vendredi 19 juin 2009 par Le Nouveau Réveil

Monsieur le procureur,

C'est depuis un pays voisin de la côte d'ivoire où j'ai trouvé refuge depuis le lundi 8 juin 2009, que je vous écris cette lettre. Vous ne me connaissez pas, mais moi j'ai eu l'occasion de vous croiser à plusieurs reprises dans les couloirs de votre parquet. Je me trouve en ce moment hors du pays, parce que j'ai dû quitter précipitamment la côte d'ivoire pour des raisons de sécurité, ayant eu l'information, selon un ami policier en activité à la police criminelle, que des individus, informés des investigations que j'ai menées depuis la mort du juge Sioblo, avaient décidé de m'éliminer. Je vous ai déjà écrit une lettre que j'ai déposée auprès de votre parquet, mais je sais que non seulement vous n'avez pas reçu cette lettre, mais en plus, c'est de cette lettre que sont parties les menaces de morts qui m'ont amené à quitter le pays.

Si je vous écris aujourd'hui en utilisant cette voie, c'est pour protester contre votre attitude depuis la mort de votre substitut. Oui monsieur le procureur, je vous reproche de vous être contenté du cinéma servi à toute la Côte d'Ivoire sur l'arrestation des membres du prétendu gang qui aurait tué, au cours d'un " braquage ordinaire ", votre substitut. Vous savez que votre substitut n'a pas été tué au cours d'un braquage " ordinaire " et qu'il a bel et bien été assassiné. Et vous savez pourquoi il a été assassiné. Je ne vous accuse pas d'avoir commandité son assassinat, vous n'avez rien à voir dans sa mort, comme certaines langues l'ont prétendu. Mais vous savez que la version servie à toute la côte d'ivoire sur la mort de ce magistrat que j'ai eu la chance de connaître et à qui j'ai toujours dit qu'il était l'un des meilleurs Magistrats de ce pays, n'est pas la bonne.

Vous savez qu'il s'agit d'un montage et que celui qui a fait les aveux à la télévision ne sait même pas de quoi il parle. Vous savez et moi aussi, que ce genre de montages est courant quand un crime est commis et qu'il émeut le peuple et que le peuple réclame rapidement des coupables. D'ailleurs, quelques jours avant la mort du juge Sioblo, un sous-préfet avait été tué dans la même commune de yopougon. Pourquoi n'a-t-on pas encore arrêté ses assassins ? S'agit-il d'un braquage ordinaire ou d'un assassinat ?

