mardi 23 juin 2009 par Le Nouveau Réveil

Les enseignants du primaire public, à travers le Syndicat national de l'enseignement primaire public de Côte d'Ivoire (Sneppci) a décidé de boycotter les examens du Cepe et de l'Entrée en sixième, prévu pour se tenir le 14 juillet. Dans cet entretien qu'il a bien voulu nous accorder, le Secrétaire général du Sneppci, Gnelou Paul dénonce le manque de politique éducative du gouvernement. Selon lui, " il n'y a pas de volonté politique pour l'éducation ".


M. le Secrétaire général, vous avez le samedi dernier tenu une Assemblée générale extraordinaire avec vos membres, au sortir de cette rencontre vous avez décidé de ne pas prendre part aux examens du Cepe et de l'Entrée en sixième. Qu'est-ce qui explique cette décision ?

Quant un syndicat convoque une assemblée générale extraordinaire de ce genre, c'est que rien ne marche. Vous savez, nous avons commencé l'école depuis octobre, et depuis cette date, nous avons élaboré notre plan d'action que nous avons remis au ministère de l'Education nationale. Ce plan d'action renferme l'ensemble de nos préoccupations. En le faisant, nous avons souhaité ouvrir un cadre d'échange avec le ministère de l'Education nationale pour essayer d'examiner ensemble, les préoccupations des enseignants pour ce que nous pouvons faire immédiatement, établir un échéancier pour voir comment il allait traiter nos préoccupations. Mais malheureusement, depuis que nous avons déposé cette plate-forme, le ministre n'a pas daigné recevoir le bureau national, il n'a même pas répondu. Nous nous acheminons vers la fin de l'année, toutes les revendications qui ont été posées ne sont pas satisfaites et nous pensons que cela n'est pas normal. Nous sommes un bureau exécutif national, nous rendons compte à notre fin de mandat. Quand ça ne va pas, nous convoquons l'assemblée générale pour prendre les décisions. C'est ce que nous avons fait, nous les avons appelés pour rendre compte de nos démarches infructueuses avec le ministre de l'Education nationale, pour que, eux-mêmes en tirent les leçons. Ils ont pris des décisions importantes. Cette assemblée a été sanctionnée par une résolution qui demande au gouvernement de satisfaire instamment les trois principales revendications qu'ils ont évoquées. A savoir le décret relatif à la grille indiciaire, le payement du reliquat de l'indemnité de logement et la mise en place des intendances dans les centres de correction comme le stipulait l'arrêté de 2006.


Justement, revenons sur la grille indiciaire et le profil de carrière de manière générale. Qu'est-ce qui vous a été proposé en ce qui concerne l'indice se référant a vos nouveaux grades ?

Il faut dire que le décret sur le profil de carrière a été signé par le président le 31 décembre 2007. Après cela, en Août 2008, une grille nous a été proposée. Cette grille ne nous convenait pas parce que les indices proposés ne nous satisfaisaient pas. Et donc nous avons discuté avec le ministère pour essayer de relever ces indices là, tels que proposé par le ministère. Nous sommes par la suite parvenu à un indice de 995. Nous n'avions pas finalisé les négociations. Le ministre Bleu Lainé a souhaité que nous suspendions ces négociations qui devraient reprendre à la fin du mois de mars. De sorte à ce que tout soit finalisé pour que nous déposions nos propositions à la présidence pour la prise d'un décret. Aujourd'hui, nous ne savons pas quel est l'indice qui nous revient finalement. Parce que la proposition qui nous a été faite, c'est 970 pour les instituteurs et 635 pour les instituteurs adjoints. Nous avons souhaité que l'instituteur soit mis à 1070 et pour nos camarades adjoints à l'indice 970.


Pensez-vous qu'il sera possible pour le gouvernement de faire face à ces revendications ?

