Dans une déclaration faite le week-end dernier, les magistrats ont apporté leur soutien au Procureur de la République. Mais en même temps, condamné la grève des avocats et prévenu qu'ils ne seront plus prêts à tolérer des meetings et autres manifestations au palais de justice. Hier, Me Mentenon et ses confrères se saisissant de ces propos, ont, à l'occasion d'une conférence de presse, donné la réplique aux magistrats. "Le barreau s'étonne aussi à son tour, de constater que les réactions précipitées ne s'attachent qu'à la forme et ignorent le fond en s'abstenant de se prononcer sur l'illégalité des actes commis par le Procureur de la République. Les magistrats disent qu'ils n'entendent plus tolérer que le palais de justice, soit un lieu de meeting appelant à une sérénité qui pour eux, est incompatible avec notre présence un peu brouillante", a rappelé le conférencier. Mais celui-ci, tout en remerciant les juges pour leur remarque, a expliqué que la manifestation du barreau n'est responsable en rien de tout ce qui perturbe la sérénité du palais "Ce n'est pas tant notre "vacarme" qui pose problème tant la présence de ces margouillats et de ces autres intervenants est quasi permanente dans ce palais sans qu'il n' y ait eu un seul magistrat pour dire que leur présence est incompatible avec la sérénité , la dignité des lieux", a noté le Bâtonnier qui a fait remarquer que désormais , les couleurs sont annoncées et qu'aucun règlement amiable n'est possible dans le cadre du conflit en cours. D'ailleurs, Me Mentenon de déclarer en ces termes : "Il y a une bipolarisation du litige avec les avocats d'un côté et les magistrats de l'autre. On parle d'apaisement le vendredi, on parle d'apaisement le samedi quand les 03 syndicats de magistrats dont certains sont membres de la commission que nous avons rencontrée la veille pour nous parler de paix, sont signataires de cette déclaration incendiaire. Nous, on est pour la défense, pour la primauté de la règle de Droit pour une justice digne et transparente. Je pense que c'est ce que nous demandons et je pense que c'est ce que les magistrats, ceux qui ont signé la déclaration, ne veulent pas entendre", a-t-il lancé avant de s'interroger sur l'intention réelle des magistrats qui soutiennent l'action du Procureur "Ils le soutiennent parce qu'il est en train de séquestrer le Bâtonnier , qu'il ait réinventé la contrainte par corps, ou ils le soutiennent parce que c'est un magistrat comme eux ?" s'est il demandé. Et le conférencier par la suite de déclarer avec insistance "Nous allons marcher. Nous maintenons la grève et nous allons marcher. On a envie de voir comment ils vont venir nous arrêter dans notre marche.La marche aura lieu quel que soit ce que ça va nous coûter .C'est la marche de la dignité. Cette déclaration jette de l'huile sur le feu." Les avocats en dehors de la déclaration des magistrats, se sont également insurgés contre une autre. Celle du procureur adjoint Mamblé Messé affirmant récemment dans un journal de la place que le cabinet d'un avocat est violable. "J'ai déjà dit que l'inviolabilité n'est pas absolue .C'est la même chose qu'il dit mais ce qui est piquant dans son papier est qu'il dit que le cabinet d'un avocat peut même être perquisitionné . Il croit qu'il joue contre nous mais il se dénude", a fait savoir le Bâtonnier qui a répété que le cabinet d'un avocat est protégé par le principe de l'inviolabilité dans l'exercice normal de la fonction d'avocat. Pour le reste, Me Mentenon, pour conclure, a une fois de plus dénoncé ce qui se passe au palais de justice "Notre justice est devenue une infra justice qui marche sur la tête, c'est une justice en état de pourrissement avancé" Pour s'en convaincre, il a d'ailleurs fait cas des audiences qui se déroulent en dehors des avocats en ce moment. "Une audience sans avocat est comme une voiture sans carburant .Mais il se trouve cependant des personnes qui ne veulent pas acheter du carburant et donc poussent leurs véhicules", s'est-il moqué et avant d'appeler hier encore les avocats à une marche à l'intérieur du palais .La veillée d'arme en quelque sorte.
DJE KM
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