, pour vous parler de nos chefs d'Etat. Qu'avons-nous fait de nos chefs d'Etat ? Quel est le bilan de nos chefs d'Etat ? Sommes-nous suffisamment fiers de ce que nous avons fait ? Oui, le barreau de Côte d'Ivoire et la Côte d'Ivoire ont connu leurs moments de gloire. La Côte d'Ivoire a connu ses moments de gloire car nous avons eu de vaillants avocats, de grands avocats qui se sont impliqués dans la lutte pour la liberté. Qui ont été les premiers en marche pour la démocratie dans une époque où il n'était pas facile d'assumer et de s'assumer. () Aujourd'hui, nous nous interrogeons, car la Côte d'Ivoire s'interroge. Elle est à la croisée des chemins dans ce pays. La Côte d'Ivoire souffre, c'est indéniable et nous souffrons avec elle. Et nous nous interrogeons, nous avocats de Côte d'Ivoire, nous, grands frères de la Côte d'Ivoire. Au-delà de notre profession, celle de porter la voix des sans voix, nous ne devons pas dormir sur nos lauriers, car nous devons résolument épouser l'air du temps pour abattre un travail de réfraternisation. Nous devons consolider l'Etat de droit. " Quant au président Laurent Gbagbo, après avoir fait la genèse de la justice ivoirienne, a affirmé ceci à l'endroit de l'assemblée : " Nos aînés ont lutté pour nous apporter l'indépendance. Nous avons lutté pour la démocratie. Aujourd'hui pour sortir de notre crise, nous devons tous lutter et protéger la République. La démocratie comme mode de conquête d'exercice et transmission de pouvoir sont les valeurs cardinales sur lesquelles répose notre commun destin. Non, il n'est pas aujourd'hui question de conquérir le pouvoir par la force en Côte d'Ivoire. Non, il n'est pas nécessaire de recourir à la rébellion pour conquérir et exercer le pouvoir aujourd'hui en Côte d'Ivoire. Quiconque s'engage sur cette voie s'engage sur une voie mauvaise. Nous devons protéger la cause républicaine. Ça veut dire que nous devons défendre notre Constitution. C'est parce que dans la tourmente que le pays a traversée, nous n'avons pas conjugué avec la Constitution. Ceux qui empruntent les chemins tortueux et les chemins d'aventures, je ne suis pas avec eux. La démocratie n'est pas toujours parfaite, quand vous essayez d'avancer, il y a toujours des malfrats à démasquer. C'est pourquoi, dans les semaines à venir, je m'engage à signer le décret permettant la liberté des avocats dans l'exercice de leur fonction. Parce que quand les droits des avocats ne sont pas protégés, ce sont nos droits qui sont en danger. "

Jean Paul Loukou

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