jeudi 6 novembre 2008 par Le Nouveau Réveil

Monsieur AFFI N'GUESSAN,
"Le nouveau réveil" du vendredi 31 octobre 2008 a rapporté vos propos tenus à la "Sorbonne" du plateau : " (..)Nous ici, c`est ce qui nous arrange qu`on prend, c`est ce qui nous arrange qu`on fait. S`ils continuent à semer le cafouillage dans l`enrôlement, si les membres issus du RHDP ne se résolvent pas à jouer le jeu de la neutralité, de l`impartialité, le jeu de la République, tant pis pour eux. Si nous avons toléré ça depuis l`accord de Pretoria, c`est parce que nous avons fait confiance au bon sens de tous ceux qui vont être désignés pour siéger dans cette commission en nous disant qu`après tout ce sont des Ivoiriens, ils vont travailler dans l`intérêt de la Côte d`Ivoire. Mais s`ils sont là-bas pour mélanger les choses, il faut qu`ils se souviennent que le FPI est toujours là, que les agoras et les parlements sont toujours là, que les milices et les groupes d`auto défense sont toujours là et que si on ne fait plus de bruits ce n`est pas parce qu`on est mort, mais on regarde, on veille et on réagira si eux là, ils agissent contre les intérêts de notre pays, contre les intérêts du processus électoral ".Tels sont rapportés vos propos dans le journal. Votre revendication des milices et autres groupes d'auto défense nous a fortement interpellés. Notre constitution exprime dans son préambule son profond attachement aux institutions et valeurs démocratiques. Elle le confirme dans son article 13 en ses termes : " Les partis et groupements politiques se forment et exercent leurs activités librement sous la condition de respecter les lois de la République, les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Ils sont égaux en droits et soumis aux mêmes obligations. " Par ailleurs, en son article 24, il est écrit : " La défense de la Nation et de l'intégrité du territoire est un devoir pour tout ivoirien. Elle est assurée exclusivement par des forces de défense et de sécurité nationales dans les conditions déterminées par la loi. ". Nous avons jugé nécessaire de vous rappeler ses textes fondamentaux, que vous semblez ignorer, pour éveiller votre conscience, si tel n'est pas le cas, sur les propos gravissimes que vous prenez plaisir à tenir ces derniers temps dans les agoras et autres espaces publics d'Abidjan. Aussi tenons-nous à vous rappeler que la constitution Ivoirienne demeure sacrée, en dépit des profanations conjoncturelles dont elle fait l'objet. Vous revendiquez, contrairement aux lois fondamentales de la République, la présence des milices et des groupes d'auto défense, vous les mobilisez pour des futurs " combats " et annoncez leur célébration prochaine. Nous voulons ici dénoncer et condamner le sens ignoble de vos propos, indignes d'un président de parti politique dans un Etat démocratique. Vous pensez qu'il faille célébrer des groupes armés illégalement constitués et non les forces de défense et de sécurité qui, par leur bravoure, ont évité le chaos à la Côte-d'Ivoire depuis le 19 Septembre 2002. En revendiquant les milices, en violation grave de la constitution et des lois de la République, vous affirmez que vous êtes responsable et complice de toutes les exactions et violations des droits de l'homme commises par elles. En revendiquant les milices, vous voulez traduire le fait en droit et non le droit en fait. En traduisant arbitrairement le fait en droit, vous pensez qu'il faille que chaque parti politique en Côte-d'Ivoire ait une milice pour défendre ses intérêts privés et égoïstes, étant donné que constitutionnellement tous les partis sont " égaux en droits et soumis aux mêmes obligations". Par la création tous azimuts de milices que tous pourront revendiquer, vous voulez plonger la Côte-d'Ivoire dans le chaos qui lui a été évité depuis le 19 Septembre 2002. Ainsi vous voulez nous produire le schéma de la guerre civile congolaise de 1997 provoquée par les milices politiques Ninjas et Cobras. Vous pensez qu'après la conquête démocratique du pouvoir, le FPI ne peut le conserver que par des méthodes antidémocratiques, en l'occurrence par des milices, symboles de la terreur. Par votre attitude, vous nous apprenez que le FPI est devenu un parti voyou qui, méprisant la constitution, les lois de la République et ayant en sa défaveur la loi de la majorité, s'active à employer des méthodes terroristes pour imposer sa loi au peuple souverain de Côte-d'Ivoire, pour troubler la petite parcelle de " paix " qui lui reste. Vous voulez substituer à la force de l'argument l'argument de la force. Vous n'ignorez sans doute pas que la force ne fait pas droit et que " Le plus fort, disait Rousseau, n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. " Et nous pensons que vous êtes prêt à assumer les conséquences sociales et judiciaires de vos propos. Monsieur Affi N'guessan, en revendiquant les milices, vous " légitimez " la rébellion du MPCI. Car vous jugez nécessaire d'user des armes et de la terreur pour défendre des idées ou une cause en Côte-d'Ivoire, fussent-elles nobles, au mépris de l'Etat de droit, de la vie des Ivoiriens et de toutes les personnes vivant en Côte-d'Ivoire. Votre attitude traduit le sadisme et l'hypocrisie de tous ces " politiciens " ivoiriens qui ne sont pas prêts à mettre un terme aux souffrances du peuple, par le respect de la démocratie, la bonne gouvernance et la bonne gestion des affaires publiques. Tous ces " politiciens " veulent la paix et pourtant aucun ne veut désarmer ! Le peuple Ivoirien a déjà assez souffert de cette crise et n'est pas prêt à supporter les calamités d'une guerre civile dont vous êtes le porte-flambeau. Vous êtes un ennemi de la paix sociale. Et dans un Etat de droit, tous ces milices et groupes d'auto défense dont vous faites l'apologie doivent être démantelés et les propos gravissimes que vous tenez doivent vous conduire devant les tribunaux. Quand vos propos auront produit leurs effets tragiques, ne vous précipitez pas pour monter dans le premier avion, afin de vous mettre loin à l'abri. Ayez le courage de vous présenter sur le champ de bataille. Notre devoir de citoyen, notre zèle patriotique, notre attachement à la démocratie et notre responsabilité politique ne nous autorisent pas à garder le silence face à des énormités rétrogrades. Nous avons donc jugé nécessaire de vous écrire pour vous dire de vous ressaisir, afin de reprendre les rails de la démocratie, et pour attirer par la même occasion l'attention des ivoiriens sur la dangerosité de vos propos. Nous pensons que vous accorderez de la considération à cette lettre dans l'intérêt supérieur de la Nation.
Par BOBIA Florentin (Secrétaire national du COPACI)

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