mercredi 17 juin 2009 par Notre Voie

Le lundi 18 mai 2009 s'est tenue la 5ème réunion du CPC à Ouagadougou. D'importantes décisions ont été prises. Il faut se réjouir du calendrier arrêté. Mais je voudrais exprimer une inquiétude sur la date de la fin de l'identification et de l'enrôlement fixée au 30 juin 2009. Il faut craindre que beaucoup d'Ivoiriens ne restent en marge du processus, non pas parce qu'ils ne veulent pas, mais parce qu'ils ne peuvent pas.

Je voudrais citer quelques difficultés qui plombent le processus d'identification et d'enrôlement en prenant l'exemple de la nouvelle sous-préfecture de Tougbo dont la nomination du tout premier sous-préfet est attendue avec impatience. Tougbo est à 85 km de Téhini dans le département de Bouna. Le 25 octobre 2008, lors de la visite du président Laurent Gbagbo à Tehini, celui-ci avait décrit avec précision les difficultés de ses parents de Tougbo à se faire établir une pièce administrative en temps normal. Le juge se trouvant à Bouna, à 175 km de Tougbo. Aujourd'hui, ce sont des centaines de personnes détentrices de cartes nationales d'identité vertes ou jaunes et de récépissés qui ont été abandonnées à leur sort parce que la seule copie de jugement supplétif qui a servi à faire la demande des documents cités plus haut se trouve à l'ONI, à Abidjan. Comble de malheur, les cartes nationales d'identité dites sécurisées par le concepteur ne comportent pas le numéro de l'extrait d'acte de naissance.

Pour prendre en compte cette catégorie de personnes prises dans un tourbillon de décisions tout au long du processus, on leur demande de se rendre dans les centres de reconstitution des régistres détruits ou disparus. Tougbo se trouve à 85 km de Téhini où se trouve le seul centre de reconstitution des régistres. Quel parcours du combattant pour cette catégorie d'Ivoiriens, là où les sans-papiers d'hier ont bénéficié gratuitement des audiences foraines !

A la réflexion, les sans-papiers d'hier ont été les grands bénéficiaires de ce processus (audiences foraines gratuites).

Au départ, il avait été demandé aux détenteurs des expéditions des audiences foraines de les transformer en jugements supplétifs avant de se faire identifier et enrôler.

Aujourd'hui, l'expédition seule suffit. Ce qui soulève une question fondamentale : en quoi un détenteur d'une expédition des audiences foraines est-il plus ivoirien qu'un détenteur de carte nationale d'identité verte ? Surtout que le dossier est à l'ONI et qu'un croisement avec les fichiers historiques est annoncé ?

L'un des arguments avancés pour attaquer la Côte d'Ivoire fut la question identitaire. Le Premier ministre Soro Guillaume n'avait-il pas déclaré qu'il n'y avait pas de problèmes politiques en Côte d'Ivoire avant septembre 2002 étant donné que tous les partis politiques significatifs étaient dans le gouvernement du Premier ministre Affi N'Guessan.

C'est pourquoi la question identitaire doit être traitée sans passion, sans calculs politiciens. Avant les audiences foraines certains politiciens avaient engagé le débat sur le nombre de personnes attendues. Aujourd'hui les mêmes pensent (à tort) avoir enregistré le maximum de leurs partisans et appellent à l'arrêt de l'opération.

Aussi, les populations de Tougbo, détentrices de cartes nationales d'identité ou de récépissés, souhaitent-elle être prise en compte uniquement avec les originaux et les photocopies des documents pré-cités pour éviter d'être les sans-papiers de demain. C'est leur cri de détresse. Elles appellent les décideurs au secours. Le parcours à eux proposé par les décideurs est très onéreux pour les populations plongées dans la débine depuis plus de 7 ans et pour lesquelles j'ai été amené à faire gratuitement les photocopies des jugements supplétifs et des expéditions des audiences foraines.


Une correspondance de Ouattara Soumana de TougboEnseignant de mathématique, à la retraite

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