Le gouvernement doit faire face à ces revendications. A partir du moment où on signe un décret, ce décret doit être suivi des moyens qu'il faut. Nous pensons que des efforts peuvent être faits. L'éducation, c'est la base de tout. Les citoyens sont formés par les enseignants surtout ceux du primaire. Tout part de là. S'il n'y a pas d'enseignement, il n'y a rien. Nous jouons un rôle très important. Il faudrait qu'on accorde une attention particulière à la fonction que nous exerçons. Ce que nous constatons malheureusement, c'est qu'il n'y a pas une volonté politique affichée pour l'éducation. Parce que l'éducation n'est plus la priorité pour nos dirigeants. Et nous pensons que cela est très grave. A l'époque, l'éducation occupait une place de choix. 43% du budget était alloué à l'éducation si bien qu'il y avait des constructions de nouvelles écoles et les enseignants étaient bien formésAujourd'hui, on ne forme même pas les enseignants, ils sont formés au rabais. L'Etat s'est désengagé dans la construction des classes, les classes sont surchargées, les maîtres ne sont pas formés. Et c'est très grave. Nous, nous pensons que tous ces éléments là doivent être résolus. Si nous voulons construire une nation homogène, une nation où on a de vrais citoyens. Parce que, il revient à l'Etat de définir la finalité de l'école. Si on veut former des citoyens compétents, des citoyens honnêtes, tout passe par l'école, donc il faut prendre l'école au sérieux. Nous, nous pensons que s'il y a une volonté affichée, si on détermine les priorités, les moyens seront dégagés pour qu'on fasse face à nos préoccupations.


Un autre point figure dans les résolutions de votre assemblée générale, c'est le payement du reliquat de l'indemnité de logement. Pouvez-vous nous expliquer comment nous en sommes arrivés là ?

Au moment où le décret relatif à l'indemnité de logement a été signé, il a été dit qu'on devrait nous donner 30.000fCFA dans un premier temps et nous remettre après 10.000f. Parce que le montant total c'est 40.000f. L'Etat a accepté de nous donner 30.000f en 2007 et a promis compléter avec les 10.000f restant. Cette décision devrait prendre effet à la fin du mois de mars 2009. le 18 mars 2009, le ministre de la Fonction publique a convoqué tous les syndicats pour dire que l'Etat n'ayant pas les moyens de payer cela, il comptait les différer. C'est-à-dire payer 5000f à la fin du mois de mars et fin avril ajouter les 5000f pour faire 40.000f. Nous sommes en juin et jusqu'aujourd'hui, les 5000f ne sont pas ajoutés. C'est 35000f qu'on nous paye au lieu de 40.000f. Nous souhaitons qu'on paye non seulement les 5000f, mais qu'on paye aussi le rappel puisqu'on devait nous payer 40.000f. C'est ce que nous réclamons aujourd'hui.


Vous avez décidé de boycotter les examens de fin d'année. Avez-vous pensez à vos écoliers et aux parents d'élèves ?

Nous pensons que les parents d'élèves doivent se réjouir de cela. Quant un ministère prend la décision unilatérale de reporter la date des examens, que font les parents ? Ils ne font rien. Donc nous, nous défendons notre droit. Les enfants eux aussi ont leur droit. Mais nous, nous revendiquons le droit d'être bien traité, d'avoir un salaire conséquent, c'est un droit pour nous. Nous pensons que cela doit être résolu. Nous avons pensé aux enfants voilà pourquoi nous avons travaillé du début de l'année jusqu'aujourd'hui. Sinon depuis longtemps, nous aurions bloqué l'école. Déjà nous avons pensé à eux.


Est-ce que ce n'était pas stratégique ?

Ce que nous avons vu n'était pas prévu. Nous avons cru que pendant l'année, nos problèmes allaient être résolus. Nous pensions cela sincèrement. Malheureusement, nous avons été confrontés à un mur d'incompréhension. Nous avons fait des concessions, c'est un moment que nous choisissons. Nous sommes à la fin de l'année, après ces examens, l'année est finie et nous partons en vacances. Et qu'est-ce que nous obtenons ? Rien. C'est pour cela que nous souhaitons que l'Etat face l'effort de régler les problèmes que nous avons posés.


Y'a-t-il encore une chance pour les négociations ?

A partir du moment où nous déposons la résolution au ministère, c'est que nous sommes ouverts aux négociations. Nous avons posé un certain nombre de préoccupations, c'est pour que nous puissions échanger. Si on nous avons fait appel depuis longtemps pour négocier, nous n'en serions pas là. Nous avons déposé notre plate-forme revendicative depuis longtemps à cause de cela. C'est parce qu'on ne veut pas nous écouter.


Quelle est votre priorité aujourd'hui dans cette plate-forme revendicative ?

Nous souhaitons que les 3 points évoqués plus haut à savoir la signature du décret d'application du profil de carrière et de la grille indiciaire, le payement du reliquat de l'indemnité contributive au logement, la mise en application de l'arrêté portant création d'une intendance sur les lieux de correction absolument soient satisfaits. Nous appelons le gouvernement sur ses trois points à ouvrir immédiatement les négociations sur ces trois pointsq. Nous invitons nos camarades à être mobilisés et à rester à l'écoute du bureau exécutif national.

Interview réalisée par Jean Prisca

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