vendredi 19 juin 2009 par Le Repère

Un chanteur bien de chez nous dit : " la mort est un examen auquel tout le monde prend part tôt ou tard. Sa particularité est que tout le monde est toujours admis, même le dernier de la classe ". Au-delà de la langoureuse mélodie qui accompagne ces belles paroles rendues dans un chant à la fois enlevée et pathétique, l'artiste entend rappeler ici à tous ceux qui l'auraient oublié que la mort ne distingue point. Elle emporte tout le monde, au grand dam de la classe sociale, du niveau d'instruction, de l'intelligence, de la force physique Bref, tous les humains sont égaux devant la mort. Tous doivent donc être égaux dans la mort. Tous devraient, en principe, avoir droit au même traitement dans la triste période de l'ultime séparation. Surtout quand ces hommes et femmes ont de leur vivant servi la Nation. Ils ont contribué à construire le pays, ils ont fait sa fierté, ils devraient avoir, au même degré, sa reconnaissance. Quelles que soient leur obédience politique, leurs origines ethniques.
Le décès du ministre d'Etat Denis Bra Kanon, le mardi 9 juin dernier, à Man, alors qu'il accompagnait le chef de l'Etat Laurent Gbagbo dans la tournée à l'Ouest dont il a été le déblayeur du chemin, remet sur la table, pour ne pas dire réinstalle dans les esprits, le débat sur la discrimination que subissent certaines hautes personnalités une fois mortes. En attendant ses obsèques que l'on espère grandioses, vu son statut et les éminents services qu'il a rendus à la Côte d'Ivoire, l'on ne peut s'interdire de s'interroger sur certains autres cas avant lui. Notamment le ministre d'Etat Paul Gui Dibo, le ministre Ahoussou Koffi, pour ne citer que ceux-là. C'est à peine si l'ivoirien lambda a appris leur décès. Même parmi ceux qui ont appris leur décès très peu sont ceux qui ont su quand et où ils ont été inhumés. Ces hautes personnalités ont été quasiment abandonnées à leurs derniers instants sur terre. La Nation qu'ils ont tant servie, ne s'est pas empressée de leur rendre l'hommage qu'ils méritent. Pendant ce temps, d'autres, ayant servi la même Nation, à d'autres moments, et peut-être à un degré moindre, reçoivent tous les honneurs à leurs obsèques. L'Etat s'est particulièrement mobilisé pour leur organiser des funérailles grandioses. Le chef de l'Etat s'est déplacé à plusieurs reprises, a soutenu les familles, a fait des interventions, a prononcé des mots d'hommage Bref, il s'est engagé personnellement dans les funérailles de ces autres serviteurs de l'Etat, qui ont la chance d'avoir été ou d'être de son giron politique. Là où ceux qui avaient appartenu à d'autres groupements politiques, mais qui n'en ont pas moins servi l'Etat de Côte d'Ivoire sont conduits à leur dernière demeure dans l'anonymat le plus total. Diégou Bailly, éminent journaliste qui a fait le combat du FPI, pour devenir le président du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA) à l'avènement du pouvoir FPI avec Laurent Gbagbo, a de fait eu plus d'honneur que Gui Dibo qui a été ministre pendant des décennies, pour devenir PCA de la SODEMI. Paul Gui Dibo a été membre du Bureau Politique du PDCI-RDA, puis adepte du général Guéi, il était membre du Bureau Politque de l'UDPCI avant de se retrouver à la dernière minute dans la mouvance présidentielle, mais à la queue. Aoussou Koffi a été ministre sous Houphouët-Boigny. On ne lui connaît pas d'autre parti que le PDCI-RDA. On ne les a pas sentis dans les neuf dernières années de crise politique aux Côté des Institutions de la République de Laurent Gbagbo, aux côtés des patriotes engagés. Ceci peut-il expliquer cela ? On s'interroge.
Le ministre Denis Bra Kanon, compagnon d'Houphouët-Boigny, membre du Conseil Politique du PDCI-RDA, a créé avec le ministre Séry Gnoléba, un mouvement de soutien aux Institutions de la République qu'incarne Laurent Gbagbo. Il était le porte-parole de la délégation envoyée en éclaireur et en facilitateur à Kabakouma, pour lever les obstacles à la visite du chef de l'Etat. Il était devenu plus qu'un proche de Laurent Gbagbo. Au nom de la République. La République devra donc lui rendre l'hommage mérité.

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