Lors de son premier meeting dans le Nord tenu à Ouaninou, le président Gbagbo a annoncé officiellement l'érection de ladite localité en chef-lieu de département. Et pourtant, il avait dit dans l'Ouest qu'il ne souhaitait pas, au cours de cette tournée d'Etat, traiter de découpage administratif. C'était en réponse aux porte- parole de Bangolo et de Man qui avaient demandé l'érection de certains chefs-lieux de sous-préfecture en chefs-lieux de département. Il n'en fallait pas plus pour provoquer la colère de certains cadres de l'Ouest qui ont estimé que le président de la République a fait deux poids deux mesures au profit du Nord. Se faisant certainement l'écho de la pensée de ceux-ci, le maire de Bangolo a dit que Gbagbo a ruiné les espoirs des Dan et des Wê?.
Il convient simplement de rappeler les explications données par le chef de l'Etat sur ce point.
En annonçant l'érection de Ouaninou en chef-lieu de département, le président Laurent Gbagbo, connu pour sa franchise, a expliqué que cette décision a été prise depuis très longtemps? et qu'il attendait seulement une occasion pour l'annoncer?. C'est pourquoi il profite de l'occasion que lui offre cette visite d'Etat pour l'annoncer, certainement parce qu'il n'est pas sûr de revenir dans la région de si tôt. Le faisant, a dit le chef de l'Etat, je déroge exceptionnellement à ce que j'ai dit à Man et à ce à quoi je tiens. A savoir que je ne veux pas parler de découpage administratif au cours de cette visite d'Etat pour ne pas donner l'impression que l'objet de ces visites, c'est de distribuer des régions et des sous-préfectures?.
Le lendemain, à Borotou et à Koro, dans la même région du Bafing, le président Gbagbo a donné la même réponse aux demandes de création de nouveaux départements et de nouvelles sous-préfectures.
Trouvez-moi à Abidjan et nous parlerons de ces choses plus sereinement?. C'est cette même réponse qu'il avait donnée en ce qui concerne le cas de Logoualé, dans le département de Man. Des informations émanant de gens très introduites font même état de ce que l'érection de Logoualé en chef-lieu de département est un acquis. Seulement le Président Gbagbo veut en parler avec les cadres de cette localité à Abidjan.
En ce qui concerne Bangolo, le président Gbagbo a dit, en outre, que Bangolo est trop petit pour être divisé?. Et c'est exactement la même réponse qu'il avait donnée en son temps aux cadres du département de Gagnoa qui demandaient l'érection de Guibéroua et de Ouragahio en chefs-lieux de département.
Ce n'est donc pas juste de la part du maire de Bangolo de dire que Gbagbo a tué le rêve des Dan et des Wê? tout simplement parce que le président n'a pas immédiatement donné satisfaction à leur demande de découpage. C'est même excessif de la part de Monsieur le maire. C'est à croire que les grands travaux annoncés par le chef de l'Etat et qui vont être réalisés au profit de l'Ouest montagneux dans un avenir proche ne représentent rien aux yeux du maire de Bangolo. Ces travaux feront de l'Ouest montagneux un grand pôle de développement avec une ouverture sur les pays limitrophes. Devons-nous penser, dans l'entendement de Monsieur le maire de Bangolo, qu'il suffit d'avoir plusieurs départements dans une région pour que le développement frappe aussitôt à la porte ? Non, monsieur le maire, le développement n'est pas fonction du nombre de départements ou de sous-préfectures. Il n'y a que le travail des élus et des autres fils de la région qui peut apporter le développement à nos parents. Il peut y avoir plusieurs départements et sous-préfectures dans une région, mais si les élus de ladite région n'ont aucune imagination et ne prennent, de ce fait, aucune initiative, le développement ne tombera pas du ciel et nos parents croupiront dans la misère. C'est d'ailleurs ce que le président Laurent Gbagbo a dit à Bangolo. C'est pourquoi, depuis cette partie de la Côte d'Ivoire qui a payé un lourd tribut à la guerre, il exhorte les Ivoiriens au travail. On remarque même que trois mots constituent la colonne vertébrale de son message au cours de cette visite d'Etat : Paix, République et Travail. Le Premier ministre et moi, nous vous apportons la paix et la République. Mais cette paix ne sera pas solide si nous ne travaillons pas. Or, j'estime que les Ivoiriens ne travaillent pas assez. Celui qui travaille n'a pas le temps de penser à la guerre?, ne cesse de dire le président Gbagbo dans son adresse.
Boga Sivori: bogasivo@yahoo.fr Envoyé spécial à Man et à Touba