mardi 11 novembre 2008 par Le Patriote

Elle a toujours eu de l'admiration pour celle qu'elle considère comme sa tutrice artistique, sa marraine Miriam Makéba. Aïcha Koné, ayant appris le décès de celle dont elle a toujours interprété les chansons, a accepté de témoigner, à chaud, sur la vie de la défunte. Le Patriote : Vous êtes la filleule de Miriam Makeba, que tout le monde entier pleure ce jour. En pareilles circonstances, dans quel état d'esprit vous trouvez-vous ?
Aïcha Koné : C'est une grande perte pour le monde culturel. Makeba n'était pas une simple chanteuse. C'est une guerrière qui est tombée les armes à la main. Myriam a vraiment combattu l'Apartheid. C'était une citoyenne du monde. A travers sa voix, c'était un exemple qui m'a permis d'apprendre à aimer mon pays, à aimer ma culture. Myriam était une bonne "école".
LP : Comment s'est faite votre première rencontre ?
A.K. : Moi, j'aimais Myriam, j'aimais beaucoup interpréter ses chansons au début de ma carrière. Et puis M. Ben Soumahoro, alors Directeur de la télévision; m'a mise en contact avec elle, lorsqu'elle était venue, à l'invitation du Président Houphouët-Boigny, pour un gala. J'étais encore choriste dans l'orchestre de la RTI. C'était en octobre 1978. Depuis lors, nous avons gardé de bons contacts. J'allais souvent la voir en Guinée et le Président d'alors, Sékou Touré, avait organisé un gala où je devais jouer et il a demandé à Myriam d'être la marraine. Elle était dans les coulisses et me prodiguait des conseils sur la tenue vestimentaire, la tenue sur scène. C'était vraiment la maman.
LP : Sur le plan humain, que retenez-vous d'elle ?
AK : En Guinée, il y a une "fondation Myriam Makeba". Parce qu'elle se battait aussi pour que les femmes soient bien vues au premier plan de la société. Elle a démontré que la femme, autant que l'homme, peut se battre. C'est une combattante. Quand elle vivait en Guinée, elle a représenté ce pays aux Nations Unies. Makéba était un modèle pour nous, elle a été la première femme africaine à obtenir le "Gramming Award" avec Harry Belafonte. Makéba était une référence.
LP : En tant que sa filleule, que comptez-vous faire pour perpétuer sa mémoire ?
AK : Je vais voir Je viens d'apprendre, à chaud, la triste nouvelle. Myriam, je la suivais même quand elle était en Guinée et qu'elle a perdu sa fille. Lorsque j'y allais, je vivais pratiquement chez elle. En tout cas, elle m'a appris à aimer mon pays et quand il y a eu la crise ici, j'ai aussi élevé la voix pour appeler à la paix, à l'amour et à la réconciliation, j'ai tiré tout cela de Myriam.
LP : Il y a peu, c'est Brenda Fassi qui tirait sa révérence, ensuite Luky Dube et aujourd'hui Makeba. Peut-on penser que c'est le sort qui s'abat sur les grosses têtes de la musique sud-africaine ?
AK : Non ! Je suis très croyante. C'est ce qui devait arriver. Il y a des gens qui meurent tous les jours, dans la société. Ce n'est pas une malédiction, ce sont des êtres humains, la différence est que ce sont des êtres très connus.
Par Jean- Antoine Doudou

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023