mercredi 12 novembre 2008 par Le Nouveau Réveil

Des ponctions de 120.000 à 200.000 FCFA ont été faites sur nos salaires?

Depuis le 31 Août 2008, les enseignants attendent la clarification de leur grille salariale. Pour dénoncer le mutisme du gouvernement et le non respect des délais qu'il s'est fixé la coordination des enseignants du secondaire de Côte d'Ivoire avait lancé un préavis de grève pour protester contre cet état de fait. A lieu d'une réponse allant dans le sens du règlement définitif de cette situation, le gouvernement a pris des sanctions contre les enseignants grévistes en leur réduisant de moitié leur salaire. Pour dénoncer cet état de fait, Michel N'dri, coordonnateur du CES-CI, nous livre ici ses sentiments et pointe un doigt accusateur sur le ministre Gilbert Bleu Lainé, ministre de l'Education Nationale.

Comment se porte la coordination des enseignants du second degré de Côte d'Ivoire (CES-CI) ?
Nous sommes les derniers nés des syndicats mais heureusement pour nous, c'est nous qui occupons le terrain au niveau du secondaire comme le MIDD au primaire et la CNEC au supérieur. C'est vrai que dès le départ, les autorités nous ont combattus parce que pour eux, nous n'avons pas légalisé comme il se devait le mouvement. Mais cela a été fait depuis 2007. Et aujourd'hui, nous sommes en combat.

Où en êtes-vous avec ce combat ?
Pour comprendre mieux la crise qui secoue l'Education nationale, je pense qu'il faut repartir à l'année dernière où nous sommes allés en mouvement d'arrêt de travail. Tout le terrain a été fermé pendant deux (02) mois. A la suite de la réaction du ministre qui n'a pas voulu nous recevoir, après que nous ayons déposé deux (02) préavis de grève. Il était en voyage et quand il est arrivé, sa première attitude est de suspendre deux (02) mois de salaire. Mais nous avons rattrapé ces cours pendant les congés de février, de pâques et les mercredis et samedis. Donc, en toute logique, on devrait reverser ces salaires. Je signale au passage que les meilleurs résultats ont été enregistrés dans les zones où la grève était totale. Ces salaires, jusqu'à présent, ne sont pas reversés. Secundo, il y a l'arrêté d'application du profil de carrière. Nous sommes malheureux parce qu'on ne comprend pas l'attitude de certaines autorités supérieures de la République. Un document qui a été signé par sept (07) ministres et qui, en ces articles 15 et 16, stipule clairement qu'on doit pouvoir avoir fini de déterminer les nouvelles grilles de salaire au plus tard le 31 août 2008. Figurez-vous que nous sommes en novembre aujourd'hui et aucune de ces autorités ne s'est signalée. On a interpellé la tutelle et face à son silence, on a déposé un premier préavis de grève le 15 septembre 2008. Il ne nous a pas appelés. On a déposé à notre corps défendant un autre préavis de grève dans le souci de voir l'école apaisée. C'était le 04 octobre 2008. On ne nous a pas appelés. C'est ce qui a occasionné l'arrêt de travail de 72 heures des 14-15 et 16 octobre.

Qui vous a coûté très cher ?
Contre toute attente et avec un esprit machiavélique, on se voit faire des ponctions de salaire à hauteur de la moitié de salaire.

C'est-à-dire ?
A partir de 120.000 francs CFA, 180.000, voire 200.000 selon les grades des professeurs. Nous disons que ce sont des choses que nous ne pouvons plus accepter. Nous sommes allés en assemblée (NDLR 5 octobre) pour prendre des décisions.

Lesquelles ?
Il ressort de cette assemblée générale que face à l'esprit de tortionnaire, de sadisme du ministre de l'Education nationale, il faut lui apporter une réplique sérieuse. Et donc nous décidons d'arrêter les cours à partir du 18 novembre. Soit une semaine après la reprise des congés de Toussaint. Nous allons aller en grève du 18 au 28 novembre. Si nous ne sommes pas écoutés, alors nous ferons une grève illimitée. Mais nous disons que le ministre Bleu Lainé est l'unique et véritable responsable de cette situation qui va entraîner le blocage de l'école ivoirienne.

Qu'est-ce qui bloque en réalité la signature de cet arrêté ?
Il ne reste qu'un seul point. Parce que tout ce qui a été fait, c'est de la paperasse. Nous passons en A3, en A4 mais quel est le contenu financier de tout cela ? Et c'est ce qui devrait être déterminé, selon l'article 16 de l'arrêté, de concert avec le ministre des finances et ce, au plus tard le 31 août. Voici le blocage. Qu'est-ce que nous gagnons concrètement ? Voici la question. Or nous voulons être dans le budget de 2009 comme tous les autres fonctionnaires de l'Etat de Côte d'Ivoire qui ont eu leur décret signé par le président et qui seront pris en compte à partir de janvier 2009. Mais nous ne comprenons pas qu'on nous fasse traîner et on nous oblige contre notre gré, à bloquer l'école ivoirienne. On attend la détermination de nos nouvelles grilles de salaire.

Votre ministre vous oriente plutôt vers le ministère des Finances
En vérité, c'est notre ministre qui fait le blocage. A première vue, on pense que c'est l'Economie et des finances. Mais c'est notre tutelle. C'est à la tutelle de nous donner les raisons pour lesquelles les choses traînent et d'avoir un ton apaisant et non celui que le ministre de l'Education nationale a. On a fait 3 jours d'arrêt de travail. C'est normal selon la loi qu'on ne nous paye pas les trois jours. Mais de là, à prendre la moitié du salaire, nous disons que c'est du sadisme. C'est pourquoi, dès la rentrée, nous allons faire des ponctions de chapitres à hauteur de deux (2) semaines. En plus de cela, il y aura un arrêt effectif de travail. La coordination ne va pas se laisser faire. Nous sommes même prêts pour la radiation, c'est d'ailleurs de coutume pour la République.
Interview réalisée par Jean Prisca

Coll : Djè. K. M

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