mercredi 5 novembre 2008 par Le Patriote

Et revoilà les tracasseries ! Ado parle, Gbagbo censure. Depuis trois jours, les lecteurs de l'hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, piaffent d'impatience de lire le dernier numéro en date, dont l'évènement majeur est l'interview vérité du président du Rassemblement des Républicains, Alassane Dramane Ouattara. Attendu depuis lundi en Côte d'Ivoire, après sa parution à Paris dimanche, le journal est invisible dans les kiosques et chez les revendeurs. Joint par nos services, hier, en début d'après midi, la direction de Jeune Afrique a été formelle : le journal est à Abidjan depuis dimanche. Avant d'ajouter que les exemplaires sont bloqués à la Douane. Une information confirmée par Edipresse, la société de distribution des journaux. L'interrogation majeure est de savoir pourquoi la Douane adopte pareille attitude, quand on sait que les journaux ne sont pas astreints de droits de douane. La question est d'autant plus d'actualité, qu'avant Ouattara, des leaders politiques et non des moindres ont parlé dans le même organe sans que cela ne suscite pareille contrainte. Visiblement, la douane a reçu des consignes pour se comporter de la sorte. Véritablement, la censure sent à mille lieues. Qui peut bien avoir intérêt à bloquer la distribution de ce journal et à empêcher les Ivoiriens de lire l'entretien du leader des républicains, si ce n'est le régime en place ? Pourquoi, est- ce maintenant que la douane décide de bloquer l'hebdomadaire ? S'agit-il d'atténuer la portée du message et surtout des propositions de sortie de crise et de bonne gouvernance, qui font défaut à la refondation ? Les vieux démons de la peur de la démocratie et de la compétition sont-ils de retour à quelques mois de la présidentielle. Tout porte à le croire, dans la mesure où depuis un moment, l'opposition et principalement le Rassemblement des Républicains est l'objet de censure de la part de la télévision nationale. En février dernier, son deuxième congrès ordinaire avait été royalement ignoré par le RTI, si la cérémonie n'a pas été carrément inondée par des commentaires mal à propos. Ensuite, est venue la convention du 4 octobre dernier. Là encore, la télévision a repris son jeu favori. Elle n'a accordé que quelques petites minutes à ce conclave des républicains, quand au même moment, elle faisait la part belle à un meeting de Blé Goudé Charles et de Laurent Dona Fologo. Il en est ainsi depuis le coup d'Etat de Brou Amessan à la RTI. A présent, c'est l'interview du président Ouattara qui est l'objet de censure. Même si le journal paraît aujourd'hui, comme l'a dit une source, force est de reconnaître que la liberté d'expression et d'opinion a été embrigadé par ce régime qui parle à longueur de journée de démocratie et de liberté mais qui est toujours en conflit avec ces valeurs. La preuve est manifeste que Ouattara fait peur au pouvoir dont il est devenu l'épouvantail depuis la présentation de son programme de gouvernement, qui donne le tournis à tous ses adversaires. Tant ses thérapies sont réelles et applicables pour son pays, laminé et malmené par huit ans de gestion alambiquée, chaotique et abyssale. Ils ont donc décidé de sortir l'arme sans gloire de la censure, qui vient montrer si besoin en est encore que le président Ouattara est l'homme de la situation, la solution aux problèmes qui minent la Côte d'Ivoire.

Bakary Nimaga

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