Oui monsieur le procureur, quand le juge Sioblo mourait le 6 mai à Yopougon, vous n'étiez pas dans le pays et c'est d'ailleurs pour cette raison, que certaines langues vous ont indexé. Mais comme je l'ai déjà dit, vous n'avez rien à voir dans ce crime, du moins selon les résultats de mes propres investigations. Le juge Sioblo a été assassiné parce qu'il a réceptionné, en votre absence, un dossier explosif joint à une plainte portée contre un Directeur Général d'une société d'Etat dont toute la presse a fait l'écho de la mauvaise gestion il y a de cela quelque temps et qui s'est rendu coupable d'un détournement de plus de 100 milliards de Fcfa au préjudice des ivoiriens. Je sais que vous voyez de quoi je parle, monsieur le procureur. Vous avez à présent connaissance de ce dossier. Il a été enregistré par le substitut Sioblo sous le numéro 1340/D du 23 mars 2009. Et à la police économique, le même dossier a été enregistré sous le numéro 549/DGPN/DPEF le même jour, car le juge Sioblo qui l'avait parcouru, avait été choqué par son contenu et avait demandé à la police économique de faire une enquête. Mais la police économique n'a jamais pu entendre le concerné qui bénéficie de solides protections au niveau même de la présidence de la république. Mais, dans le courant du mois d'avril, le juge Sioblo a obtenu un document nouveau qui lui permettait d'agir directement sans plus attendre. Et c'est ce qui a signé son arrêt de mort. C'est cela la vérité. Vous savez très bien que c'est à cause de cette affaire que le juge a été tué et pourtant vous vous contentez de la version ridicule de la police criminelle. Vous savez très bien que la jeune fille qui se trouvait avec le juge Sioblo le jour de sa mort, avait déclaré que celui des tueurs qui a abattu le juge a dit avant de tirer : " c'est pour toi que nous sommes là ! C'est toi qui embêtes notre patron ! ". Oui monsieur le procureur, vous savez très bien que cette jeune fille a bel et bien dit ça et que cette seule révélation annule toute la thèse montée, du braquage ordinaire. Ce n'est pas un braquage ordinaire et vous le savez. D'ailleurs, la presse ivoirienne, qui avait eu l'écho des déclarations de cette jeune fille, a parlé de ce passage qu'on peut lire dans un article de Kikié Ahou Nazaire publié dans Soir Info du 7 mai et intitulé : " Yopougon : un procureur abattu : voici le film de l'exécution du Magistrat ". Et dans cet article, on peut lire ce passage : " Alors, les malfaiteurs empoignent la jeune fille et s'emploient à l'embarquer avec eux. Ce à quoi s'oppose le magistrat qui estime que la fille est en sa compagnie. Alors, s'ils doivent s'en aller avec elle, ils devront le faire avec lui. C'est en ce moment que l'un des quidams se retourne et lance : " Très bien, c'est pour toi-même que nous sommes là justement. Toi qui embêtes notre patron ". Mais, dans un autre article publié par le même quotidien à la date du 30 mai, le même Kikié Ahou Nazaire, qui a certainement des amis à la police criminelle, a donné le film des événements qui ont conduit à la mort du juge sans dire clairement comment et dans quelles circonstances les auteurs ont été arrêtés : " le commissaire Gnagne, patron de la Police criminelle, saisi la même nuit de ces attaques en série, avec mort d'homme à la clé, lance ses hommes sur le terrain. Les recherches menées avec efficacité par les flics, permettent d'épingler des membres du gang " Comment? Où ont-ils arrêté ces bandits? Avaient-ils leur signalement? Les Ivoiriens, profondément choqués, ont été soulagés d'apprendre que les auteurs ont été arrêtés, sans chercher à savoir s'ils n'avaient pas été bernés. Et on peut comprendre leur attitude ! Mais vous monsieur le procureur, vous n'avez pas le droit de vous contenter de cette comédie. Aujourd'hui, vous avez entre les mains le dossier sur lequel votre substitut travaillait et qui a causé sa mort. Ne laissez pas l'assassin continuer à se moquer des collègues de Sioblo au bureau numéro 18, et qui ne croient pas une seule seconde à la version de la police. Le dossier est entre vos mains. Je sais que vous l'avez récupéré. Et j'espère que ce n'est pas pour le faire disparaître du tribunal ou pour bloquer l'évolution de la procédure. Oui, je sais que le commanditaire a de solides entrées à la présidence et il le dit à qui veut l'entendre, mais pensez à Sioblo qui a été tué parce qu'il a tout simplement voulu faire le travail pour lequel il est payé par les ivoiriens. Pensez aux orphelins de votre substitut et à sa femme qui comme vous le savez, ne croit pas un traître mot de la version de la police et qui a affirmé dans Soir Info que son mari a été victime d'un règlement de compte. Ce n'est pas pour rien qu'elle le dit et vous le savez. Je sais bien que ceux qui liront cette lettre diront, mais pourquoi il ne donne pas directement le nom du commanditaire ? Et ils auraient raison. Mais je vous laisse le soin de prouver aux yeux de toute la côte d'ivoire que vous n'accepterez jamais qu'on condamne des petits voyous à la place de ceux qui ont commandité l'assassinat d'un magistrat. Le dossier est entre vos mains. Tous les magistrats de côte d'ivoire vous regardent. Le substitut Sioblo Tia Serges a bel et bien été assassiné. Et le secret de sa mort se trouve dans le dossier enregistré sous le numéro 1340/D du 23 mars 2009. La balle est dans vote camp et dans votre conscience.
Fait le 10juin 2009.

Ladji K. un ami de SIOBLO TIA SERGES, tué pour avoir voulu faire son travail et pour avoir refusé la compromission.

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