mercredi 12 novembre 2008 par Le Patriote

A l'occasion de l'exécution d'une décision de justice rendue en matière civile assortie d'une astreinte, décision au demeurant frappée d'un recours, d'un appel, le Procureur de la République près du tribunal de première instance d'Abidjan Plateau, a cru devoir requérir les forces de l'ordre à l'effet de se saisir de l'avocat qui a diligenté la procédure ou qui est dans la procédure à l'effet de se saisir de lui pour aller montrer l'endroit où le commissaire priseur dans cette même affaire aurait parqué les pièces saisies, qui elles-mêmes font l'objet de litige. Vous l'aurez compris, le conseil de l'ordre et tous les avocats ne rentrent pas dans le fond de ce dossier. Mais reste trempé à la question de pure forme. En effet, au terme de cette réquisition, le Procureur de la République a autorisé une compagnie entière de CRS à pénétrer dans l'enceinte du cabinet de cet avocat. A se saisir de sa personne et à l'enlever pour aller contre son gré, leur montrer l'endroit où étaient parqués ces objets. Il y a eu triple violations tant du domicile professionnel de l'avocat, la séquestration et la tentative d'enlèvement. Voici les faits tels qu'ils sont simplement présentés. Notre confrère n'a eu son salut que grâce à l'intervention du Garde des sceaux, ministre de la Justice et des droits de l'Homme et du Procureur général que je tiens à remercier au nom de l'ordre. Cela étant, l'indignation de l'ensemble des avocats de Côte d'Ivoire est à son comble. En effet, ce dernier événement est la goutte d'eau qui fait déborder le vase du calme et de la sérénité que nous avocats, nous nous sommes efforcés d'observer à chaque assaut du Procureur Tchimou, coutumier des violations de la loi et des brimades, des droits de la défense, que l'ordre des avocats incarne dans toute démocratie digne de ce nom. Il est inacceptable qu'un Procureur de la République, qui est le garant de la légalité, soit celui-là même qui la piétine quotidiennement. En effet, mesdames et messieurs, je vous demande tout simplement d'envisager l'hypothèse certainement envisagée par le Procureur lui-même. Quand il mandait les forces de l'ordre à l'effet d'aller se saisir au terme d'une réquisition honteuse de la personne du bâtonnier Assi. L'hypothèse où le bâtonnier Assi aurait manifesté quelques résistances légitimes, que se serait-il passé ? Les forces de la brutalité ont reçu mandat pour le requérir. Ils se seraient donné à c?ur joie de le prendre de force. Ce faisant, dans cet environnement déjà délétère où les avocats n'ont plus l'importance qu'ils devraient avoir aux yeux de certains agents de forces de l'ordre. On légitime ainsi la violence vis-à-vis des avocats. Imaginez simplement que le peuple venait de le savoir. Est-ce que ce peuple aura le courage de saisir un avocat sachant que les droits de ce dernier ont été violés. Aura-t-il le courage d'appeler au secours celui qui naguère a été brimé sans aucune réaction. Il me semble moi que si on pousse l'analyse, on va mettre en évidence la problématique de la justice dans ce pays. Pour l'heure, nous avocats de Côte d'Ivoire, nous disons trop c'est trop. Je pense que Monsieur le Procureur de la République dans la vision de son ego, dans le prisme déformé de son ego, considère qu'il est tout puissant. Il est temps qu'il relativise sa prétendue toute puissance. Il n'est pas au-dessus de la loi. Et il ne peut pas sans conséquence se comporter de la sorte à l'égard d'un avocat. Le Procureur de la République a certainement manqué aux règles de courtoisie en n'informant pas le bâtonnier s'agissant d'un avocat. Nous en sommes à ce point. Quel est le visage de la justice dans ce pays ? Quand des acteurs sont brimés par d'autres acteurs. Je ne voudrais pas dire plus pour camper l'élégance que nous devons avoir à chaque instant quoi que je puisse vous garantir que je suis habité d'une colère froide. Nous sommes tous habités d'une colère froide. Ce qui se passe aujourd'hui, cette manifestation à laquelle vous avez assistée, est inédit dans les anales de la Côte d'Ivoire. Et l'auteur, celui à qui ça doit imputer devant l'histoire reste le Procureur de la République, M. Tchimou Raymond. Maître Assi Emmanuel, et je dois le dire, n'a eu son secours ou son recours que grâce encore à la volonté du Procureur de la République qui a accepté d'accorder une faveur à son chef hiérarchique le Procureur général qui lui avait demandé 24 heures pour régler la question. Dans ce pays, on s'autorise tout et n'importe quoi et de façon crescendo. Nous ne pouvons plus l'admettre. Nous ne l'admettrons jamais. C'est pourquoi les avocats réunis en assemblée générale extraordinaire ont décidé à l'unanimité ce qui suit :
premièrement : l'arrêt, à compter de ce jour, de nos vacations aux audiences,
deuxièmement : la manifestation de notre mécontentement par une marche pacifique pour prendre à témoin l'opinion nationale et internationale,
enfin la réclamation de la révocation immédiate de M. Tchimou Raymond de sa fonction de Procureur de la République près du tribunal de première instance d'Abidjan

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