vendredi 19 juin 2009 par Le Repère

Après le passage du Chef de l'Etat Laurent Gbagbo dans la région de Man, bien de préoccupations ont trouvé un semblant de réponse, sauf la principale. La question des circonstances de l'assassinat du général Guéi Robert à l'aube du 19 septembre 2002. Le Chef de l'Etat n'a rien dit là-dessus tout comme il n'a pas disculpé et blanchi publiquement le défunt général comme ses parents et tous ses inconditionnels l'auraient voulu. Le mystère autour de Guéi demeure.
" Le problème de l'inhumation de Guéi Robert, se posait à l'intérieur de la famille, avec des dissensions qui sont maintenant réglées. Tout le monde est d'accord sur la dernière semaine du mois d'août ; on viendra l'enterrer. Je serai avec vous pour l'inhumation. Mais, je vous l'ai dit, Guéi Robert est mon ami, mon frère. Mais Guéi Robert est votre parent ; il a été Chef de l'Etat. On ne peut donc l'enterrer comme un vulgaire anonyme. On est donc d'accord sur le mois d'août " a dit le Chef de l'Etat, au meeting qu'il a eu le 8 juin à Kabakouma, le village natal du général Guéi, après avoir eu un tête-à-tête avec les proches parents du défunt. Par ces phrases, il a rassuré les uns et les autres quant au problème du transfert et de l'enterrement de la dépouille du général. Mais, force est de constater que le contentieux demeure, du moins dans sa dimension la plus cruciale. Par qui et comment Guéi a été tué ? Pourquoi ? Ces questions n'ont pas eu de réponse. Elles ne seraient pas à l'ordre du jour si l'assassinat de Robert Guéi n'avait pas fait l'objet de déclarations publiques des proches collaborateurs du Président Gbagbo et même du clergé ivoirien. En témoignent ces extraits des déclarations faites en son temps
-Moïse Lida Kouassi, Ministre de la Défense de la République de Côte d'Ivoire, déclarait le lundi 20 novembre 2001, selon RFI que " Gueï n'est pas à l'abri des poursuites " à l'occasion d'une conférence de presse, des ministres de la Défense, de la Justice et de la Communication. La rencontre entre le général Gueï et le président Gbagbo à Yamoussoukro, le 13 novembre 2001, au cours de laquelle le chef de l'ex-junte a reconnu la légitimité du nouveau président, passait encore mal dans l'opinion, alors que l'image des soldats de la garde présidentielle tirant sur la foule des manifestants protestant contre le "hold-up électoral", les 24 et 25 octobre 2000, était encore dans toutes les mémoires. "Cette rencontre a suscité beaucoup de controverses. Elle n'avait pas pour but d'absoudre le général Gueï pour tout ce qui s'est passé, mais de régler un certain nombre de problèmes de sécurité intérieure", avait asséné le ministre de la Défense, avant d'ajouter qu'elle "n'entraîne pas l'impunité."
Restent les cinq cent éléments de la garde, dont les exactions ne se sont pas limitées à la répression des manifestations de fin octobre. Dans leur fief, la caserne de la "Poudrière", ils ont fait subir d'atroces tortures aux soldats tenus pour responsables de l'attaque contre la résidence du général Gueï dans la nuit du 17 au 18 septembre. Sur les vingt-sept personnes arrêtées, trois sont décédés peu après leur arrestation. Quant aux suites judiciaires à donner aux exactions commises pendant les dix mois de régime militaire sous la responsabilité du général Gueï, le garde des Sceaux, Siéné Oulaï, avait déclaré "qu'il appartiendra à l'autorité judiciaire de dire qui peut être jugé et qui ne le peut pas". Mais, il a apporté une précision de taille en ajoutant que l'article de la nouvelle constitution prévoyant une amnistie pour les anciens membres du pouvoir militaire ne s'applique qu'au coup d'Etat du 24 décembre. Comme son collègue de la Défense, il avait par ailleurs réitéré le souhait du gouvernement de voir la justice mener à bien les enquêtes sur les violences qui ont coûté la vie à 171 personnes, selon un bilan officiel, entre le 23 et le 26 octobre 2000. C'est dire que le gouvernement en place avait de sérieux griefs contre le général Guéi. De là, que des extrémistes de son bord songent à l'éliminer, il n'y aurait qu'un pas.
-Le vendredi 20 septembre 2002, une dépêche de l'AFP citant encore le ministre Lida Kouassi révélait ceci : " Pour les autorités ivoiriennes, ce n'est plus une mutinerie des gendarmes en voie de démobilisation, mais bien une tentative de coup d'Etat du général Robert Gueï, ancien putschiste arrivé au pouvoir par la force en 1999 avant d'en être écarté par les urnes une année plus tard. Selon le ministre de la Défense, Moïse Lida Kouassi, interrogé par l'Afp, l'ancien homme fort d'Abidjan a été tué lors des affrontements. "Sa mort est sûre à 100% et recoupée par trois sources. Je crois qu'il a été tué lors d'affrontements ", révèle le ministre ". Le ministre de la Défense Lida est donc un sachant qui avait parlé. Plus de 7 ans après, qu'en est-il de la participation de Guéi à la rébellion pour que le Chef de l'Etat songe à aller l'enterrer avec honneur à Kabakouma ?
- Le jeudi 19 septembre 2002, vers 10H 45, quand la télévision ivoirienne émettait à nouveau, les Ivoiriens découvrirent en même temps le corps du général Guéi gisant, sans vie. Le Premier Ministre d'alors, Pascal Affi Nguessan déclarera à la télévision et à la radio ivoirienne que " le Général Guéi a été tué au combat, alors qu'à la tête d'hommes en armes, il s'en allait à la télévision pour annoncer la prise du pouvoir ". Cette affirmation a fait le tour du monde.
- Dans la même vaine, Alain Toussaint, alors conseiller en Communication du Président Laurent Gbagbo avait déclaré le vendredi 20 septembre 2000, selon l'AFP, et repris par le site d'information AfriK.com ""On a identifié qui est à l'origine des troubles. C'est le général Gueï", avait déclaré à la presse Alain Toussaint, conseiller en communication du président, qui se trouve en voyage officiel en Italie. " Au moment où il est question d'enterrer dignement le général, n'est-il pas bien de dire devant tous le rôle que Guéi a joué dans le déclenchement de la rébellion ? Pour quoi ne pas, si possible désavouer publiquement Affi Nguessan et Alain Toussaint ou accréditer leurs versions?
Outre ces hommes politiques, une voix religieuse, et non des moindres a fait aussi une révélation sur la disparition du général Guéi. Le cardinal Bernard Agré, alors archevêque d'Abidjan disait dans une interview accordée à un quotidien ivoirien en décembre 2006 : " Il était ici (NDLR, à la Cathédrale Saint Paul d'Abidjan Plateau), des soldats sont venus le prendre et il n'est plus revenu. ". Qui sont ses soldats ? D'où venaient-ils? Qui les a envoyés ? Mystère !
La commission parlementaire sur les événements du 19 septembre et leurs suites dirigées par le député Kabran Appiah, membre du CNRD (groupement de soutien à Gbagbo) qui a commencé ses enquêtes depuis 2006, n'a encore rien quant aux résultats qui puissent éclairer les Ivoiriens. Le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo qui est allé à la rencontre des parents de Guéi a gardé le mystère intact sur les circonstances de l'assassinat de Robert Guéi. Pour des élus de l'Ouest, tels Albert Flindé, le contencieux demeure. Tant que Gbagbo ne dira pas publiquement si oui ou non était à la tête de la rébellion.
Eddy PEHE

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